La famille Lembarki attend toujours le rapport d'autopsie promis par le parquet de Laâyoune. La situation demeure tendue au chef-lieu du Sahara marocain où les associations demandent toujours le départ des Groupes urbains de sécurité (GUS) après la décision du ministère public d'engager des poursuites contre deux de ses membres. Les éléments des Forces armées royales (FAR) ont investi plusieurs quartiers et avenues de Laâyoune depuis lundi 14 novembre 2005. Plusieurs sources contactées sur place ont confirmé ce déploiement de l'armée affirmant que cela s'est fait de manière discrète et sans grands problèmes malgré quelques incidents limités. Pour Omar Lahcen, proche de Hamdi Lembarki et membre de l'Association sahraouie des droits de l'Homme (ASDH), le déploiement des éléments de l'armée tombe à point nommé pour faire oublier les «graves agissements des Groupes urbains de sécurité». A condition, ajoute Omar Lahcen que « l'armée fasse preuve de la même retenue et de la même sagesse qu'en 1999 lors des événements de Laâyoune qui n'ont pu être maîtrisés que grâce à une telle intervention ». Selon ce militant associatif, l'armée demeure une alternative aux GUS de plus en plus critiqués par la population. Pour Omar Lahcen, outre les « agissements condamnables des GUS », il est à craindre de voir surgir des incidents entre Marocains du Sud et du Nord au vu de la tension qui règne dans la ville. Lundi 14 novembre 2005, des incidents ont encore été signalés dans plusieurs quartiers de Laâyoune et notamment autour des établissements scolaires. A en croire une source sur place, les éléments des GUS avaient investi les lycées «Lissane Eddine» et «Hassan II» à la poursuite de quelques élèves qui y auraient été maltraités. Selon notre source, les enseignants auraient eu leur lot de mauvais traitements des éléments des GUS. Pour un autre membre de l'ASDH, « il est intolérable de voir les forces de l'ordre recourir aux punitions collectives au lieu d'appliquer la loi». Ce dernier ajoute que personne ne pourrait être contre cette application de la loi via les tribunaux une fois que sera établie la responsabilité de telle ou telle autre personne dans des actes que répriment les lois. D'un autre côté, les investigations continuent pour élucider les circonstances de la mort de Hamdi Lembarki. Selon plusieurs sources, deux éléments des forces de sécurité, dont un officier, auraient été transférés à Agadir où ils auraient déjà comparu devant un magistrat pour les besoins de l'enquête en cours. Ces derniers, dont les noms n'ont pas été révélés, auraient été convoqués sur la base des témoignages de plusieurs personnes à Laâyoune qui auraient assisté au supposé passage à tabac du jeune homme par des éléments des GUS. Il y a quelques jours, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) affirmait qu'une enquête allait être menée pour déterminer la présumée responsabilité des forces de l'ordre dans la mort du jeune homme. La dépouille de ce dernier n'a pas encore été récupérée par les membres de sa famille. Un proche de la famille Lembarki affirme que cela se fera sur la base d'une seule et unique condition : que le rapport d'autopsie signale que la mort de Hamdi Lembarki a été occasionnée par des coups qui lui auraient été assenés « au niveau de la tête, du foie et du bas ventre ». Selon ce membre de la famille Lembarki, le parquet de Laâyoune a promis de remettre le rapport d'autopsie au cours de la semaine prochaine et c'est du contenu de ce rapport que dépendra la suite qui sera donnée au cours des choses. Hamdi Lembarki, à en croire la MAP, aurait été victime d'un jet de pierres lors d'affrontements entre les forces de l'ordre et des groupes de jeunes de la ville dans la soirée du samedi 29 octobre 2005. Gravement blessé, il aurait été transféré à l'hôpital de Laâyoune où il sera admis aux soins intensifs. En vain, puisque lors des premières heures de dimanche, il rendra l'âme selon le récit de la MAP. D'autres versions ont été avancées. Dans l'entourage de la famille de Lembarki, on laissait entendre que la victime aurait été arrêtée et relâchée par les forces de la police le soir du même samedi. Et avec des blessures qui lui auraient été fatales par la suite. Selon une autre source, les amis de Hamdi Lembarki aurait embarqué ce dernier au quartier Smara, lieux des incidents, pour l'acheminer à l'hôpital. Là, ils auraient, eux aussi, été arrêtés et interrogés de manière musclée, ajoute notre source. Dès cette fin d'octobre, le Polisario avait érigé Hamdi Lembarki au rang de «martyr de la cause sahraouie » et décidé d'observer 24 heures d'un deuil « national ». Pour la famille Lembarki, il s'agit d'une autre grosse arnaque du Polisario. Le défunt Hamdi Lembarki n'avait rien à voir avec les amis de Mohamed Abdelaziz. Ni avec la politique de manière générale.