Le gouvernement espagnol a qualifié d'«historique et sans précédent» la création d'une unité militaire maroco-espagnole conjointe pour participer à la mission onusienne de paix en Haïti, . Le Maroc et l'Espagne ont franchi un nouveau pas dans la consolidation des bonnes relations qu'ils entretiennent depuis l'arrivée au pouvoir du président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero en mars dernier. La décision des deux pays d'envoyer une unité militaire conjointe pour participer aux efforts entrepris par les Nations unies pour le rétablissement de l'ordre et de pacification d'Haïti est une initiative qui sera certainement inscrite dans les annales de l'Histoire des deux pays. Car, non seulement, il s'agit de la première fois que les pays des deux pays créent un contingent conjoint pour participer à une mission de paix, mais, d'une décision qui intervient à peine deux ans après l'invasion par l'armée espagnole de l'îlot marocain Leila. Ce qui a failli provoquer une confrontation militaire entre les deux voisins. Unanimement saluée par la classe politique espagnole, la décision a été qualifiée d'historique par la première vice-présidente et porte-parole du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega. "L'envoi d'un contingent commun maroco-espagnol en Haïti constitue une mission historique et sans précédent qui prouve manifestement que les relations entre le Maroc et l'Espagne sont passées de la tension à la collaboration", a-t-elle affirmé. "Je crois qu'aujourd'hui, aux centième jours du gouvernement, la nouvelle de cette mission historique et sans précédent, prouve l'efficacité et les résultats de la politique du nouveau gouvernement envers ses alliés et ses voisins, basée sur la paix, le dialogue et la coopération", a-t-elle déclaré à la presse. La ministre espagnole a souligné que cette mission conjointe "est l'expression du rétablissement de la confiance entre les Royaumes du Maroc et d'Espagne" rappelant que le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, tenait depuis son investiture à la tête de l'exécutif à rétablir cette confiance et à impulser la collaboration entre les deux pays. Elle a aussi tenu à souligner que "les relations entre le Maroc et l'Espagne sont passées de la tension à la collaboration" rappelant le triste épisode de la crise provoquée autour de l'îlot Leila quand le Parti Populaire (PP) était au pouvoir en Espagne. "Pour la première fois dans l'histoire, deux unités, une marocaine et l'autre espagnole, participeront conjointement à une mission de paix (...) Je crois que nous devons tous nous féliciter de la mise en marche de cette nouvelle politique basée sur le dialogue, la coopération et la confiance", a –t-elle conclu. De son côté, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, a indiqué que la décision d'envoyer un contingent militaire commun au sein de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), dans le cadre d'une démarche coordonnée et conjointe maroco-espagnole, traduit "la contribution des deux pays à l'instauration de la paix et de la stabilité régionale et internationale". Fassi Fihri a par ailleurs ajouté que cette décision témoigne de la ferme volonté de SM le Roi Mohammed VI, de SM le Roi Juan Carlos 1er et du président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, de renforcer la coopération bilatérale dans plusieurs domaines. Même son de cloche chez le représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, Mohamed Bennouna, qui a souligné "le nouvel esprit" de collaboration qui règne dans les relations entre les deux pays. "C'est la première fois que l'Espagne et le Maroc coopèrent conjointement en faveur de la paix et de la sécurité dans une opération menée par les Nations unies", a-t-il déclaré à l'agence de presse espagnole EFE. Par ailleurs, aucun détail officiel n'a encore été donné sur la composition de l'unité conjointe et sur son commandement. Toutefois, la presse espagnole, citant des sources informées, révélait que le contingent maroco-espagnol serait formé par une centaine de soldats de chacun des deux pays et que le commandement serait assuré par un officier espagnol assisté par un officier marocain. Ainsi, cette opération, outre son rôle humanitaire, réussira certainement à instaurer un climat de confiance et à enterrer définitivement la tension diplomatique et militaire que José Maria Aznar a léguée à son successeur à la présidence du gouvernement espagnol.