Le crime, dit-on, ne paie pas. El-Mostafa H. l'aura appris, à son tour ,à ses dépens. Se croyant certainement le plus malin, sa cavale n'aura duré, heureusement pour la polique, que trois semaines. C'était le matin du 8 décembre 2003. Le corps d'un ressortissant américain fut découvert,chez lui,baignant dans une mare de sang.S'agit-il d'un acte terroriste ou tout bonnement d'un crime crapuleux?Les premières constatations sur les lieux du crime écartèrent, cependant,la première hypothèse. En effet,les restes des bouteilles de bière sur la table du salon firent comprendre aux enquêteurs que la victime était en bonne compagnie avec une ou plusieurs de ses connaissances intimes. Les mille et une photos ainsi que ses cassettes vidéo pornographiques ne laissèrent aucun doute sur les relations de ce septuagénaire installé à El-Jadida depuis 1992. L'homme était un homosexuel.Une vérité que les voisins confirmeront. Par où commencer? Lequel de ces jeunes gaillards posant pour la victime interroger le premier?Habitent-ils,cependant,tous à El-Jadida? Un véritable casse-tête chinois pour le chef de la police judiciaire d'El-Jadida, le commissaire Bouzfour Mohammed, et pour ses hommes! Surtout que la pression se faisait grande en raison de l'intérêt manifesté à cette affaire par les services consulaires américains et aussi par le gouvernement marocain. Identifier,tout d'abord, toutes les personnes photographiées pour,ensuite, les interroger une à une risquerait de donner du temps au véritable criminel pour s'évaporer dans la nature alors que la rapidité dans l'enquête et l'effet de la surprise étaient deux atouts pour l'élucidation de ce crime sauvage. Et comme Le Bon Dieu fait bien les choses,les éléments de la SRPJ furent avisés du retrait d'un chèque de 20.000 DH,appartenant à la victime, le jour de la découverte du crime par une personne résidant à Azemmour. Le matin même,très tôt,une tentative de retrait du guichet automatique, avec la carte magnétique du défunt avait été enregistrée. Heureusement que l'Américain avait fait une opposition auprès de sa banque au mois de novembre quant il s'était aperçu de la disparition de sa carte magnétique.Plus aucun doute pour les enquêteurs! La personne ayant effectué le retrait de cette somme et ayant tenté de tirer de l'argent du guichet automatique serait bel et bien l'auteur de ce crime à 100% prémidité et le mobile n'est que le vol ! De ce fait,la piste d'un acte terroriste fut définitivement écartée ! On procéda très vite à l'arrestation du présumé assassin. Le crime était supposé élucidé. Pure désillusion!La personne appréhendée fut victime du vol de sa carte d'identité nationale et d'une somme d'argent de 600 DH au souk hebdomadaire d'Azemmour. Une déclaration de vol,déposée le 11 novembre 2003, en faisait foi. Une confrontation avec le caissier de la banque le disculpa. Néanmoins, ce fait providentiel ou circonstanciel aura permis aux enquêteurs d'axer leurs recherches à Azemmour et dans les souks hebdomadaires de la région. La campagne d'assainissement, menée dès lors dans ces lieux,permit le démantèlement d'un réseau non-organisé de voleurs à la tire. L'intérmédiaire ayant permis à l'assassin de se procurer la CIN volée, passa aux aveux. C'est ainsi que l'assassin fut identifié. Cependant,le présumé assassin était introuvable malgré les surveillances opérées durant une semaine. On procéda, alors, à un approfondissement de l'enquête. C'est ainsi que la police avait appris que M.H avait formulé une demande de recrutement auprès d'une agence cinématographique pour jouer un rôle de figurant dans un film comme il l'avait fait auparavant. Certainement une idée de sa victime, Georges W., qui, outre ses métiers de professeur universitaire spécialisé dans la publicité et la photographie ainsi que de correspondant de deux grands journaux américains,faisait également du cinéma. La signature apposée sur la demande était la même que celle figurant sur le dos du chèque tiré le 8 décembre. Pour le faire sortir de sa tanière, les policiers jouèrent le rôle des recruteurs de l'agence cinématographique. Des convocations furent, alors, adressées au coupable ainsi qu'à son frère et à d'autres demandeurs du quartier du recherché afin de ne pas éveiller ses soupçons. Le temps d'être informé par son frère pour que celui qui se croyait malin tombe dans la gueule du loup. Interrogé, H.M se révéla être l'auteur d'un acte similaire à Agadir en 2001.La victime était,cette fois-ci,un ressortissant français. Il avoua, par la même occasion,qu'il avait été l'auteur d'un acte d'homicide volontaire sur deux jeunes filles toujours à Agadir et d'un vol qualifié commis sur un homosexuel de nationalité allemande à Marrakech. Qui est Mustapha Hamrane ? C'est un jeune de 24 ans, né dans la commune rurale de Sidi Ali Ben Hamdouche aux environs de la ville d'Azemmour. Brillant élève, il dut, cependant, abandonner ses études en terminale faute de moyens. Son père, étant démuni, ne pouvait subvenir à ses besoins et à ceux de ses nombreux frères et sœurs. En voulant à la société, il se lança dans le vol et le crime. Malheureusement, ces deux voies n'ont jamais été concluantes. A partir de ce lundi,il devra répondre de ses méfaits. Les pièces à convection-un appareil photo,un portable, deux montres bracelet et d'autres effets appartenant à la victime-ne plaideront pas en sa faveur.