Le soir du samedi 9 décembre 2000, le feu qui couvait entre l'AMDH et les autorités embrase les abords du parlement. L'affaire de l'AMDH remonte au samedi 9 décembre 2000, quand l'Association marocaine des droits humains décide de commémorer la journée internationale des droits de l'Homme par une manifestation devant le siège du Parlement. Or, un communiqué du ministère de l'Intérieur, publié la veille, avait interdit toute manifestation sur la voie publique à cette occasion. Les membres de l'association, créée en 1979 par des militants de l'USFP et du PPS, passent outre l'interdiction et maintiennent le mot d'ordre. Le soir du samedi 9 décembre, des militants de l'AMDH se regroupent aux abords du parlement. La manifestation, placée sous le signe “Nous demandons que la vérité soit établie et que les responsables et les complices des crimes, des disparitions forcées, de l'emprisonnement arbitraire et des tortures soient poursuivis et condamnés par la justice”, allait commencer quand des policiers en civil investissent les masses des manifestants. Les coups ne tardent pas à pleuvoir. La mêlée est bientôt entourée de policiers en uniforme et d'agents de la Compagnie mobile d'intervention (CMI). Les forces de l'ordre chargent les manifestants qui se dispersent dans tous les sens. La manifestation avait mis le feu aux poudres, déjà chauffées à blanc par des semaines d'affrontement latent entre l'AMDH et les autorités. La fameuse liste de “tortionnaires”, publiée quelque temps auparavant par l'AMDH avait créé une vive tension entre l'ONG et les autorités. Les dirigeants de l'association avaient-ils calculé les risques encourus ? Savaient-ils à quelles conséquences ils exposaient les militants ? Prévoyaient-ils une réponse aussi vigoureuse des forces de l'ordre ? Apparemment non. Pas moins d'une quarantaine de membres de l'association sont arrêtés, dont le président, Abderrahmane Ben Amor, son adjoint, Abdelahamid Amine et le secrétaire général de l'association, Omar Zaidi. Ces derniers, relaxés le soir même, sont déférés devant le parquet, puis devant le tribunal de première instance de Rabat, trois jours plus tard. Ils sont poursuivis pour « participation à l'organisation d'une manifestation interdite sur la voie publique et troubles à l'ordre public ». Le procès est reporté jusqu'au mois de février 2001. Le tribunal de première instance de Rabat condamne alors les 36 membres arrêtés de l'AMDH à trois mois de prison ferme et à une amende de 3.000DH. Seuls l'ex-président, Me. Abderrahmane Ben Amor et M. Ahmed Sabri sont dispensés de la contrainte corporelle pour cause d'âge. L'affaire, portée devant la cour d'appel de la capitale, est reportée au 14 novembre. Le verdict de la cour tombe enfin le mercredi 21 novembre dernier, acquittant les 36 membres de l'association et annulant le jugement prononcé par le tribunal de première instance.