Ceux qui avaient fini par croire à la fatalité de la corruption électorale en sont pour leur pessimisme. Sous l'impulsion effective des ministères de la Justice et de l'Intérieur, la chasse aux élus véreux a abouti à des procès et des condamnations. Il faut continuer, estiment les internautes familiers de notre portail. «La justice doit continuer à sévir contre les élus corrupteurs !» Dans la tradition des sondages ALM, nous avons demandé aux internautes habitués de notre portail leur avis sur la campagne d'assainissement de la vie politique, entreprise à la veille des élections à la Chambre des conseillers. Exceptionnellement nombreux à voter, vous étiez 3963 internautes, recensés au 21 décembre, à estimer à une écrasante majorité de 94,5 % des voix que cet assainissement devait se poursuivre. Il n'y a eu que 4 % des votants pour estimer que cette campagne devait cesser, tandis que 63 internautes ne se sont pas prononcés. C'est donc un retentissant « Non aux élus pourris ! » qui ressort de ce sondage. Cela traduit de façon éloquente le ras-le-bol généralisé des citoyens face à des pratiques fortement préjudiciables à la réussite de la transition démocratique engagée depuis quelques années. En effet, plusieurs tribunaux ont condamné récemment un certain nombre de conseillers ainsi que des députés et des conseillers communaux, ces derniers ayant joué le rôle d'intermédiaires dans des opérations d'achat de voix. Il s'agissait là de la concrétisation de la circulaire conjointe des ministères de la Justice et de l'Intérieur, rendue publique à la veille des élections, le 8 septembre dernier, à la Chambre des conseillers. Quant à la mise en œuvre de cette circulaire sur le terrain, elle s'était effectuée sous la supervision du Parquet. C'est d'ailleurs ce qui avait permis aux services concernés d'obtenir l'autorisation de placer sur écoutes téléphoniques les conseillers et députés suspects et finalement de les confondre. Ils seront ainsi près d'une quinzaine, entre conseillers et députés, à comparaître devant la justice dans le cadre du dernier scrutin partiel. Les conseillers concernés ne pourront donc pas assister à l'ouverture des travaux du Parlement, présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ils avaient aussi, sur décision de la Justice, été interdits de quitter le territoire de leur ville de résidence. Non contents de ne prendre aucune mesure disciplinaire à l'encontre de ces fraudeurs, leurs partis respectifs s'étaient élevés contre les poursuites en question en les qualifiant de «sélectives» et «contre-productives». Au-delà des polémiques, il s'avère que les jugements prononcés ont permis de mettre à jour un paradoxe troublant : les mêmes acteurs politiques qui réclament que l'Etat se montre plus sévère à l'égard des élus véreux, protestent lorsque cette sévérité finit par s'exercer.