De retour d'une mission au CongoBrazzaville et au Ghana, Nabil Benabdellah revient sur les résultats de ce déplacement et réagit à la décision de Nairobi de ne plus reconnaître la RASD. ALM : Pourrez-vous nous faire le bilan de vos déplacements au Ghana et au Congo-Brazzaville ? Nabil Benabdellah : c'est un bilan très positif dans la mesure où cette visite m'a permis de prendre contact avec les ministres des Affaires étrangères de ces deux pays et, au-delà des discussions sur les relations bilatérales, d'expliquer les développements de notre question nationale. Le Ghana et le Congo-Brazzaville sont des membres non permanents du conseil de sécurité de l'Onu et j'ai trouvé auprès des deux pays une très forte compréhension à l'égard de la légitimité de notre cause et de la validité de la solution que nous préconisons et qui est basée sur le principe de l'autonomie. Le Kenya vient de retirer sa reconnaissance de la RASD. Pourrait-on s'attendre au début d'un nouveau processus de désaveux pour Alger et le Polisario ? Je ne sais pas si c'est le début d'un processus, mais, ce qui est sûr c'est que cela a commencé depuis plusieurs années déjà. Près de 35 pays, de différents continents, ont retiré ou gelé leur reconnaissance de la RASD. Le Kenya est un pays important en Afrique et il apparaît, de plus en plus aujourd'hui, que cette tendance devrait être confirmée par d'autres actes similaires de pays qui comprennent, petit à petit, la nécessité d'une solution politique et globale. Le Maroc va continuer de travailler d'arrache-pied dans ce sens. La diplomatie algérienne a été prise à partie par la presse de ce pays après l'initiative du Kenya. Peut-on parler d'une nouvelle "escalade", sur le plan diplomatique en Afrique notamment, entre Rabat et Alger ? En tout cas, il y a lieu d'être extrêmement vigilants, extrêmement présents et très réactifs car nous avons en face de nous, en Algérie, un appareil diplomatique obstiné et rôdé depuis plusieurs années à contrer les aspirations légitimes du peuple marocain. Qu'en est-il alors du retour du Maroc au sein de l'Union africaine comme cela avait été demandé par plusieurs pays en Afrique ? Le retour officiel du Maroc à l'Union africaine ne peut se faire que si les raisons, inacceptables par ailleurs, qui ont mené au retrait du Royaume disparaissent, à savoir la présence d'une république fantoche au sein de cette organisation en flagrante contradiction avec le principe de l'autodétermination. Le Maroc, comme il l'a fait à Banjul en Gambie, sera systématiquement présent en marge des différentes rencontres de l'Union africaine. Outre le fait que le Maroc, grâce aux louables initiatives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, développe aujourd'hui une politique africaine soutenue tant du point de vue multilatéral que sur le plan des relations bilatérales comme en témoignent les nombreuses visites officielles que Sa Majesté a effectuées dans plusieurs pays du continent africain.