A l'approche des premières législatives mauritaniennes depuis l'arrivée au pouvoir des putschistes, plusieurs partis montent au créneau pour dénoncer «l'ingérence» de l'armée dans «le jeu politique». Ould Vall a-t-il manqué à ses engagements sur la «neutralité» de l'armée dans «le jeu politique» mauritanien ? Les partis, ainsi qu'un collectif de plusieurs ONG mauritaniennes, accusent l'entourage de l'actuel président «d'ingérence» dans les élections législatives et municipales qui se dérouleront le 19 novembre 2006. A l'approche de ces échéances électorales, - les premières après le putsch qui a renversé sans effusion de sang le président Maaouiya Oulad Taya en août 2005-, le face-à-face avec le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) risque de prendre une tournure encore plus musclée. Vingt-deux partis ont annoncé lundi avoir créé un rassemblement appelé « Forum national pour la défense de la démocratie » en vue de contrer « l'intervention » de la junte au pouvoir dans le jeu politique. Dans un communiqué, ce regroupement, qui compte plusieurs partis de l'ancienne majorité présidentielle et l'écrasante majorité de l'ex-opposition à l'ancien régime, accuse le colonel Ould Vall de favoriser «les candidatures indépendantes» de certaines notabilités. En juin dernier, les candidatures indépendantes ont été autorisées par une loi controversée. Le texte de cette loi avait été vivement critiqué par les partis de l'ancienne opposition. Le Parti républicain démocratique pour le renouveau (PRDR), au pouvoir jusqu'au coup d'Etat du 3 août 2005 sous le nom de Parti républicain, démocratique et social (PRDS), vient de mettre fin à sa «discrétion» en reprochant à son tour au président Ould Vall d'avoir violé le principe de «neutralité». Même son de cloche au sein des ONG mauritaniennes. Dans un communiqué rendu public samedi dernier, le Forum des organisations nationales des droits humains (Fonadh) a accusé la junte de vouloir «confisquer» le processus démocratique et d'être à l'origine d'une «dérive préjudiciable à la stabilité». Dans le même communiqué, le collectif a dénoncé le refus du gouvernement de transition d'examiner le dossier des violations des droits de l'Homme et d'organiser le retour des déportés, mettant en garde contre le retour des «pratiques occultes» : «nominations complaisantes» et «réflexes d'entente tribale». En réaction à ce «déluge» de critiques, le chef de l'Etat mauritanien, M. Ould Vall, s'est défendu de «toute intervention» dans «le processus politique» en cours réaffirmant la «neutralité» du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) et sa volonté de respecter le calendrier électoral et la volonté du peuple. Dans un discours à la nation à l'occasion du début du Ramadan, le président s'est engagé, une nouvelle fois, à assurer le «respect scrupuleux du calendrier électoral et des résultats des urnes». Reste que cette «profession de foi» n'est pas entendue de cette oreille. En plus de la levée de boucliers au sein de la classe politique et des acteurs de la société civile, de plus en plus de voix s'élèvent à l'étranger pour dénoncer une «déviation» des promesses du président Ould Vall. A la veille de sa visite à Paris, mardi, la première depuis son putsch «blanc», le président s'est vu rappeler à ses engagements par le Quai d'Orsay sur «la neutralité» de l'armée «dans le jeu politique» mauritanien.