Pour arnaquer ses victimes, un retraité d'un Office marocain, se présentant comme un cadre de la Direction générale de la Sûreté nationale, se faisait passer pour le frère d'une personnalité haut placée. Ahmed est sans emploi depuis belle lurette. Il a frappé à plusieurs portes. Mais en vain. Les réponses sont toujours les mêmes : «Nous n'avons plus de place vacante» ou «Nous avons besoin d'une personne ayant une expérience de cinq ans». Un jour, il a rencontré un homme, un quinquagénaire chenu. Son apparence impose le respect. Engageant une conversation sérieuse, Ahmed a été impressionné par cet homme qui s'exprime avec aisance dans la langue de Molière. L'homme, très élégant et souriant, s'appelle Hassan Nasri. Lors de la discussion, ce dernier a demandé à Ahmed si son nom de famille ne lui rappelle pas quelqu'un. «Non, je ne connais personne qui porte ce prénom», lui a-t-il répondu en souriant. Hassan lui explique que la personne en question est un haut cadre de l'Etat. "De l'Etat!", s'est-il exclamé. Et Hassan ne lui a pas laissé le temps de placer un autre mot. Il lui révèle ensuite le nom de la personne dont il se dit proche. «Ma sœur travaille au cabinet royal où elle a un poste important. Moi je suis un haut cadre de la Direction générale de la Sûreté nationale», a-t-il précisé sur un ton sérieux. Très heureux, Ahmed lui a même dit sa joie de l'avoir rencontré. Et il a commencé à se plaindre. Les difficultés à trouver un travail, l'argent qui manque pour subvenir à ces besoins les plus élémentaires… Il lui a expliqué qu'il a envoyé plusieurs demandes d'emploi. Mais en vain. Les réponses étaient négatives. Hassan lui propose alors ses services. « Je peux t'aider à trouver un emploi. Je peux même t'aider à immigrer vers n'importe quel pays européen, si tu le désires.», a affirmé Hassan avec une modestie toute feinte. Une lueur d'espoir passe soudain dans le regard d'Ahmed. Et depuis cet instant, sa vision de la vie a changé. Il n'est plus pessimiste. Par ailleurs, Hassan ajoute que le service n'est pas gratuit. Il lui a demandé une somme de 50 mille dirhams. Ahmed a fait l'impossible pour réunir la somme qu'il lui a remise. Les jours passent et Ahmed est sans nouvelles de Hassan. Il rêve déjà d'un poste dans une administration publique. Toutefois, Hassan n'a pas donné signe de vie. Ne sachant à quel saint se vouer, Ahmed a fini par déposer plainte au commissariat de police. Hassan est-il un escroc ? S'appelle-t-il vraiment Hassan Nasri ? Plusieurs questions taraudent l'esprit des policiers. Plusieurs mois se sont écoulés sans arriver à mettre la main dessus. Entre-temps, d'autres plaintes ont été déposées contre la même personne. Ces plaintes proviennent de plusieurs villes marocaines dont Casablanca, Rabat et Salé. Une trentaine de victimes lui ont versé d'importantes sommes d'argent allant de 5 à 60 mille dirhams. Tout au long de ces mois, la police et les gendarmes n'ont pas ménagé leur efforts. Ils ont mené des investigations approfondies. Mais en vain. Il fallait le piéger, avec le concours d'une victime, pour le mettre hors d'état de nuire. Lundi 21 novembre, les éléments de la Gendarmerie royale de la commune de Sahel, Ouled Hriz, province de Berrechid, ont réussi à l'appréhender. Bientôt l'escroc comparaîtra devant la justice pour répondre de ses actes. Avec comme chefs d'accusation usurpation d'identité et escroquerie.