Près d'une quarantaine de non-voyants chômeurs ont tenté de s'immoler par un produit inflammable, mercredi 12 juillet, en guise de protestation. Ces diplômés réclament leur droit au travail. Près d'une quarantaine de personnes non-voyants, hommes et femmes, ont tenté mercredi 12 juillet de s'immoler par un produit inflammable sur la place Méllilia près du jardin Nouzhat Hassan, à Rabat. Ce sont des diplômés chômeurs ayant des licences en différentes disciplines qui réclament leur droit au travail. Réunis en association portant le nom du "Groupe national indépendant des non-voyants en chômage", ils protestent contre l'indifférence des départements concernés à l'égard de leur situation. Chacun d'eux tenait dans une main une bouteille contenant le produit inflammable et dans l'autre main un briquet. Ils se sont attachés par des chaînes et se sont aspergés d'essence. La police a déjoué la tentative de ce suicide collectif. En effet, les forces de sécurité se sont intervenues pour empêcher l'irréparable. Toutefois, certaines personnes ont ingurgité une grande partie du produit et ont été évacuées à l'hôpital Avicenne de la capitale. Certaines d'entre elles sont dans un état grave. Selon une source policière, elles sont toujours hospitalisées jeudi 13 juillet dans cet établissement sanitaire. Elles ont échappé de justesse à la mort. «Nous sommes désespérés. Nombreux sont ceux qui frôlent la quarantaine et ils n'ont pas un emploi pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Nous sommes des diplômés ayant des licences en études islamiques, en littérature et en langue espagnole, entre autres. Nous voudrons uniquement un travail pour vivre dignement», s'indigne Rédouane Chayeb, coordinateur du Groupe national indépendant des non-voyants en chômage. Ce jeune chômeur a obtenu sa licence en Chariâ islamique en 2001 et depuis il frappe toutes les portes en vain. Driss Kouch, un autre jeune non-voyant diplômé, avait rejoint le mouvement de protestation après de vaines tentatives pour trouver un emploi. «Nous demandons uniquement un emploi. Est-ce trop demander au gouvernement?», ajoute-t-il. Cette tentative de suicide n'est pas la première. Ils ont déjà effectué plusieurs tentatives pour inciter les départements concernés à prendre une démarche positive à leur faveur. «Nous avons frappé aux portes de tous les ministères, de l'Emploi, des Finances, de la Solidarité sociale, entre autres. Nous avons également demandé l'aide des partis politiques. Et même du Premier ministre. Nos missives sont restées sans suite», indique M.Chayeb, qui a tenu à souligner qu'ils sont prêts à récidiver si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Un autre renchérit : «Ce n'est pas possible que des non-voyants sont maintenus dans le chômage alors que le Maroc connait une dynamique sociale indéniable». Les ministères censés s'occuper des affaires des handicapés sont fortement interpellés. «Dès qu'il s'agit d'un problème concret touchant la vie de cette catégorie vulnérable des citoyens, le gouvernement devient subitement démuni», explique un acteur associatif. Il ajoute : «c'est scandaleux d'en arriver là et laisser des non-voyants dans une misère matérielle et morale indescriptible».