La Grande-Bretagne a fait part à la Syrie de sa « préoccupation» concernant sur les armes de destruction massive, apprend-on à Londres, qui n'a pas confirmé des informations sur une pression tripartite qui serait exercée sur Damas. Au même moment, les Etats-Unis demandaient à la Syrie, qu'ils qualifient d' « Etat voyou » de « faire preuve d'intelligence» et de suivre l'exemple de la Libye. La même démarche est observée à l'égard de l'Iran et de la Corée du Nord, qui héritent du même qualificatif que la Syrie. « Nous espérons qu'ils (Syrie, Iran, Corée du Nord) suivent tout cela, et se rendent comptent que les autres deviennent intelligents et qu'il est temps pour eux de devenir également intelligents », a déclaré le secrétaire d'Etat Colin Powell dans une émission radiophonique animée par Michael Reagan, le fils de l'ancien président Ronald Reagan. Le secrétaire d'Etat, qui attribue le revirement libyen à un mélange approprié de diplomatie et de pression militaire de l'Administration Bush, a ajouté qu'il entendait continuer à utiliser ces deux armes : « La force et la diplomatie, il faut les marier et user de chacune au service de l'autre. « Bien sûr, nous appliquons aux Syriens notre engagement critique en soulevant des sujets de préoccupation, y compris en ce qui concerne les armes de destruction massive et la prolifération », a affirmé de son côté un porte-parole du Premier ministre britannique. « La baronne Symons (secrétaire d'État aux Affaires étrangères, déléguée au Commerce et chargée du Moyen-Orient) s'est rendue en Syrie au début du mois pour des discussions », a indiqué le porte-parole. En revanche, « nous ne pouvons pas confirmer l'existence d'une initiative commune », de concert avec la France et l'Allemagne, pour faire pression sur la Syrie sur les ADM, le terrorisme et l'Irak, a ajouté le porte-parole, en référence à des informations rapportées par le « Guardian ». Le quotidien londonien relevait que cette « initiative tripartite » intervenait au moment où la Syrie se retrouve plus que jamais sur la sellette, après l'annonce par la Libye de renoncer aux ADM. « L'Union européenne négocie avec la Syrie un accord d'association, lequel l'exhorterait à répondre aux motifs d'inquiétude de la communauté internationale si elle veut revenir à une coopération plus étroite avec l'UE », a ajouté le porte-parole de Downing Street. En tous cas, « les discussions se poursuivront dans le cadre de l'UE», a-t-il souligné. Le « Guardian, » estimait aussi que si la démarche « tripartite » en question débouchait sur une issue positive, le chef de la diplomatie britannique Jack Straw et ses homologues allemands (Joschka Fischer) et français (Dominique de Villepin) pourraient alors se rendre ensemble à Damas comme ils l'ont fait à Téhéran en octobre. « Il n'est pas question, à ce stade, d'une telle visite commune », a souligné le porte-parole de Downing street. Rappelons que les autorités libyennes avaient créé la surprise en annonçant vendredi qu'elles renonçaient à leurs programmes d'ADM et qu'elles allaient autoriser des inspections pour preuve de leur bonne volonté. Mouammar Kadhafi est allé jusqu'à encourager la Corée du Nord, l'Iran et la Syrie, suspectés d'avoir des armes nucléaires, à suivre la voie tracée par la Libye, au cours d'une interview sur CNN. « À mon avis, ils devraient suivre la voie de la Libye, prendre exemple sur la Libye », a déclaré le colonel Kadhafi. « Ainsi, ils éviteraient qu'une tragédie soit infligée à leur propre peuple », a-t-il ajouté. Selon le leader libyen, une telle démarche « resserrerait le nœud autour des Israéliens ». Interrogé sur les images diffusées après la capture de Saddam Hussein le 13 décembre par les troupes américaines, Mouammar Kadhafi a estimé que cela ne pouvait que créer de la sympathie envers le président irakien. Il a réfuté la thèse selon laquelle sa décision de renoncer aux ADM était liée à la chute de Saddam. Au cours de l'interview, le dirigeant libyen a affirmé que son pays ne possédait pas les armes qu'on l'accuse d'avoir. Les programmes qui vont être démantelés « complètement » « avaient été conçus à des fins pacifiques », a-t-il affirmé. À propos de la Syrie, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a reconnu que Damas avait amélioré sa coopération avec les forces américaines pour la surveillance de la frontière syro-irakienne, mais devait également changer sur plusieurs autres registres. « Ils n'ont toujours pas compris qu'ils doivent cesser le soutien aux activités terroristes», a déclaré Powell en référence aux accusations répétées de Washington, qui reproche à Damas de soutenir activement des mouvements anti-israéliens libanais et palestiniens, le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique. « Ils doivent rendre tout argent irakien qu'ils pourraient avoir (…) et ils ont fait quelques progrès mineurs en ce sens », a-t-il poursuivi, faisant référence à une polémique sur le sort de 250 millions de dollars appartenant à l'Etat irakien déposés dans une banque syrienne.