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La Fintech en Afrique signerait-elle un début d'une nouvelle ère ?
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 06 - 09 - 2022

Le dernier rapport de McKinsey & Company, intitulé Fintech in Africa: The end of the beginning, confirme les mutations que connaît le secteur financier africain. Les investissements dans les Fintech africaines explosent. Le continent demeure toujours en retard par rapport à d'autres régions en termes du nombre de licornes qu'il génère par rapport au niveau de financement octroyé. Explications.
Les consultants du cabinet sont partis du premier constat que «si l'argent liquide est toujours roi en Afrique, avec seulement 10 % des transactions effectuées via des moyens de paiements digitaux, la croissance sans précédent que connaît la Fintech actuellement bouleverse non seulement les habitudes bancaires des citoyens, mais aussi et plus largement leur quotidien, sur l'ensemble du continent».
C'est un fait : les acteurs de la Fintech apportent une valeur ajoutée nouvelle et substantielle à leurs clients. Au-delà, leurs offres avec celles proposées par les banques traditionnelles sont de très loin plus attrayantes. C'est d'ailleurs l'essence même des entreprises positionnées dans la Fintech. Leurs solutions de paiement peuvent être jusqu'à 80% moins chères, les intérêts générés par leurs produits d'épargne jusqu'à trois fois plus élevés, et les coûts des transferts de fonds jusqu'à six fois plus bas.
«Ce rapport montre énormément de possibilités», précise Francois Jurd de Girancourt, directeur associé au bureau McKinsey de Casablanca. «La Fintech africaine est foisonnante et les investissements affluent : le montant moyen des opérations réalisées est en forte augmentation, ce qui se traduit en emplois et en croissance pour les économies de la région. Et l'histoire ne fait que commencer. Alors que la Fintech gagne en maturité, les services financiers ont atteint un point d'inflexion, et nombre de pays africains gagneraient à capitaliser sur la dynamique de ces dernières années pour libérer tout le potentiel du secteur».
Le volume sur le marché africain des services financiers –qui inclut la Fintech et le secteur bancaire traditionnel– parle de lui-même. Il aurait été de 153 Md$ en 2020. Il aurait été principalement dopé, par ailleurs, par les segments de l'assurance, de la banque de détail, ainsi que des prêts aux PME, qui à eux trois totalisaient près de 60% des revenus de l'ensemble du secteur.
Les auteurs du rapport McKinsey tablent sur une croissance de 10% par an, de ce marché pour atteindre environ 230 Md$ d'ici 2025. Poussant l'analyse davantage, ces derniers estiment que «les opportunités générées par la croissance du secteur se concentreront sur 11 marchés clés : Cameroun, Côte d'Ivoire, Egypte, Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie et Ouganda, qui représentent 70% du PIB de l'Afrique, et la moitié de sa population».
Avec une forte maturité de son système bancaire, c'est l'Afrique du Sud qui se taille, par ailleurs, la part du lion, avec 40% de parts de marché. Les consultants du cabinet McKinsey considèrent, néanmoins, qu'«au cours des trois prochaines années, les pays et régions qui connaitront la croissance la plus soutenue seront le Ghana (15%) et l'Afrique de l'Ouest francophone (15%), hors blockchain et cryptomonnaie».
Il demeure que si les investissements dans les Fintech africaines explosent, le continent est toujours en retard par rapport à d'autres régions en termes du nombre de licornes (ndlr : start-up des nouvelles technologies créée il y a moins de dix ans et valorisées à au moins un milliard de dollars avant d'être cotées en Bourse) qu'il génère par rapport au niveau de financement octroyé. A titre comparatif, l'Asie (hors Chine) a produit138 licornes, tandis que l'Afrique n'en a produit que 10 (y compris les Fintech intégrées à des opérateurs télécom). Au niveau de la mesure du nombre de licornes par rapport à la population, l'étude McKinsey montre que «le Brésil occupe la première place du classement, avec 84 licornes par milliard d'habitants. L'Amérique latine, hors Brésil, a généré quant à elle 54 licornes par milliard d'habitants, et l'Asie du Sud-Est 49 par milliard d'habitants. Si l'Afrique accuse un retard majeur avec seulement 8 licornes par milliard d'habitants, le continent est en néanmoins en train de rattraper le retard sur l'Amérique latine et l'Asie du Sud-Est».
Le benchemarking est fait. La réglementation influe grandement, par ailleurs, sur le développement de la croissance des Fintech du continent. Et c'est dans ce sens que de nombreuses autorités réglementaires africaines ont déjà pris des mesures pour uniformiser les normes de marché de manière à bâtir un écosystème propice à l'innovation. Selon François Jurd de Girancourt, «plusieurs pays ont adopté des directives détaillées en matière de licences pour opérer, et de protection des données, au cours des trois dernières années. Le déploiement de telles mesures vise à clarifier la situation pour les nouveaux entrants, contrebalancer le risque potentiel lié aux réglementations futures, et mettre en place des 'bac-à-sable réglementaires' de manière à stimuler l'innovation dans le secteur».
Le représentant du cabinet à Casablanca détaillera en fonction des résultats obtenus issus de l'étude : «A titre d'exemple, le Maroc, le Nigeria, le Ghana et l'Ouganda ont élaboré des programmes visant à stimuler l'inclusion financière et à réduire le nombre de transactions en espèces. D'autres pays prennent également des mesures pour favoriser l'adoption digitale via des offres et produits innovants. En Afrique du Sud, la Bourse de Johannesbourg (JSE) émet des obligations en utilisant une technologie de blockchain, tandis que le Ghana et le Nigeria mettent en œuvre des projets de monnaie numérique de banque centrale».
Le rapport montre, en outre, que «sur l'ensemble des 11 marchés d'opportunités identifiés, de nombreuses zones inexplorées et autant d'opportunités demeurent». La conquête de ce marché ne sera pourtant pas simple. Le rapport fait état d'un contexte de financement contraignant, des marchés fragmentés et une pénurie de talents.
Bref, les défis à relever sont énormes dans un secteur finalement encore jeune. «Les perspectives qui s'offrent aux Fintech africaines n'ont jamais été pourtant aussi bonnes, notamment grâce à la dynamique installée depuis plusieurs années», attestent les auteurs du rapport de McKinsey.
Des mesures d'accompagnement et d'incitation adéquates devraient permettre une vague de licornes africaines de faire leur entrée.
Les enjeux sont réels. Le chiffre d'affaires des Fintech africaines s'établit entre 4,5 et 6 Md$, par rapport à 150 Md$ pour le marché des services financiers, avec un taux de pénétration inférieur à celui des pays développés (2 à 3 % contre 3 à 5 % à l'échelle mondiale).
Néanmoins, si l'on exclut l'Afrique du Sud du mix de l'étude, le taux de pénétration des Fintech africaines est similaire à celui des marchés internationaux. L'étude a relevé que «sur les marchés leaders, comme le Kenya et le Ghana, la pénétration est jusqu'à deux fois supérieure à celle des marchés mondiaux comparables».
Les conclusions sont claires. «Alors que la Fintech accélère nettement sur le continent africain, 11 marchés clés devraient se trouver au centre de l'évolution du secteur. Ces marchés – Cameroun, Côte d'Ivoire, Egypte, Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie et Ouganda – représentent 70% du PIB de l'Afrique et la moitié de la population du continent».
Le rapport de McKinsey a poussé plus loin l'investigation. Partant du constat que 90% des transactions sur le continent s'effectuent encore en espèces, pour les experts, «les Fintech les plus performantes sont celles qui ont trouvé des moyens de distribution physiques».
Aujourd'hui, l'évolution se poursuit sur le continent africain. «En 2021, 10 entreprises, la plupart situées en Afrique du Sud, au Nigeria, en Egypte et au Kenya, ont levé plus de 1,6 Md$ auprès d'investisseurs, et quatre d'entre elles ont accédé au statut de licorne».
Pour ce qui est du Maroc, l'open banking demeure, par rapport aux autres pays africains, encore timide en raison de la réglementation qui régit le secteur.


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