Mohamed Fadili, secrétaire général-adjoint du Mouvement populaire qualifie les procès contre les conseillers sont contre-productifs. Le premier vice-président de la deuxième Chambre estime que ce n'est pas la meilleure manière de réhabiliter les institutions et la politique. ALM : Quel commentaire faites-vous, au Mouvement populaire, sur la condamnation de Abdelaziz Chraïbi ? Mohamed Fadili : D'abord, nous regrettons ce genre de procès, la manière dont ils ont été initiés et la façon dont ils se terminent. Abdelaziz Chraïbi et les personnes poursuivies avec lui n'ont pas été arrêtés en flagrant délit lors de la campagne électorale qui a précédé le scrutin du 8 septembre 2006. Il s'agit d'élus qui ont gagné des élections et l'invalidation de ces dernières est du ressort du Conseil constitutionnel. D'autre part, on parle beaucoup de corruption et de fortune alors que partout dans le monde, la richesse est devenue l'un des critères de popularité. Ces procès entrent dans le cadre de ce que j'appellerais une nouvelle forme de terrorisme. Etes-vous donc toujours solidaires du conseiller condamné à Béni-Mellal ? Nous sommes solidaires non pas uniquement avec Abdelaziz Chraïbi, mais aussi avec tous les élus qui ont fait les frais de ces procédures. Ce sont d'ailleurs des procédures qui ne donneront aucun résultat vu que la corruption s'est enracinée dans les mœurs politiques. Sinon, pourquoi la justice ne poursuit-elle pas les 25.000 élus communaux qui forment la base électorale consultée lors du dernier scrutin. Nous ferons appel de ce verdict car nous ne voulons pas que Abdelaziz Chraïbi et les élus qui se trouvent dans la même situation que lui soient des boucs émissaires. Pourquoi le MP et le Parti de l'Istiqlal sont-ils les seuls à parler de "caractère sélectif" des poursuites engagées après le 8 septembre 2006 ? Je ne dispose pas d'assez d'éléments pour répondre à cette question, mais nous sommes contre le traitement qui a été réservé aux conseillers et représentants poursuivis par la justice. Nous ne savons toujours pas exactement les conditions et les critères de leur arrestation. Ce que je peux toutefois vous assurer, c'est que ce n'est pas la meilleure manière d'encourager la participation politique dans notre pays. Ces poursuites pourraient dissuader beaucoup de compétences et de notabilités de s'impliquer dans le processus électoral et c'est la politique et le pays qui sortiront perdants. Les partis ne devraient-ils pas assumer leur part de responsabilité ? Pourquoi les conseillers poursuivis sont tous issus de la majorité gouvernementale ? La responsabilité incombe effectivement aux partis politiques dont nous faisons partie. Il est de leur devoir de s'élever contre ce genre de procédures et d'arrêter l'hémorragie. D'un autre côté, l'Etat, grâce à ses moyens, sait comment se déroulaient les élections au Maroc depuis cinquante ans. Aujourd'hui, si l'on suit la logique adoptée pour poursuivre un groupe de représentants et de conseillers, il faudra alors invalider l'élection des 90 conseillers issus du scrutin du 8 septembre 2006. Tout le monde, et c'est de notoriété publique, se fait élire de la même manière et selon les mêmes critères. Qui peut assurer que les élections de la première Chambre se sont déroulées dans la transparence la plus totale ? Nous savons tous que les élections au Maroc, c'est d'abord une débauche de moyens pour l'organisation de festins et de fêtes. Il faut rétablir la confiance en les élus et dans les institutions. Ces procès ne sont pas la meilleure manière de le faire. Ils sont contre-productifs. Chraïbi, Mekkaoui, Talmoust et les autres Abdelaziz Chraïbi, élu conseiller MP le 8 septembre dans la région Tadla-Azilal, a été condamné (tard dans la nuit de lundi) à un an de prison ferme assorti d'une inéligibilité de 10 ans et une amende de 50.000 DH. Le même verdict (prison et amende) a été prononcé contre huit de ses complices dans les pratiques qui sont reprochées à la veille du scrutin. Abdelaziz Chraïbi est en outre poursuivi dans le cadre du procès d'un autre conseiller : l'istiqlalien Abdellah Mekkaoui. Ce deuxième procès a été ajourné, hier mercredi, pour le 27 novembre prochain. Ce jeudi 23 novembre 2006, c'est encore le PPS Mohamed Talmoust (maire de Kénitra) qui revient devant le tribunal de première instance de cette ville. La même procédure concerne le RNI Omar Mohhib (Safi) et le MP Mohamed Mohaddib (El Jadida). Au total, ils sont près d'une quinzaine, entre conseillers et députés, à comparaître devant la justice en relation avec le dernier scrutin partiel. Les conseillers concernés, rappelons-le, n'avaient pas pu assister à l'ouverture des travaux du Parlement, présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ils avaient, sur décision de la Justice, a été interdits de quitter le territoire de leur ville de résidence. Les partis politiques dont ils relèvent n'ont à ce jour pris la moindre mesure disciplinaire à leur encontre et ce malgré la demande des militants, par exemple, de l'USFP, du Parti de l'Istiqlal et de l'USFP. Les deux premiers partis (en plus du MP) ont plutôt reproché à la Justice le "caractère sélectif" des poursuites engagées après le 8 septembre 2006. C'est encore la teneur des propos tenus, récemment, par Abbas El Fassi. Le Parti de l'Istiqlal, parti de l'actuelle majorité gouvernementale, arrive en tête des poursuites engagées contre les élus avec trois conseillers et deux députés. Les partis concernés semblent avoir pris à la légère le contenu des circulaires conjointes signées par Chakib Benmoussa et Mohamed Bouzoubaâ. Ils paient les pots cassés au bonheur d'un certain PJD. • M.B mailto:[email protected]