Réagissant à l'émotion suscitée en Europe par l'affaire des centres de détention secrets de la CIA, le Conseil de l'Europe a annoncé récemment l'ouverture de la première enquête officielle sur cette question très embarassante. L'affaire des centres de détentions secrets de la CIA a pris une nouvelle tournure. En effet, le Conseil de l'Europe a récemment ouvert une enquête sur les allégations selon lesquelles les services secrets américains auraient reçu l'aide de plusieurs pays européens afin d'enlever des ressortissants étrangers et les soustraire à la justice. «Etant donné la gravité de ces allégations, le Conseil de l'Europe ne peut se contenter de déclarations politiques et de demandes de renseignement», a déclaré le secrétaire général du Conseil, Terry Davis, avant de préciser qu'il allait invoquer l'article 52 de la Convention européenne des droits de l'Homme pour exiger des explications aux chefs de gouvernement européens. Les 45 pays européens, signataires de la Convention, auront jusqu'au 21 février prochain pour transmettre au Conseil toutes les informations pertinentes sur l'implication de leurs fonctionnaires dans cette affaire. Ce n'est pas uniquement les informations qui faisaient état du fameux «avion-prison» qui suscite l'inquiétude des Européens, mais aussi les révélations du Washington Post selon lesquelles les services secrets américains posséderaient des prisons secrètes en Europe de l'Est. Un haut responsable d'une commission juridique au sein du Conseil de l'Europe, Dick Marty, a indiqué que «kidnapper les gens et les soustraire à tout contrôle judiciaire et administratif» est en soi «absolument inacceptable». Selon M. Marty, de tels agissements de la part de Washington peuvent même donner «une légitimité aux terroristes.» Par ailleurs, le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos a assuré jeudi que Madrid avait agi légalement dans l'affaire des escales de l'avion-prison présumé de la CIA. Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero qui avait retiré les troupes espagnoles d'Irak peu après son arrivée au pouvoir, a promis "la plus grande transparence" sur cette affaire susceptible de compromettre ses relations avec les Etats-Unis et sa crédibilité interne. Jusqu'à présent, des avions soupçonnés d'appartenir à la CIA ont été vus dans des aéroports et des aérodromes en Finlande, en Allemagne, en Hongrie, en Islande, en Italie, en Pologne, au Portugal, en Roumanie, en Espagne et en Suède. De tels avions, qui serviraient au transport illégal de ressortissants étrangers accusés par Washington d'être des terroristes auraient aussi été aperçus au Canada et au Maroc. Le Maroc a notamment été cité par un article paru dans le Washington Post. D'après cet article, la CIA posséderait un centre de détention sur le territoire marocain. Jusqu'à présent le gouvernement marocain n'a fait aucun commentaire sur cette affaire. Dimanche dernier, l'Association marocaine des droit de l'Homme (AMDH) a émis un communiqué dans lequel elle condamne l'existence desdits «sites noirs» suite aux révélations du Washington Post et appelle les autorités marocaines à apporter des réponses à ce sujet. «L'existence dans certains pays de tels centres destinés à la torture ou à la sous-traitance de torture serait contraire aux lois internationales. Nous demandons au gouvernement marocain d'apporter des réponses concernant cette affaire dans la mesure où le nom du Maroc est cité par le journal américain comme pays qui collabore avec la CIA», nous a déclaré Abdelhamid Amine président de l'AMDH.