La situation actuelle de la Bourse de Casablanca, les orientations de son nouveau Conseil de surveillance, les perspectives de l'année financière 2004,… tels ont été les sujets abordés lors de l'émission «Les rendez-vous de l'économie», diffusée le lundi 15 décembre sur Médi1 avec comme invité, Monsieur Rachid Tlemçani, président du Conseil de surveillance de la Bourse de Casablanca, depuis le 4 décembre. Monsieur Rachid Tlemçani est également administrateur directeur général d'Attijari Finances Corp., une importante banque d'affaires qui a réalisé, entre autres, l'opération BCM/Wafabank en cours et a également été le conseiller d'Altadis pour la privatisation de la Régie des Tabacs. Thami Ghorfi : Faisons un point rapide sur la Bourse de Casablanca. L'année 2003 a-t-elle été un bon cru ? Rachid Tlemçani : Parfaitement, je crois que les opérateurs sont assez ravis de la situation de la Bourse actuellement puisque les volumes ont été multipliés par deux. L'indice, après quelques années de baisse ou de déprime, connaît une croissance de 30%. Mais, cette situation, malheureusement, masque un élément important qui est la stagnation des volumes sur le marché central par rapport à l'année dernière. Pour rappel, la Bourse de Casablanca est composée de deux marchés. Le marché central où les petits épargnants échangent des titres et le marché de blocs où sont enregistrées les grosses opérations. La nouvelle Direction de la Bourse s'est fixée comme objectif de développer le volume sur ce marché. Est-ce que vous voyez aussi une dynamique et une relation entre l'économie réelle, la situation économique globale du pays et l'économie financière de la place boursière de Casablanca? Rachid Tlemçani : Il y a une catégorie d'analystes qui différencie l'économie réelle et l'économie financière. Je crois que ce sont deux choses très liées. On a la chance cette année d'avoir un certain nombre d'événements importants : la privatisation de la Régie des Tabacs, la situation très favorable dans le secteur des BTP et un certain nombre de grands chantiers. Si nous savons capitaliser sur ces événements, nous aurons une très belle économie financière et par conséquent une belle Bourse dans les années à venir. Quand on est président du Conseil de surveillance de la Bourse de Casablanca, on est aussi président du Conseil de surveillance d'une entreprise. Quelles sont les orientations que vous donnez à la Bourse de Casablanca en tant qu'entreprise pour se déployer sur son propre marché, vis-à-vis de ses propres «clients» ? Rachid Tlemçani : Merci de rappeler que la Bourse de Casablanca est une entreprise. C'est une entreprise presque comme toutes les autres, qui a ses critères de gestion et ses critères de performance. Ce qui a été réalisé ces dernières années était quelque chose de très important. D'abord, rendre la Bourse de Casablanca parfaite sur le plan technique, en tous les cas par rapport à l'attente des opérateurs. De gros efforts de gestion ont été faits ces trois dernières années dans une situation qui n'était pas toujours facile puisque l'entreprise perdait de l'argent. Mais grâce à l'exercice 2003 où les volumes de transactions ont été importants, l'entreprise va redevenir bénéficiaire, ce qui est une chance. Nous disposons pour l'année 2004 d'un certain nombre de facteurs positifs: de gros événements sur le plan économique, de gros événements sur le plan boursier, une entreprise rentable, un nouveau Conseil de surveillance qui va s'attacher fortement aux principes de gouvernance et de séparation des rôles, avec un directoire fort et un Conseil de surveillance qui ne s'investira pas. Mais je crois qu'une dimension essentielle manque à cette entreprise, en tous les cas, cela va être un des points importants que je défendrai au niveau du Conseil de surveillance de la Bourse de Casablanca, c'est le développement d'un marketing fort orienté vers les émetteurs et vers les investisseurs, avec un suivi particulièrement fin des performances. Est-ce que vous attendez des changements réglementaires qui permettraient de catalyser en quelque sorte les réactions des chefs d'entreprise, pour aller plutôt vers la Bourse? Rachid Tlemçani : Les changements réglementaires vont venir. Des textes très avancés sont en discussion au parlement et vont permettre de mettre en place des conditions beaucoup plus favorables pour être introduit en Bourse. D'autre part, il faut rappeler que les entrepreneurs sont aussi des opportunistes, sans aspect péjoratif, et ils sauront profiter de la situation favorable des marchés financiers pour s'introduire en Bourse ou, d'une manière générale, faire appel aux marchés financiers. Vous nous avez parlé des orientations que vous avez données en tant que président du Conseil de surveillance pour permettre à la Bourse de Casablanca, en tant qu'entreprise, de se déployer. Parlons maintenant de ce que nous attendons sur le marché financier pour l'année 2004. Rachid Tlemçani : Pour l'année 2004, tout le monde s'attend à de très grosses opérations parmi lesquelles, l'introduction en Bourse de la BCP. La BCM va probablement faire une offre publique d'achat sur les titres Wafabank, en vue de la fusion BCM/Wafabank. Avec le nouveau plan marketing/communication de la Bourse et autour de ces deux belles opérations, il faut construire pour redevenir un marché en ébullition. Depuis quelques années, plusieurs entreprises se sont restructurées et ont fait un effort de mise à niveau important. Quel message auriez-vous envie de passer à ces entreprises, à ces entrepreneurs, pour les attirer vers la place financière de Casablanca ? Rachid Tlemçani : Par rapport à la bonne situation économique réelle, avec une année 2004 qui promet de grosses opérations et avec une entreprise Bourse qui va communiquer et faire mieux connaître les marchés financiers, il faut que les entrepreneurs et les investisseurs perçoivent l'année 2004 comme une chance pour s'inscrire dans cette dynamique. Vous dirigez également la banque d'affaires de la BCM. Comment voyez-vous le développement de votre activité ? Rachid Tlemçani : On a lancé cette activité en 1996 avec trois secteurs : le secteur conseil, le secteur Bourse et le secteur gestion d'actifs pour compte de tiers, c'est-à-dire gestion de SICAV et de fonds communs de placement. On a connu sur chacun de ces métiers des évolutions diverses. On a eu de bonnes années et de mauvaises années en conseil. On a vécu de très bonnes années en bourse et des années moins bonnes sachant que la gestion d'actifs fournit des revenus réguliers à Attijari Finances. Je voudrais simplement ajouter que le Maroc a besoin d'entreprises structurées et fortes. C'est pour cette raison que nous avons, sur le plan de l'activité Bourse, acquis auprès de l'ONA, cette année Somacovam qui est un de nos concurrents importants sur le plan Bourse pour enrichir l'activité d'Attijari Intermediation. L'acquisition de Wafabank par la BCM nous permettra également de développer encore plus les métiers que j'ai cités et donner l'opportunité à tous nos clients d'avoir une entreprise d'une très grande qualité pour répondre à leurs besoins.