A quelques jours de la sortie de son livre, «Les mosquées de Roissy», Philippe de Villiers, le chef de file souverainiste s'en prend à l'Islam. D'après lui, l'Islam est «incompatible avec la République». Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, dit Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF), asile de l'extrême droite, continue sur sa lancée : au référendum sur la Constitution européenne, il a agité le spectre turc, une stratégie qui a crédibilisé à droite sa position. Et maintenant il s'en prend à l'Islam espérant pouvoir doubler le Front National sur sa droite. Dans son dernier livre «Les mosquées de Roissy», qui sortira cette semaine, Philippe de Villiers affirme que des employés aux opinions radicales ont infiltré les différents services des grands aéroports, menaçant la sécurité du transport aérien. Le député européen va encore plus loin dans son «analyse villierienne». D'après lui « l'Islam n'est pas compatible avec la République». «Je crois que l'Islam n'est pas compatible avec la République », en raison de « trois principes : l'ouma, la charia, et enfin le djihad », a dit de Villiers, invité dimanche soir du Grand rendez-vous Europe1-TV5Monde-Le Parisien/Aujourd'hui en France. « Je pense qu'il y a des Musulmans modérés, c'est même l'immense majorité. Je ne crois pas qu'il y ait un Islam modéré, » a-t-il ajouté. Le président du MPF, candidat à la présidentielle de 2007, est longuement revenu sur son livre intitulé «Les mosquées de Roissy». Il a assuré que les rapports sur lesquels il s'appuie sont «absolument authentiques». Selon une note des RG de janvier 2006, publiée en annexe de son livre, « au sein de certaines sociétés de bagagistes, comme la société CBS (Connecting bag services, sise à Tremblay-en-France), les employés sont majoritairement musulmans et sont organisés sur des bases ethniques et religieuses, selon un système de type mafieux». La note montre également que CBS et d'autres sociétés de bagagistes comptent dans leurs rangs des « individus connus pour leur appartenance ou proximité avec les mouvances islamistes », notamment Les Frères musulmans. Cependant, Pascal Mailhos, directeur central des RG, a déclaré ne pas reconnaître la «paternité» de cette note qui sans nul doute fait partie des documents «authentiques» sur lesquels Philippe de Villiers s'est basé pour écrire son livre. M.Mailhos avait exprimé ce propos dans une note adressée vendredi au cabinet du ministère de l'Intérieur, a révélé «Le Monde». Selon le quotidien, M.Mailhos a souligné «plusieurs incohérences flagrantes, sur le fond et sur la forme», notamment l'absence d'en-tête, des propos qui ne correspondent pas au langage de ses services ou des inexactitudes, comme la mention du PKK turc, alors que l'organisation est kurde. Pour sa part, Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman et recteur de la grande Mosquée de Paris, a dénoncé lundi « la caricature outrée et outrancière » de l'Islam. « C'est extrêmement grave, c'est la sécurité de Monsieur Tout Le Monde, qu'on soit musulman ou non, chacun prend des avions », a-t-il souligné, « nous sommes dans la situation de demandeurs de vérité sur cette affaire au même titre que tout citoyen français ». En tout cas, cette attaque démesurée de Philippe de Villiers contre l'Islam n'est autre qu'une manœuvre politique de bas niveau. Objectif : préparer le terrain pour sa campagne électorale tout en coupant l'herbe sous les pieds de Jean-Marie Le Pen. Philippe de Villiers n'en est pas à sa première déclaration à caractère islamolophobe. Plusieurs associations ont déposé plainte contre lui pour incitation à la haine raciale suite à des propos tenus le 16 juillet 2005 sur TF1. Le président du MPF avait, entre autre, déclaré que «L'Islam est le terreau de l islamisme et l'islamisme le terreau du terrorisme ». Le créateur du spectacle du Puy du Fou fait partie, aujourd'hui, de cette droite nouvelle qui, au nom d'un parler vrai sur les banlieues et la «haine de l'Occident», cautionne les dérives de l'actuelle majorité, au risque d'aggraver les fractures de la société française.