Un imposteur se faisait passer pour employé du Palais Royal. De cette manière, il arnaquait les gens en promettant de régler leurs problèmes. Nous sommes à Fquih Ben Saleh. Abdellah se tient à la station des grands taxis. Ce jeune homme, élégant et au regard hautain, ne converse avec personne. Lentement, il avance vers un chauffeur et lui demande les taxis à destination de Khouribga. «Ils sont de ce côté», dit son interlocuteur qui retourne rapidement vers ses clients. Abdellah avance vers les grands taxis à destination de Khouribga. Il demande au chauffeur de lui réserver une place. Seulement, il ne lui prête pas attention. Abdellah lui demande une fois encore de lui réserver une place. Le chauffeur le sollicite de prendre place comme les autres voyageurs. Il monte tout en chuchotant à l'un des voyageurs que ces chauffeurs mettent tous les gens dans le même panier. Le voyageur ne lui répond pas et garde le silence. Mais Abdellah continue à parler. «J'ai laissé l'une de mes deux voitures à Rabat. L'autre voiture est tombée en panne près de Ben Ahmed. Pour la réparer, je l'ai conduite à Khouribga», explique-t-il au voyageur qui se contente d'opiner du chef. Le taxi met le cap sur Khouribga. Abdellah continue à parler au voyageur qui est assis près de lui. Ce dernier ne lui répond pas. Il l'écoute attentivement sans dire un mot. A mi-chemin, une «véritable» discussion s'engage entre les deux hommes. Abdallah lui affirme qu'il est un haut fonctionnaire à Rabat, qui a ses entrées dans les milieux importants du pays. «Je dispose d'une carte blanche qui me facilite les choses dans n'importe quel établissement public», ajoute-t-il. Le passager le supplie alors de lui trouver un emploi. Marchand ambulant de son état, cet homme rêve de travailler dans une collectivité locale. Arrivés à Khouribga, Abdellah et l'autre passager rentrent dans un café et s'attablent autour de deux petites théières. En engageant une conversation concernant l'emploi, Abdellah lui réclame en contrepartie une somme de 50.000 dirhams. Le passager lui explique qu'il ne dispose pour le moment que de 10.000 DH. Et, il lui promet de lui verser le reliquat après l'embauche. Marché conclu, le marchand ambulant se rend chez lui pour lui apporter l'argent. Il retourne, un quart d'heure plus tard, avec une enveloppe. Abdellah l'empoche et lui donne son numéro de téléphone. Une semaine plus tard, le marchand lui téléphone. Pas de réponse. Et Abdellah ne donne plus signe de vie. Le voyageur dépose une plainte. Et l'enquête a été lancée par la police judiciaire. Entre temps, le propriétaire d'un café est arrivé chez le policier. Il dépose également une plainte contre Abdellah. Comment l'a-t-il filouté? Abdellah rentre au café, s'assied et demande un café au lait. Un instant plus tard, il appelle le garçon et l'interroge : «Pourquoi vous n'avez pas mis des tables sur la terrasse ?». Il lui répond que les autorités l'interdisent. «Je peux vous aider à régler ce problème», lui dit-il. Le garçon de café en parle à son patron. Celui-ci quitte son comptoir et rejoint le client. Il lui demande des explications. Aussitôt, Abdellah se présente à lui comme un proche du Palais Royal. «Je connais un membre important de la famille royale», lui confie-t-il sans précision. La conversation s'engage entre eux et Abdellah lui promet de lui apporter une carte de privilège. Deux jours plus tard, Abdellah lui apporte une carte blanche barrée en diagonal en rouge et vert. Elle ne porte ni en-tête, ni nom, ni prénom, ni adresse. Rempli de joie, le propriétaire du café a ordonné à ses garçons d'installer les tables à la terrasse. Seulement, le lendemain, l'autorité locale débarque pour les saisir. Hors de lui, il leur décline «la carte blanche». Les policiers lui demandent alors de les aviser si Abdellah vient réclamer de l'argent. Quelques jours plus tard, l'imposteur téléphone au propriétaire du café et lui demande une somme de 30.000 DH. Alertée, la police se dépêche sur les lieux pour cueillir l'escroc.