Il sera créé un «groupe de travail thématique en charge du Plan Maroc Vert et la politique de l'eau». L'objectif ultime étant d'en faire une «évaluation objective». Comment la Chambre des représentants doit-elle travailler en contexte de crise? Ainsi se pose la question, à Rabat, Rachid Talbi Alami qui énumère les crises liées à la sécheresse, la Covid et l'approvisionnement du marché national en produits à prix élevés, notamment ceux énergétiques. Le président de cette Chambre, invité mardi au forum de la MAP pour s'exprimer sur «les défis et les perspectives de l'action parlementaire dans un contexte national et international mouvementé», répond à chacune de ces problématiques. Pas besoin de stock A propos des produits, le responsable indique : «Je ne pense pas qu'il faille faire un stock de sécurité». «Les prix doivent être en baisse à cet effet», avance-t-il. Quant à la Covid, il met en avant la «disponibilité» des vaccins. Concernant la sécheresse, il estime que le problème est énorme puisque «des plans dédiés n'ont pas été exécutés». «La sécheresse a dénudé cette réalité», ajoute l'orateur. Dans ce sens, il évoque la création d'un «groupe de travail thématique en charge du Plan Maroc Vert et la politique de l'eau». L'objectif ultime étant, tel qu'il le détaille, d'en faire une «évaluation objective» bien qu'il ne soit pas, pour lui, obligatoire d'évaluer les politiques. «Nous devons aider le gouvernement et le citoyen. Quand le Parlement travaille de la manière, le citoyen, qui ne voit que les audiences publiques, n'en est pas au courant alors que dans les coulisses le travail est énorme. Le Parlement œuvre avec force», lance-t-il clairement par la suite en s'arrêtant sur les audiences publiques. «Personne ne doit échapper à la responsabilité» S'agissant des remous survenant lors de ces audiences, M. Talbi Alami s'appuie sur le passage de partis qui étaient à la majorité vers l'opposition. Dans ce sens, il estime que certains «ne veulent pas reconnaître les résultats des élections». «Cependant, personne ne doit échapper à la responsabilité», enchaîne-t-il. Le tout en rappelant l'article 47 de la Constitution qui stipule la compétition sur les voix. Entre-temps, l'intervenant ne manque pas de revenir au cumul des crises. «Cela demande de la patience et de la sagesse en tempérant entre l'Etat et ses équilibres macroéconomiques entre autres. Pour conserver cela, il faut du calme. Nous sommes au final des Marocains et il y a des engagements», commente-t-il. Par l'occasion, il remonte à 2013 lorsque le chef de gouvernement à l'époque, Abdelilah Benkiran, a décrété une coupe budgétaire de 15 milliards DH. Dans ce sens, l'orateur ne se veut pas prolixe puisqu'il dit en ignorer les raisons. «Cependant le gouvernement actuel a mobilisé ce montant pour conserver les postes d'emploi», clarifie l'intervenant en s'exprimant sur la dernière circulaire du chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, destinée à créer des mesures pour venir en aide à l'entreprise. «Nous pouvons bien prendre le budget d'investissement pour le consommer en baissant les prix mais cela va créer une faillite chez les entreprises. Nous avons besoin de l'entreprise pour l'emploi et nous voulons conserver la production des richesses à la fois. Nous voulons, dans ce sens, aller jusqu'au bout», ajoute-t-il en donnant l'exemple du BTP qui emploie 900.000 postes. De l'image du Maroc et un nouveau règlement intérieur Pour le responsable, la majorité et l'opposition doivent abonder conjointement dans la même logique. «Les positions diffèrent et le Maroc est à nous tous et personne ne veut qu'il soit perdant», commente-t-il. A son sens, le Royaume est devenu «un acteur provincial dans le nouveau monde». «Il a une parole respectée. Alors comment le Parlement doit-il se comporter ?», s'interroge-t-il. M. Talbi Alami saisit son passage pour révéler le travail du Parlement sur un règlement intérieur. Celui-ci comprend trois parties. Il s'agit de l'harmonisation avec les lois, la pratique quotidienne et du changement en nombre de groupes. S'agissant de l'harmonisation, il ressort l'autoévaluation des politiques publiques qui sera intégrée dans ce règlement. «Nous voulons également mettre une référence pour cette évaluation», annonce-t-il en rappelant que 79% des questions posées portent sur des secteurs tandis qu'elles ne peuvent être adressées au chef de gouvernement qui, lui, s'exprime sur la politique générale. «Ainsi nous ne donnons pas de matière à débattre au citoyen», indique-t-il en rappelant que certaines structures n'ont pas des relations «claires» avec le Parlement dont le président gère également la diplomatie en bonne et due forme. De même, les groupes œuvrant dans le cadre de cette diplomatie sont gérés sous un œil bienveillant tel qu'il le révèle. «Même avec les comités d'amitié, nous unifions nos visions», précise-t-il en mettant en avant la prédilection d'investisseurs internationaux pour la stabilité du Maroc de par la guerre en Ukraine. A propos de l'accès de journalistes au Parlement, il avance le chiffre de 600 alors que celui des députés est de 395. «C'est une problématique. Nous travaillons pour une alternance éventuellement», nuance-t-il. Quant aux marchés du Parlement, le responsable indique ne pas être habilité à répondre à la place de son collègue à la tête de la deuxième Chambre. «Le budget de ces marchés était déjà réservé. Au moment où la décision de M. Myara était prise, il n'y avait pas encore de guerre. S'il le savait, il l'aurait pas prise », tranche M. Talbi Alami. A l'égard du gouvernement, il estime, de plus, que celui-ci «n'a pas de chance puisque le début de son mandat coïncide avec trois crises».