Ces mots qui reflètent des concepts qui -grâce à Dieu- nous sont familiers et coutumiers dans notre pays vont prendre un relief tout particulier dans quelques jours. Tout d'abord c'est l'association Salam Lekoulam qui nous entraînera sur les voies de la culture pour la seconde édition de ses rencontres plurielles «3Ala Slama». La rencontre sera organisée à Bayt Dakira (Maison de la mémoire), tout un symbole, et portera sur «la culture, clé de la mémoire». Le mot «exceptionnel» prend ici tout son sens puisque l'invité en sera Monsieur André Azoulay -conseiller de SM le Roi et président fondateur d'Essaouira Mogador–. À peine annoncé sur les réseaux sociaux que l'événement a suscité un tel engouement que les organisateurs ont pris la décision de le diffuser en live sur leurs pages Facebook et Instagram. En voici l'argumentaire : La culture en général, la musique en particulier – le Festival des Andalousies Atlantiques en est la brillante démonstration – restitue, enrichit la mémoire et fabrique du commun. -Comment utiliser cette «clé»pour (re)donner du sens, du contenu à la tamaghrabite. – Comment permettre aux jeunes générations – notamment via la musique – de s'approprier et partager cette identité. Le rendez-vous est donc fixé au mercredi 26 octobre à 19 heures dans cet écrin de la mémoire qu'est précisément Bayt Dakira. Ces rencontres plurielles «3ala Slama» sonneront en quelque sorte comme un préambule au Festival des Andalousies Atlantiques qui revient après 3 années d'absence due à la Covid, le rendez-vous était attendu avec énormément d'impatience puisque d'ores et déjà Essaouira est certaine de «faire le plein», tant au niveau des artistes que de celui du public. Le texte de présentation, qui annonce également les artistes, est à lui seul un hymne à la fraternité et au vivre-ensemble : «Ils sont venus, ils sont tous là»… rien mieux que ce cri du cœur ne peut exprimer l'émotion et la joie que ressentent les milliers de mélomanes qui s'apprêtent à rejoindre Essaouira du 27 au 29 octobre pour renouer avec le Festival des Andalousies Atlantiques après une parenthèse de 3 ans, Covid oblige. Et quelles retrouvailles ! 170 artistes, 14 concerts, 3 scènes et un programme qui sera cette année encore signé du sceau de l'exception pour faire de cette édition 2022 un millésime qui fera date. Exception marocaine et partitions écrites «façon souirie» pour ce rendez-vous unique au monde où des centaines de musulmans et de juifs, mais pas seulement, font le choix de se retrouver pour le bonheur d'être ensemble, de chanter ensemble, de s'écouter et de débattre ensemble, attentifs les uns aux autres et soucieux que les narratifs de tous aient leur place avec le respect qui leur est dû. C'est cela l'école marocaine, c'est cela «l'esprit d'Essaouira», disait un jour le grand Edgar Morin se levant au milieu de l'un de nos concerts pour clamer son émotion en redécouvrant cette capillarité judéo-musulmane enracinée dans la profondeur d'une histoire marocaine multiséculaire. Une émotion qu'Essaouira a le talent d'incarner par la grâce du «Matrouz», cette broderie musicale qui fait alterner arabe et hébreu, melhoun et chgouri, flamenco et «ala», le temps d'un festival à nul autre pareil. Au programme cette année, le grand maestro Omar Metioui avec son orchestre «Rawafid» qui accueille Elad Levi et ses musiciens, icônes incontestées de la scène juive de la musique arabo-andalouse. Egalement invité Gusto, un autre chanteur et musicien qui est pour la première fois à Essaouira et qui nous dira à sa façon les plus belles pages du répertoire de la chanson populaire judéo-arabe comme le feront au fil des concerts Abir El Abed, Zainab Afailal et bien évidemment comme chaque année la grande diva Raymonde El Bidaouia et Abderrahim Souiri, incarnation emblématique de l'école souirie de la musique arabo-andalouse, une école qui depuis des siècles a rayonné au Maroc et bien loin de nos frontières. Particulièrement riche en temps forts, cette édition 2022 nous fera retrouver le groupe légendaire des « Hapiyout », ces troubadours juifs du Tafilalet très attendus et dont le concert souiri en 2018 a été partagé sur les réseaux sociaux par des millions de mélomanes. C'est dans ce registre de l'émotion qu'il faut aussi inscrire cette première à laquelle nous convie Essaouira cette année avec, après minuit, une soirée singulière qui va faire se rencontrer les traditions soufie, musulmane et juive. Une rencontre pour une soirée de «Baqqachot» et de «Amdahs» mêlant l'arabe et l'hébreu que nous devons aux paytanims de l'ensemble «Matrouz » et aux chantres de la troupe «Al Anouar Al Mohamadia» D'autres premières sont au programme, Mor Karbasi, la nouvelle étoile du répertoire séfarade qui montera sur scène avec Zora Tanirt, interprète engagée et talentueuse du patrimoine amazigh. Sera également à Essaouira le Quartetoukan qui parcourt les scènes du monde pour chanter le dialogue israélo-palestinien tandis que le groupe Afalkay né à Essaouira invitera Soukaina Fahsi pour un kaléidoscope très spécial qui fera alterner, façon souirie, le jazz, le flamenco, le chgouri et bien sûr le répertoire gnaoui. Last but not least, Essaouira aura cette année le privilège et la chance de recevoir pour la première fois au Maroc, le « Grand Ballet Flamenco de Andalucia», la formation la plus prestigieuse de l'Andalousie qui se produira à Essaouira grâce à la générosité et à l'engagement souiri du gouvernement régional de l'Andalousie. Enfin, nous nous quitterons avec un concert de clôture d'anthologie qui a fait le pari de nous faire revivre les pages les plus emblématiques et les plus populaires du patrimoine musical judéo-arabe au fil d'une programmation inspirée par la très grande richesse du patrimoine spirituel et musical d'Essaouira, celui des Zaouias comme celui des Gnaouas, celui du Rzoun comme celui du Malhoun. Bref un véritable feu d'artifice pour revisiter et saluer comme il se doit ce rendez-vous souiri de tous les talents, de toutes les promesses et de tous les possibles.