Halima regagne Rabat pour chercher un job et s'éprend d'un jeune homme. Quand elle tombe enceinte, il disparaît. Halima accouche d'un bébé qui meurt un mois plus tard. Les voisins l'accusent d'infanticide. Mais la justice l'acquitte. Rabat. Vendredi 8 mars 2002. Une journée pas comme les autres puisque c'est la Journée mondiale de la Femme. Mais Halima le sait-elle seulement ? De toute manière, pour elle aussi, il s'agit d'une journée pas comme les autres. Car elle vient de perdre son bébé âgé d'un mois. Un destin qu'elle n'a pu empêcher. Elle pleure seule, ce matin, près du petit cadavre. Zahra, sa voisine, la rejoint quand elle a entendu ses gémissements. Elle tente de la consoler. C'est la seule qui est venue lui présenter ses condoléances. Le bébé a été enterré et Halima n'a pu retenir ses larmes. Elle sent qu'elle est seule au monde: ni père, ni mère, ni frère, ni sœur, ni mari. Seule Zahra est proche d'elle. Les autres voisins l'accusent d'avoir tué son enfant. Est-ce vrai? Toutes les mauvaises langues dans ce quartier populaire de Rabat le confirment. «Elle n'a pas désiré son bâtard…elle l'a abandonné jusqu'à ce qu'il meure», disent les voisins. De toute sa douleur, Halima crie «Non, non et non !». Mais qui l'entend ? Elle n'a pu supporter ces accusations, cette humiliation. Elle n'a pu retenir ses larmes durant deux jours. Sa voisine Zahra essaie d'être près d'elle. Mais les mauvaises langues continuent leur travail de sape. «Je vais me présenter à la police…», décide-t-elle. «Mais pourquoi ? Tu n'as rien fait, laisse-les dire ce qu'ils veulent», lui dit Zahra. Mais Halima est décidée. Elle se présente devant la police du 9ème arrondissement de Rabat. «C'est moi que les voisins accusent d'infanticide…», leur affirme-t-elle, les larmes aux yeux. «Mais, est ce que tu l'as tué ?», l'interroge l'inspecteur de police. «Non, mais les gens m'accusent et je ne peux pas le supporter. Ils sont en tain de me tuer et je veux que vous mettiez fin à cela…». L'inspecteur ne sait quoi faire, s'adresse à son chef. «Attention, elle peut avoir commis cet infanticide et être intelligente au point qu'elle veuille se débarrasser de l'accusation en s'adressant à nous. Qui sait ?». L'inspecteur retourne à son bureau, entame son interrogatoire. Halima commence sa déclaration. Elle a trente ans. Originaire de Khouribga, elle est venue à Rabat deux ans plus tôt pour y chercher du travail. Au fil des jours, elle a connu Hamza dont elles est tombée amoureuse. Une relation qui s'est consolidée d'une semaine à l'autre. Mai 2001. Une nouvelle inattendue arrive. Halima est enceinte. «…Je ne veux pas un enfant de toi, non je ne t'épouserai pas…Je te l'ai déjà dit…», lui dit Hamza, énervé. Elle le supplie de la sauver, de ne pas l'abandonner. Mais Hamza reste sourd à ses supplications. Il plie ses bagages et disparaît, laissant Halima à son triste sort. Début février 2002, elle accouche d'un petit garçon. Elle reste fidèle à son amant disparu, elle lui rend hommage en prénommant le nouveau-né Hamza. Ce dernier tombe malade trois jours après sa naissance. Début d'avril, la chambre criminelle près la cour d'appel de rabat s'est penchée sur ce dossier. Tous les témoins du quartier n'étaient pas sûrs de leurs accusations. Mais le témoignage de Zahra, sa voisine était déterminant. «J'étais toujours à côté d'elle, elle a souffert quand son enfant est tombé malade…Il avait des problèmes de digestion…Le lait maternel est devenu indigeste pour lui…», explique Zahra à la cour. «Le bébé a été transporté à l'hôpital. Il a subi une opération chirurgicale. Halima ne l'a pas quitté une seconde durant son hospitalisation…» ajoute Zahra à la cour. Il était sa raison d'être. Le bébé quitte l'hôpital. La situation s'est compliquée, Halima n'ayant pas les moyens d'acquérir les médicaments. «…Elle a commencé à mendier, laissant l'enfant seul et parfois elle le laissait chez moi…», précise Zahra. La santé du petit Hamza commence à se dégrader. Le vendredi 8 mars. Halima se réveille pour allaiter le bébé. Elle jette un regard sur lui et soudain pousse un cri de douleur. Son rêve n'est plus qu'un cadavre. La cour juge Halima non coupable et l'acquitte.