Le discours du président algérien, M. Abdelaziz Bouteflika prononcé, lundi à Tizi Ouzzou, a été perturbé par des citoyens partisans des mouvements et partis défendant les revendications identitaires kabyles, rapporte mardi la presse algérienne qui reproduit une photo montrant des jeunes en colère incendiant le drapeau algérien. "Cantonnés d'abord à l'extérieur du stade du 1er novembre, des centaines de citoyens de Tizi Ouzou ont pu forcer le cordon de sécurité et défoncer le portail pour accéder ensuite à une partie des tribunes. Tout le long du discours du président -consacré à la promotion de la charte pour la paix et la réconciliation- des slogans hostiles au pouvoir central , genre +pouvoir assassin, Ulac Smah Ulac (nom au pardon) etc.. n'ont cessé d'être scandés à gorge déployée au point d'étouffer les hourras et les applaudissements de l'assistance", rapporte le journal "Liberté". L'assistance pro-référendum a été ramenée des wilayas kabyles de Boumerdès et de Bouira, qui ne vibrait d'ailleurs qu'à la seule évocation de ces deux wilayas dans le discours de Bouteflika, note le journal. L'évocation par le président Bouteflika des noms des martyrs de l'Algérie originaires de la région n'y a rien fait. Les protestataires "envahissent carrément les autres parties de la tribune en arrachant violemment les banderoles accrochées. L'une d'elle annonce triomphalement +la Kabylie et la JSK (NDLR : équipe de football) souhaitent la bienvenue au président de la république), pour les brûler ensuite". Le journal "Achourouq" s'indigne pour sa part de ce que les protestataires aient brûlé le drapeau national, en illustrant ce fait par une photo à la "une" montrant des jeunes en colère incendiant l'emblème de leur pays. Les journaux relèvent aussi les réactions très mitigées à propos du contenu du discours de Bouteflika dans lequel il évoque la question de la langue amazigh, en se contentant simplement de dire que personne avant lui n'a osé considérer cette langue comme langue nationale, et que s'il avait recouru au référendum pour son officialisation, le peuple algérien l'aurait rejeté. "Nous sommes tous amazighs", a-t-il lancé, refusant à un quelconque parti ou mouvement de s'arroger l'apanage de l'amazighité. Le journal "El Watan" rapporte, pour sa part, qu'"une partie des gradins du stade laissée vide par mesure de sécurité, a été prise d'assaut par ces jeunes qui feront presque le tour des gradins pour chahuter le président et tous ceux qui ont été ramenés pour l'applaudir" . "Arrivés au niveau des gradins faisant face à la tribune présidentielle, le groupe de jeunes +est pris en charge+ par des policiers en civil. Imperturbable, le président continue à discourir sur son projet de charte". Quelques instants après avoir quitté le stade du 1er novembre , il a été signalé que le programme de la visite a été chamboulé. "Craignant des débordements, les services de la présidence ont préféré annuler la visite du président à l'université Mouloud Mammeri, où l'attendaient de pied ferme un grand nombre d'étudiants, et aussi l'inauguration du pont du carrefour du 20 avril (inauguré déjà par le ministre des travaux publics) à quelques mètres de l'université", révèle le quotidien. Les compte-rendus de presse relèvent par ailleurs dans le discours du président algérien, la réaffirmation de la position d'Alger concernant "la conclusion d'un traité d'amitié" avec la France. Il a souligné à ce propos que "nous sommes prêts à signer le traité d'amitié, pour peu que la France reconnaisse ses responsabilités dans les dégâts causés lors de la guerre de libération".