Fatima, 35 ans, a commandité l'assassinat de son mari qu'elle a cessé d'aimer. C'est son amant avec des complices qui s'est transformé en meurtrier. Récit. Goulmime. Les gens s'apprêtent en cette matinée du vendredi 9 septembre à regagner leur travail. Seulement, ceux qui passent derrière le siège de l'Office national de l'eau potable sont obligés de s'arrêter et rejoindre la foule qui s'attroupe autour d'une découverte macabre. Un cadavre. Le corps d'un homme ayant la quarantaine. Aucune goutte de sang n'apparaît sur son corps. Qui est-il ? Est-il décédé naturellement ou est-il victime d'un assassinat ? Les interrogations se posent. Aucune réponse pour le moment. Alertés, les éléments de la police judiciaire se dépêchent sur les lieux, procèdent au premier constat d'usage, recueillent les témoignages, notent les remarques. En parallèle, les éléments du service d'identification judiciaire tentent de réunir le maximum d'éléments sur le lieu de crime après avoir prélevé les empreintes digitales du cadavre. Après quoi les instructions ont été données pour l'évacuation du corps vers la morgue avant son transfert au service de médecine légale de l'hôpital Ibn Rochd à Casablanca. Entre temps, les empreintes digitales prélevées sur le cadavre ont permis d'identifier la personne décédée. Il s'agit d'Abderrahmane, quarante ans, père de deux enfants dont l'aîné a quatorze ans et le benjamin a neuf ans. Dans un état second, sa femme, Fatima, 35 ans, leur ouvre la porte. Elle leur affirme qu'il n'a plus donné signe de vie depuis quelques jours. Ciblant l'entourage de l'épouse Fatima, les enquêteurs arrivent à savoir que leur relation conjugale est instable depuis des mois. Ils arrivent aussi à savoir que le défunt a déposé à son encontre, en date du 18 octobre 2004, une plainte lui reprochant d'avoir abandonné son foyer et ses enfants pour rejoindre son amant, Abdeslam. À son vingt-neuvième printemps, ce dernier entretient depuis plus de deux ans une relation amoureuse, au su et au vu de tous. Tout le monde en parle. A-t-elle un lien avec le meurtre de son époux ? Les enquêteurs ne peuvent la mettre en cause alors qu'ils ne savent pas si sa mort est naturelle ou criminelle. Impatiemment, ils attendent le rapport du médecin légiste pour trancher. Début de la troisième semaine du mois d'octobre. Le rapport atterrit sur le bureau du chef de la brigade policière qui se charge de l'affaire. Il le feuillette. Les conclusions sont accablantes : la mort n'est pas naturelle. Elle est survenue suite à un étouffement. Et le corps présente les traces de violences soit au niveau du cou soit au niveau du thorax. Bref, la mort est trop suspecte. Aussitôt, les enquêteurs se dérige vers le domicile de l'épouse pour la soumettre à un feu nourri de questions. De question en question, elle finit par avouer. «Nous nous sommes débarrassés de lui parce que je ne veux plus de lui et j'aime Abdeslam», affirme-t-elle aux enquêteurs. Décidant de se débarrasser de son époux, elle a sollicité son amant, Abdeslam, pour le liquider. Sans réfléchir, il a fait appel à son ami, Mbarek, âgé de vingt-quatre ans. Tous les deux, ils ont attendu, la nuit du jeudi 8 septembre, l'arrivée de Fatima qui a conduit son mari dans un endroit obscur. C'est ainsi que Abdeslam et Mbarek les ont surpris et ont demandé à Fatima de s'éloigner. Sous ses yeux, ils ont asséné des coups de poing à Abderrahmane qui est tombé par terre. Portant des gants en plastique, Abdeslam a étouffé de ses deux mains le mari. Après quoi, ils se sont rendus tous les trois chez Saâdia, gérante d'un publiphone pour faire la fête autour de quelques bouteilles de limonade. Vendredi 21 octobre, les enquêteurs ont procédé à la reconstitution du crime avant de traduire les accusés devant la justice.