Analyse des résultats du Groupe ONA, la nouvelle orientation stratégique du Groupe, les accords de libre-échange, l'évolution du marché boursier, les perspectives pour l'année boursière 2004… Tels ont été les sujets abordés lors de l'émission «Les rendez-vous de l'économie», diffusée le lundi 12 avril sur Médi1 avec comme invité, Bassim Jai Hokimi, P-dg de l'ONA et de la SNI et Younès Benjelloun, associé à CFG. Thami Ghorfi : Monsieur Hokimi, quel est votre commentaire à l'issue des résultats de votre groupe pour l'année 2003 ? Bassim Jai Hokimi : Ce sont des résultats honorables, en progression par rapport à l'année passée, dans un contexte difficile aussi bien national qu'international. Brièvement, sur le plan national, nous avons eu des difficultés dans le secteur de la pêche, pour des raisons que vous connaissez. Sur le plan international, les cours miniers et les effets de change défavorables, bien qu'en amélioration en fin d'année, ont pesé sur les résultats des activités minières. Nous pensons que ces résultats sont encore en deçà des potentialités du Groupe ONA et nous avons de bonnes perspectives pour l'année 2004. Je voudrais revenir à la stratégie récemment annoncée du Groupe ONA ayant comme orientation stratégique de créer des champions nationaux, voire des champions régionaux. Pensez-vous que l'on est capable d'avoir dans quelques années des champions stratégiques dans d'autres secteurs clés de l'économie, à l'image du regroupement BCM/Wafabank qui permet au Maroc d'avoir une banque de taille importante, capable d'œuvrer sur son propre marché et peut-être ailleurs ? B.J.H. : Tout à fait. Ce que nous appelons d'ailleurs «Champions nationaux» ne sont pas des sociétés qui ont vocation à être champions simplement sur le marché domestique. Nous les appelons «Champions nationaux» parce que nous voulons faire d'eux des ambassadeurs économiques du pays à l'échelle régionale. Nous pensons que certains secteurs que nous maîtrisons bien, le secteur minier par exemple en termes de savoir-faire avec le développement des produits dérivés, et le secteur agroalimentaire, se prêtent bien à l'émancipation de nouveaux groupes marocains qui pourraient aller se battre sur d'autres marchés, notamment à la faveur des possibilités croissantes de libre échange qui s'offrent à nous. Ceci passe par la constitution de groupes plus grands, par certains regroupements et puis bien sûr, par l'amélioration constante de la compétitivité de ces opérateurs. L'agro-industrie est l'un des secteurs auquel vous pensez ? B.J.H. : Tout à fait. Nous pensons que dans les domaines que nous maîtrisons bien, qu'il s'agisse des huiles, des corps gras, de l'industrie sucrière ou des produits utilisant le sucre pour apporter de la valeur ajoutée et produire des produits consommables, nous avons des atouts pour exporter, d'ailleurs nous exportons déjà dans le secteur de la biscuiterie, et s'implanter progressivement dans cette optique régionale. Le domaine des Mines a connu quelques souffrances. Est-ce que c'est un domaine dans lequel vous souhaitez rester à long terme ? B.J.H. : Tout à fait. C'est un domaine qui a eu des difficultés ces deux dernières années. Mais Managem est une société qui regarde devant et qui a des projets très intéressants à l'international comme dans la diversification, la valorisation de ses minerais et c'est un vecteur de rayonnement régional pour le Groupe ONA de façon générale. Monsieur Younès Benjelloun, quelle est votre appréciation de l'évolution du marché financier, en ayant un aperçu global des résultats des entreprises cotées à l'issue de l'année 2003 ? Younès Benjelloun : Tout d'abord, il ne faut pas oublier que pendant l'année 2003, les cours ont connu une hausse de l'ordre de 32%, ce qui est relativement important suite à trois années de baisse. Depuis le début de l'année 2004, en un trimestre, les cours sont déjà en hausse d'à peu près 15%. Concernant la publication des résultats des sociétés cotées, globalement, la hausse moyenne des résultats des sociétés cotées était de l'ordre de 16%. Ceci nous met à des niveaux de valorisation qui sont de l'ordre de 14, ce qui fait une moyenne historique se situant entre 10 et 20 sur les dix dernières années. Pour les perspectives 2004, après une année où la hausse a été relativement importante, on s'attend à ce que la croissance des bénéfices nets moyens pendant l'année 2004 soit de l'ordre de 7 à 8%, compte tenu de la forte progression des années précédentes. Vous pensez que les introductions en Bourse attendues cette année vont participer à créer une dynamique économique globale, je pense en particulier à la Banque Centrale Populaire et Maroc Telecom qui sont des entreprises qui appartiennent d'une certaine manière, émotionnellement, à tous les Marocains ? Y.B : Absolument. D'ailleurs, les entreprises comme Maroc Telecom quand elles s'introduisent sur des marchés, comme ceci a été le cas en Europe et en Amérique du Nord, permettent de drainer et d'attirer un nombre très élevé de petits porteurs sur le marché des actions. Monsieur Bassim Jai Hokimi, il y a de grandes discussions, des appréhensions mais aussi des attentes liées à la zone de libre-échange. Avec votre vision de gestionnaire de portefeuille, quelle appréciation avez-vous de notre manière d'approcher cette zone de libre-échange, sachant que des accords sont signés avec l'Europe, récemment avec les Etats-Unis et nous sommes aussi en accord avec un marché qui concerne les pays arabes, qui représente à lui seul 120 millions de consommateurs tout proches de nous ? B.J.H. : Tout d'abord, pour compléter cette situation privilégiée de carrefour géographique qu'occupe le Maroc, il ne faut pas oublier l'Afrique. Je parlais d'ailleurs de Managem tout à l'heure qui est déjà très présente en Afrique et nous avons au niveau des sociétés agroalimentaires également des explorations et des projets en Afrique. Il faut bien voir que l'ouverture du commerce mondial est porteuse bien sûr de menaces mais également d'opportunités et cela est tout à fait cohérent pour nous d'avoir cette ambition de construire des champions nationaux à dimension régionale et de nous intégrer dans ces possibilités d'ouverture. Ce qu'il faut toutefois, c'est d'une part être offensif car la meilleure défense, c'est toujours l'attaque et c'est ce que nous essayons de faire. D'autre part, et d'une manière plus générale, il faudrait qu'au niveau national et au niveau multilatéral dans nos contacts, nous veillions bien à un équilibre entre les différents aspects de ces questions à savoir, les ouvertures commerciales liées à la liberté d'importation et d'exportation des marchandises, les aspects financiers à dimension monétaire pour une cohérence entre la liberté de circulation des marchandises et des conditions plus fluides et mieux coordonnées au niveau de la circulation des capitaux, sans oublier l'aspect humain et notamment la circulation des personnes, les aspects sociaux et culturels surtout lorsque nous parlons des accords inter-arabes, où nous avons un patrimoine culturel et beaucoup de choses sur le plan humain en commun. Prochain rendez-vous le 19 avril 2004 Cette émission sera rediffusée ce soir à 22h00 sur les ondes de Médi 1