L'évolution du secteur de la sidérurgie au Maroc, l'analyse des résultats de la Sonasid, les perspectives de développement de Sonasid face au démantèlement douanier, l'évolution des indices boursiers et des volumes de la semaine dernière, l'analyse des résultats des sociétés cotées … tels ont été les sujets abordés lors de l'émission «Les rendez-vous de l'économie», diffusée le lundi 29 mars sur Médi1 avec comme invité, Abdelouahab Ben Sari, P-dg de la Sonasid et Hicham Ayouch de Finergy. Thami Ghorfi : Monsieur Ben Sari, quelle est l'activité de Sonasid ? Abdelouahab Ben Sari : La Sonasid est une société sidérurgique, dite de produits longs. Il s'agit fondamentalement des fers à béton qui représentent 90% environ de l'activité, plus ce qu'on appelle les fils machine et également un petit créneau qui est les laminés marchants. Historiquement, la Sonasid était basée à Nador. Aujourd'hui, son siège se situe à Casablanca, avec une nouvelle implantation industrielle à Jorf Lasfar depuis 2001, avec un nouveau laminoir et un projet d'aciérie qui est en cours de construction sur le même site. Qui compose l'actionnariat de votre entreprise ? A.B.S. : L'actionnaire de référence est le Groupe SNI qui représente 21% du capital. Notre actionnariat est également composé de Arcelor qui est le leader mondial de la sidérurgie et qui représente 8,5%. Nous avons aussi un certain nombre d'institutionnels marocains qui sont la BCM, Al Wataniya, MAMDA, CIMR et nous avons également 37% de flottant en Bourse. Votre entreprise est l'acteur essentiel dans le domaine de la sidérurgie sur le marché marocain. Sachant que votre activité est totalement liée au développement du marché de la construction au Maroc qui se porte apparemment bien, mais aussi très dépendante du marché international en ce qui concerne l'approvisionnement en matières premières. Qu'est-ce qui a caractérisé l'évolution de votre secteur pour l'année 2003 ? A.B.S.: Effectivement, nous sommes le principal opérateur sur le marché marocain mais je ne voudrais pas que l'on oublie Maghreb Steel, qui est une société de renom dont l'activité se situe dans un autre créneau, à savoir les produits plats. En ce qui concerne notre secteur, il a évolué cette année de 9,5% sur le marché intérieur, ce qui dénote de l'importance des travaux qui sont lancés, si bien dans le tourisme, que dans les grandes infrastructures et dans la construction de l'habitat social. Il ne s'agit pas d'un pic mais d'une tendance qui s'inscrit dans la durée. Sonasid a augmenté son volume de 13% en 2003, une progression qui va au-delà des taux de croissance qui se maintiennent d'année en année. Le marché de la sidérurgie est également dépendant du marché international au niveau des matières premières que vous importez. Cette année a été un peu tendue, comment avez-vous réagi ? A.B.S. : L'année a été relativement normale avec des phénomènes cycliques connus. Cependant, lors du troisième trimestre, nous avons assisté à une tension qui s'est aggravée depuis le début de cette année. Aujourd'hui, nous assistons à un petit tassement mais nous avons en face de nous une tension extrême due principalement au phénomène chinois. En effet, la Chine a augmenté sa consommation, et par conséquent sa production, de 21%, soit 40 millions de tonnes d'acier. Sur un total mondial de 960 millions de tonnes, la chine consomme 220 millions de tonnes et chaque année, elle augmentera sa consommation de 40 millions de tonnes. Les matières premières deviennent donc de plus en plus chères. Quel en sera l'impact pour les clients de la Sonasid au Maroc ? A.B.S. :Nos matières premières sont les barres de fer dont les prix ont pratiquement doublé. En effet, quand j'ai pris mes fonctions à la Sonasid en septembre 2003, nous les achetions à 265 dollars. Aujourd'hui, nous les achetons à 420/430 dollars. Il est donc évident que nous sommes dans l'obligation de répercuter une partie de cette augmentation à nos consommateurs et pré-consommateurs. Cette année, nous avons choisi délibérément d'augmenter nos prix avec modération de 600 dirhams en valeur absolue en 3 fois. En effet, il était impensable de répercuter la totalité de la hausse qui avoisinait les 170 dollars, soit 1500/1600 dirhams. En quelques mots, quelle est votre appréciation personnelle de vos résultats 2003 qui semblent excellents ? A.B.S. : D'abord, je souhaite rendre hommage à l'équipe qui a contribué à ces résultats puisque je n'ai rejoint la Sonasid qu'au mois de septembre. Ce sont des résultats qui sont tout à fait satisfaisants pour les actionnaires, aussi bien les institutionnels que les petits porteurs. En 2003, la Sonasid a réalisé un résultat net de 404 millions de dirhams et une contribution fiscale de plus de 200 millions de dirhams, représentant ainsi 1,5% d'IS levé au Maroc. Monsieur Hicham Ayouch, quelles sont les évolutions des indices et des volumes de la semaine dernière ? Hicham Ayouch : Les indices de la Bourse de Casablanca ont clôturé la semaine dernière sur un léger recul. Le MASI a perdu 0,07% pourtant sa performance annuelle a 15,08%. Le MADEX, quant à lui, a cédé 0,47%, ce qui a porté sa performance annuelle à 11,69%. Il faut noter également l'explosion des volumes sur le marché central qui a enregistré un chiffre d'affaires de 630 millions de dirhams dont la moitié a été réalisée sur la valeur Wafabank. Au courant de la semaine dernière, le secteur de l'agroalimentaire a affiché la plus forte hausse, avec une progression de 7,83%, grâce à la Centrale Laitière et Lesieur, qui ont gagné respectivement 18 et 11%. Côté baisse, le secteur des mines a enregistré la plus forte baisse avec une chute de 16% causée particulièrement à Managem et Imiter qui ont perdu respectivement 19% et 22% Quelles analyses faites-vous des résultats annoncés jusqu'à présent par les entreprises cotées ? H. A. : Effectivement, la plupart des sociétés cotées ont déjà publié les résultats annuels et il faut noter la bonne réaction du secteur du BTP et la sous-performance du secteur des sociétés de financement due essentiellement à un taux d'approvisionnement élevé pour s'aligner à la nouvelle réglementation de Bank Al-Maghrib. Monsieur Ben Sari, après la libéralisation de votre secteur 1991, il ne s'agit plus, depuis plus d'une décennie, d'avoir une licence d'importation dans votre secteur. Votre secteur connaît aussi une forte demande. Comment allez-vous faire face au démantèlement douanier qui est déjà engagé mais aussi à la concurrence qui commence à se faire vive, puisque quelques entreprises turques viennent de s'implanter pas loin de Casablanca ? A.B.S.: Effectivement, je peux confirmer aujourd'hui qu'un opérateur industriel très actif avec des partenaires turcs vient de s'installer au Maroc. Et pour la première fois, la Sonasid va se trouver dans une situation nouvelle avec sur le marché un opérateur concurrent que nous saluons tous et qui, j'espère, sera salutaire pour le consommateur final. Nous devons donc nous adapter à cette nouvelle situation et pour ce faire, nous avons plusieurs cordes à notre arc. D'abord, amplifier ce qui est déjà lancé au niveau de la restructuration de nos unités industrielles, notamment celle de Nador, à travers un programme de modernisation de l'outil de production, de réduction des charges industrielles et autres. A travers, aussi, une diversification de nos produits, principalement les laminés marchants dans les armatures industriels. Mais également, à travers des activités à l'export car je pense personnellement que la Sonasid a une vocation régionale et que nous pouvons développer l'export. Nous suivrons donc le marché national dans sa forte croissance mais nous essaierons de développer notre export. Prochain rendez-vous le 05 avril 2004 Cette émission sera rediffusée ce soir à 22h00 sur les ondes de Médi 1