Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero a appelé jeudi l'Union européenne à soutenir "plus activement" le Maroc, un pays "victime" de la pression migratoire des subsahariens, et pressé l'Algérie à "coopérer activement" dans le contrôle de ces flux de clandestins qui passent par son territoire. Au cours d'une rencontre avec la presse, à Madrid, le chef de l'exécutif espagnol a annoncé qu'il interviendra personnellement auprès de ses pairs lors du Conseil Européen des 27 et 28 octobre à Surrey (Grande Bretagne) pour souligner "la nécessité urgente que l'Union européenne appuie plus activement le Maroc" dans ses efforts de lutte contre l'immigration clandestine. Sur le plan régional, a dit M. Zapatero, l'Espagne est en train de "redoubler" d'efforts pour que d'autres pays et "particulièrement l'Algérie coopèrent activement dans le contrôle" de ce flux de subsahariens qui ont envahi le Maroc, en provenance de l'Algérie, avant de mener des assauts contre les présides de Sebta et Melilia. "Le Maroc est lui aussi victime de la pression migratoire", a relevé le président du gouvernement espagnol en présence d'une forte assistance, notamment une dizaines d'ambassadeurs européens. "Le Maroc vit déjà avec ce problème. Et chaque jour qui passe on exige que le Maroc coopère au maximum, mais la riposte n'est pas facile parce que nous avons affaire à un problème qui n'est pas strictement d'ordre public", a souligné M. Zapatero. Le chef de l'exécutif espagnol a fait l'éloge des efforts consentis par le Maroc en matière sécuritaire, relevant que le Royaume a déjà déployé quelque 5000 hommes et procédé à l'arrestation de quelque 6000 subsahariens qui campaient dans les environs de Sebta et Melillia. Outre les appels à l'aide nécessaire de l'Union européenne et une implication sérieuse de l'Algérie, l'Espagne est sur le point de finaliser des conventions de rapatriement avec le Mali et le Ghana pour pouvoir expulser les ressortissants de ces pays entrés clandestinement à Sebta et Melillia. Mais au delà de ces arrangements juridiques et de l' "indispensable" soutien de l'union européenne, l'effort économique pour contenir cette pression migratoire illégale doit porter sur le fond du problème qui est "la terrible sécheresse" et la "famine" qui sévissent dans les pays au Sud du Maroc, a estimé M. Zapatero. "Il faut réduire le fossé de prospérité entre l'Espagne et le Maroc qui est le plus profond au monde" entre deux pays voisins, soit un écart de revenu de 1 à 5, a plaidé également le président du gouvernement espagnol. Pour M. Zapatero, "L'horizon sera difficile dans les prochaines années si l'ensemble de l'Europe ne fait pas un effort sérieux", notamment par la relance du processus euro-méditerranéen de Barcelone comme instrument pour combattre le sous-développement.