Pour le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, aucun cas de grippe aviaire n'a été détecté jusqu'ici au Maroc. Mohand Laenser révèle qu'un fonds sera créé pour indemniser les professionnels en cas d'abattage de volaille suspecte. Entretien. Aujourd'hui Le Maroc : Quelle est la situation actuelle de l'épizootie de la grippe aviaire au Maroc ? Mohand Laenser : A ce jour, je peux affirmer qu'aucun cas de grippe aviaire n'a été décelé au Maroc.
Mais comment expliquez-vous les nombreux oiseaux qui ont été découverts morts ces derniers jours dans plusieurs régions du Maroc ? Effectivement. Plusieurs oiseaux ont été découverts morts à Dayet Roumi, Dayet Aoua et Lakbab notamment. Plusieurs prélèvements ont été effectués et des analyses faites selon les normes et les standards internationaux. Durant dix jours, près de quatre types d'analyses ont été effectués. Les premières visent à dépister le virus de groupe A avec près de 60 % d'exactitude. Les secondes ont un taux d'exactitude de l'ordre de 90% et ainsi de suite. Toutes ont fait état de l'absence du virus H5N1. Aucune trace de pesticide n'a également été décelée ce qui renforce la thèse de mort par le froid. Prenons le cas de Dayet Aoua par exemple, les oiseaux découverts morts sont des poules d'eau qui se sont retrouvées sur un lac pratiquement gelé. Vous savez, la mort d'oiseaux est courante à cette période de l'année. Mais les circonstances actuelles, avec l'ampleur que prend la maladie à l'échelle mondiale, ajoute à la suspicion populaire. La menace est là. Ne nous leurrons pas. Il s'agit juste d'être vigilant.
Quel dispositif a été mis en place pour faire face à cette maladie de grippe aviaire ? Pour suivre de très près le dossier de la grippe aviaire, nous avons mis en œuvre un dispositif de surveillance et de signalement. Il s'agit d'une mobilisation générale qui nous permettra de détecter les premiers cas de cette épizootie sur le territoire national. C'est ainsi que le gouvernement marocain n'a ménagé aucun effort en mobilisant l'ensemble des acteurs concernés par ce fléau qui affecte actuellement le monde. En effet, l'implication concerne aussi bien le secteur privé que le secteur public. La population est également engagée dans cette surveillance à travers les différentes villes du Royaume. Vétérinaires, chasseurs, éleveurs de volailles… ce sont-là tous des gens qui coopèrent soigneusement dans notre plan anti-grippe aviaire. C'est grâce à cette mobilisation qu'en cas d'oiseaux touchés par le virus au Maroc, nous serions informés sur le champ. Il faut noter aussi la transparence du gouvernement marocain dans la gestion de ce dossier. Mais nous demeurons inquiets quant au développement de cette épizootie à l'international, surtout avec ces cas qui ont été signalés dans des régions proches du Royaume. Et le gouvernement suit de près cette évolution. La dernière réunion présidée par le Premier ministre a mis en place, en plus du comité national, des comités provinciaux qui assurent le suivi au jour le jour. Nous avons également accru la vigilance en assurant un bon approvisionnement en volaille pour le marché local. Justement, les prix ont chuté et les professionnels se plaignent d'une baisse de la consommation, ce qui accentue les maux de ce secteur. Des mesures adéquates sont-elles prévues ? Le gouvernement prend en considération les difficultés qu'affronte le secteur avicole actuellement. Plusieurs mesures sont d'ailleurs à l'étude pour leur venir en aide. Je donnerais l'exemple d'un fonds d'indemnisation en cas d'abattage. D'autres mesures d'accompagnement sont également en discussion avec les professionnels. La baisse de consommation entraînant la baisse des prix n'est pas très conséquente. Qu'en est-il de la coopération avec les instances internationales ? Avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la FAO, les contacts sont réguliers. Ces organisations internationales suivent de près la situation. Ont-elles assisté aux prélèvements et au déroulement des analyses ? Non. Les analyses s'effectuent dans des laboratoires marocains certifiés et répondant aux normes mondialement reconnues par ces organisations internationales. Les résultats leur sont régulièrement communiqués également.