Selon une étude récemment réalisée par PwC Maroc, et dont Challenge a obtenu la copie en exclusivité, les Fintechs africaines ne représentent que 2% des 13000 Fintechs au niveau mondial. PwC constate aussi que l'écosystème des Fintechs au Maroc est encore embryonnaire et appelle le royaume à accélérer la mise en œuvre des initiatives favorisant l'émergence de ses Fintechs. Les Fintechs ont un potentiel immense en Afrique mais elles font encore face à de multiples défis qui entravent leur émergence. C'est ce qu'on retient du tout dernier rapport de PwC qui fait un focus sur l'évolution des Fintechs sur le continent. Réalisé en partenariat avec Casablanca Finance City, ce rapport baptisé « Digitalizing Africa: the rise of Fintech Companies », est très édifiant, dans la mesure où il offre des insights très précieux sur l'émergence de l'écosystème des Fintechs africaines. PwC identifie ainsi trois principaux facteurs ayant contribué à l'évolution rapide des Fintechs sur le continent. Le premier facteur porte sur la révolution digitale en marche, incarnée notamment par trois technologies de pointe (Big data, intelligence artificielle et blockchain), explique le rapporte, ajoutant que le deuxième facteur porte sur l'évolution des habitudes et comportements d'une nouvelle classe de consommateurs. Et le dernier facteur concerne l'impact de la crise financière mondiale sur les institutions financières traditionnelles, qui a entrainé une perte de confiance vis-à-vis des acteurs traditionnels de la finance. Toutefois, cette évolution est à relativiser puisque l'Afrique ne représente que 2% du total des Fintechs dans monde estimé à 13000. Le rapport de PwC indique aussi que parmi l'écosystème des start-up, la Fintech est le secteur qui attire le plus les investisseurs en Afrique. D'ailleurs, il a représenté 39% des levées de fonds sur le continent en 2018. Notons que ce sont les Etats-Unis et l'Europe qui représentent les régions les plus actives. Pour sa part, l'Asie, grâce à des pays comme l'Inde et la Chine, est en train de rattraper son retard. PwC remarque que l'Afrique, de son côté, accuse un certain retard, en raison notamment des difficultés en matière de formation des talents ou encore de la rigidité des cadres réglementaires. Qu'est-ce qui fait le succès des Fintechs en Afrique ? Lire aussi : LaFactory à la recherche de porte-paroles des entrepreneurs Selon les auteurs du rapport, les raisons du succès des Fintechs africaines s'expliquent, entre autres, par le faible taux de bancarisation, la forte pénétration du mobile et de l'Internet (avec 344 % de taux d'augmentation en équipements mobiles entre 2007 et 2016 et 58% de taux de développement du haut débit mobile entre 2015 et 2016), une population urbaine jeune et technophile. Cependant, soulignons que ce succès est plus prononcé en Afrique anglophone qu'en Afrique francophone. En effet, les locomotives du secteur des Fintechs sont notamment le Kenya, le Nigéria, le Ghana, et l'Afrique du Sud. L'étude montre que les promoteurs d'Afrique francophone sont installés en Côte d'Ivoire et au Sénégal, et les émergents d'Afrique du Nord sont basés au Maroc et en Tunisie. Au Maroc particulièrement, PwC fait remarquer l'écosystème des Fintechs est encore embryonnaire, mais toutefois en pleine mutation. « Le Maroc est un marché très dynamique au sein duquel le secteur de la Fintech se popularise. Les Fintechs émergent, et gouvernement, institutions financières et opérateurs télécoms s'y intéressent de plus en plus. Plusieurs initiatives récentes et l'évolution du cadre réglementaire en attestent. L'adoption par Bank Al-Maghrib de la loi 103-12 en est un exemple emblématique. Elle permet aux services non bancaires (notamment les opérateurs télécoms) d'offrir des solutions de paiement mettant fin au monopole des banques, pour promouvoir l'inclusion financière », expliquent les auteurs de l'étude, appelant le royaume à accélérer la mise en œuvre des initiatives favorisant l'émergence des Fintechs. « Le continent a toutes les cartes en main pour devancer les économies développées en matière de Fintech, à condition que responsables politiques, institutions financières et entrepreneurs adoptent une approche concertée. Les problématiques auxquelles ils doivent répondre ne concernent pas les technologies en elles-mêmes, mais les clés pour bien les exploiter et la législation pour soutenir la croissance et l'entrepreneuriat », conclut Tom Cool, Associé Consulting, PwC Maroc.