Perpétré en juin 2001, l'assassinat du couple français est enfin élucidé. La désolation est générale chez tous les voisins des victimes qui disent avoir perdu des gens paisibles et honnêtes. Le crime ne paie pas,dit-on,car,et comme on le dit bien chez nous, "l'âme est chère à Dieu". En effet,un assassin finit toujours par payer son forfait.C'est la leçon que viennent de tirer certainement L.Saïd (34 ans), A.Aziz (31 ans) etM.Mustapha(35 ans)co-auteurs de l'assassinat crapuleux d'un vieux couple français ayant préféré ne pas quitter le Maroc jusqu'à la fin de leurs jours. Les habitants avoisinant la ferme des regrettés Claude Bureau et Fatna Danone ne pourraient, en aucun cas, oublier ce matin du 28 juin 2001, jour de la macabre découverte des corps des deux victimes gisant dans leur sang. L'émoi était total et l'indignation et l'écoeurement se lisaient sur tous les visages de ceuxc ayant connu ou côtoyé ce couple chaleureux. Apparemment,c'était le vol d'une vache et d'un veau, disparus de l'étable,qui avaient motivé ce lâche forfait. Mais avait-on vraiment besoin de recourir à cette extrême alternative pour s'emparer de ce maigre butin? A priori non! Les victimes étaient très avancées dans leur âge et sans aucune défense. Pourquoi en avaient-elles besoin? Elles qui se sentaient au milieu des leurs! Elles qui se sentaient libres comme deux poissons dans un aquarium! Elles qui étaient aimées, adulées au point d'être vénérées par leurs voisins et par ceux et celles qui les avaient connues! La symbiose, le respect et l'émerveillement régnaient, en effet, entre les victimes et leurs connaissances. Les enfants ne pouvaient pas ne pas se passer de saluer ces braves gens chaque fois qu'ils passaient à côté d'eux. Car, après le salut sincère et innocent, ils en tiraient toujours quelque chose: un bonbon, un chocolat,du fromage ou une pièce de monnaie. Ils savaient pertinemment qu'ils ne partiraient pas bredouilles. C'était pour cela qu'ils se débrouillaient pour saluer ces amoureux des enfants. Attachés à cette terre bénie, les deux septuagénaires y ont passé plus de 60 ans. Même leurs enfants n'avaient pas réussi à les convaincre à regagner leur bercail! Ils préféraient mourir plutôt que de s'en séparer ainsi que de leurs voisins. Tellement ils étaient convaincus qu'ailleurs qu'ici, ils se sentiraient dépaysés! Pourquoi avait-on éliminé ces bonnes âmes? Le ou les assassins pouvaient bien s'en passer!Seule une raison a incité le ou les auteurs de ce double assassinat à se débarraser des victimes! Ces dernières avaient certainement reconnu le (ou lesl coupable. Et de peur d'une dénonciation,on avait opté pour l'élimination pure et simple du couple. C'était la conviction des éléments de la B.J de la Gendarmerie Royale chargés de l'affaire. Malheureusement, cette première enquête n'avait abouti à aucun résultat et le dossier fut classé dans un tiroir. Le commandant de la Région, le colonel A.Mounir nouvellement installé dans ses fonctions dans la province,s'était trouvé face à cette épineuse affaire non-élucidée. Comment pouvait-on tolérer qu'un ou plusieurs criminels continuent à circuler en toute impunité dans la nature? Celui ou ceux ayant perpetré cet acte odieux ne pouvaient être etrangers à la localité! Sinon,pourquoi a-t-on tué ces vieillards? A-t-on négligé un ou plusieurs éléments dans l'enquête? Et autant d'autres questions qui hântaient l'esprit d'un responsable conscient de sa tâche et de ses responsabilités! Mais comme le bon Dieu fait toujours les bonnes choses,un message de l'Etat Major tomba, comme un don du ciel,incitant le commandant de la région à réouvrir l'enquête suite à une demande formulée par les enfants des disparus. Aussi tous les moyens logistiques ont-ils été mobilisés pour élucider ce double crime inhumain. Les interrgatoires reprirent donc de plus belle et tout ce beau monde qui fut renvoyé fut convoqué de nouveau. Une fausse déclaration du gardien de la maison avoisinante éclaira la lanterne des limiers de la brigade judiciaire qui les a mis, enfin, sur une sérieuse piste pour le dénouement de cette affaire qui n'avait que trop duré! L.Saïd avait déclaré qu'il avait passé le nuit chez lui le soir du double assassinat alors que sa femme a prétendu le contraire. Pire encore! Elle déclara même avoir lavé,le matin du 28 juin,la jaquette de son mari parce qu'elle était immaculée de sang! Réinterrogatoire donc du suspect n°1. Il opposa une farouche résistance au début. Mais il finit par lâcher le morceau. Ses deux complices, A.Aziz et M.Mustapha, ne pouvaient poser aucun problème pour le complément de l'enquête puisqu'ils croupillaient déjà dans le pénitencier d'El-Ader où ils purgeaient chacun une peine de prison (4 ans pour le premier et de 6 ans pour le deuxième) pour vol de bétail!!! Il reconnut même que la bande s'était accaparé également de deux bonbonnes de gaz, dune somme de dix mille dirhams et de quelques bijoux qu'ils avaient liquidés à Casablanca. Le receleur fut, lui aussi arrêté. Il reconnut avoir acheté du principal inculpé des bijoux qu'il avait fondus pour les écouler à son tour. Les acheteurs du bétail n'ont pas été reconnus."Mais ils finiront un jour par tomber dans nos mains", assurera le colonel. "Les recherches se poursuiveront jusqu'à leur arrestaion. C'est une question de temps", déclarera-t-il. La bande fut ainsi présentée au parquet de la Cour d'appel le dimanche 8 septembre pour homicide volontaire avec préméditation,vol et recel. La justice, de ce fait, ne manquera pas de dire son mot!