Malgré le chahut provoqué par le successeur de José Maria Aznar à la tête du Parti populaire, le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, continue à préférer la politique de la coopération à la confrontation avec le Royaume. Le gouvernement espagnol est satisfait de la coopération du Maroc sur le dossier de l'immigration clandestine et la gestion par l'exécutif marocain du problème des assauts répétés des clandestins d'origine subsaharienne contre les deux présides occupés de Sebta et Mellilia. C'est ce qui ressort des déclarations du président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, dimanche 16 octobre, à Radio Cadena Ser. Invité de l'émission matinale "A vivir que son dos dias", animée par la journaliste Angels Barcelo, le chef de l'exécutif espagnol a passé en revue les différents aspects du dossier de l'émigration clandestine et la coopération entre l'Espagne et le Maroc dans la lutte contre ce phénomène. Une coopération que M. Zapatero a qualifié de "très positive" appelant la communauté internationale à coopérer avec le Maroc et à l'aider pour faire face à cette situation. Par ailleurs, le président du gouvernement espagnol a rejeté la thèse de la confrontation avec le Maroc pour résoudre la crise des assauts menées par les Subsahariens contre Sebta et Mellilia. Revenant sur les deux premiers jours des «avalanches» contre les deux présides occupés, M. Zapatero a indiqué avoir eu "des démarches intensives et ininterrompues avec le Maroc durant 48 heures et la réponse a été positive". Le leader socialiste répond ainsi aux allégations de l'opposition dirigée par le Parti populaire (PP) qui a accusé le gouvernement espagnol de complaisance envers le Maroc tout en appelant à "plus de fermeté" avec le Royaume qui, selon eux, ne coopère pas suffisamment avec les autorités espagnoles pour freiner les flux migratoires vers les deux villes occupées. "Je le répète, les Marocains ont fait un effort important", a insisté le chef de l'exécutif espagnol. "Si le Maroc a des besoins, ce que doit faire un pays plus développé et plus riche est de l'aider, et non à provoquer une confrontation qui ne mènera, non seulement à rien, mais à une détérioration de la relation et par conséquent une moindre capacité de riposte pour résoudre le problème que nous avons avec l'immigration clandestine", a-t-il souligné. Pour ce qui est de la capacité du Maroc à faire face au problème de l'immigration clandestine, le chef du gouvernement espagnol a rappelé l'écart du niveau de développement entre l'Espagne et le Maroc. "La différence est de 1 à 15. Il n'y a aucune frontière dans le monde avec un tel écart de revenu" par tête d'habitant, a-t-il relevé. La solution du problème de l'immigration passe, selon lui, par l'aide au développement, et par "l'effort collectif de tous les pays, en particulier ceux de l'Union européenne". Des données que l'opposition menée par la droite refuse de prendre en considération. Il est à rappeler que le nouveau dirigeant du PP et successeur de José Maria Aznar, Mariano Rajoy, s'était rendu le week-end aux deux villes occupées de Sebta et Mellilia où il a fait des déclarations virulentes à l'égard du gouvernement Zapatero et des autorités marocaines. "Le gouvernement est incapable de défendre les frontières", a-t-il dit. Profitant de la situation de crise et de crainte qui prévaut chez les habitants espagnols des deux présides occupés, Rajoy s'est empressé de s'y rendre et de mener sa campagne anti-marocaine depuis ces deux territoires marocains. Répondant à une question sur les allégations de Rajoy, le chef du gouvernement espagnol a critiqué le "peu de sérieux" de "ceux qui tentent en permanence de mettre notre relation avec le Maroc sur la voie de la confrontation". Il est à rappeler que le dirigeant du Parti populaire avait aussi critiqué l'intervention du Roi d'Espagne Juan Carlos premier auprès de SM le Roi Mohammed VI pour permettre le rapatriement de 73 clandestins subsahariens vers le Maroc. Une intervention que l'héritier d'Aznar a qualifiée de "grotesque". De son côté, le gouvernement espagnol a expliqué que l'intervention du Roi d'Espagne s'est faite dans la concertation avec l'exécutif. Il est à signaler que malgré le chahut provoqué par la droite contre l'intervention du Souverain espagnol, des voix ses sont élevées pour mettre en valeur le rôle diplomatique que peut jouer le Roi d'Espagne appelant à lui conférer plus de pouvoir en matière de politique étrangère. Dans un article intitulé "Le meilleur ambassadeur" publié jeudi dernier dans la presse espagnole, le journaliste et analyste politique, Enrique Meneses, a appelé à ce que le Souverain espagnol ait des prérogatives dans le domaine des affaires étrangères. « Le président français jouit de prérogatives constitutionnelles en matière de politique internationale indépendamment du fait que le gouvernement ait un ministre des Affaires étrangères. Pourquoi on n'accorde pas au Roi des pouvoirs dans ce domaine étant donné ses excellents contacts personnels ? L'Espagne bénéficierait ainsi de sa sympathie et son habileté…», a-t-il indiqué. L'intervention du Roi d'Espagne a ainsi été très appréciée par l'opinion publique espagnole et ce contrairement aux attentes du parti populaire. En tout cas, la politique de la concertation et de la coopération avec le gouvernement marocain adoptée par José Luis Rodriguez Zapatero est en train de donner ses fruits puisque les deux pays ont réussi ensemble à réduire la pression exercée par les Subsahariens sur les deux présides occupés.