La dernière hausse des prix du carburant ne sera pas répercutée sur les tarifs du transport. C'est ce qui a été décidé à l'issue d'une réunion tendue de la Fédération des transporteurs. Les opérateurs ont adressé une série de recommandations au gouvernement. Moins de 24 heures après l'annonce de la hausse du prix du gasoil et de l'essence, la Fédération des transporteurs affiliés à la CGEM battait le rappel des troupes. Lundi, à Casablanca, la rencontre a été tendue. Certains opérateurs réclamaient une répercussion directe des hausses sur les prix du transport. «Pour le moment, nous privilégions la voie du dialogue avec le gouvernement», déclare Abdellilah Hifdi, président de cette fédération. Dans le communiqué publié à l'issue de cette réunion, la fédération réitère sa demande concernant «la nécessaire et urgente mise en œuvre par le gouvernement des actions de mise à niveau du secteur du transport routier et notamment celles prévues et découlant du programme signé en mars 2003 entre la FNTR et le ministère de l'Equipement et des Transports». Ledit programme est censé rendre le marché plus transparent et favoriser la mise au niveau du secteur. Concrètement, la FNTR réclame la publication périodique d'un tarif de référence par un organisme officiel, la promulgation d'une loi anti-dumping «pour réduire les effets néfastes de la concurrence déloyale», lit-on dans le communiqué. Les opérateurs demandent aussi la mise en œuvre de mécanismes de régulation et d'assainissement du marché au moyen d'un contrôle technique et administratif adéquat, la lutte contre l'informel… Bref, autant de mesures à appliquer dans un délai rapide en vue de la prochaine Loi de finances sans toucher aux équilibres fondamentaux de cette dernière comme le rappelle Saâd Raïssi, président de la section des transporteurs urbains affiliés à la FNTR. « Le transport étant, dans une très large part, une charnière de production, la diminution de la TVA par exemple, améliorerait la situation des transporteurs sans priver l'Etat de ressources du fait du mécanisme de la déductibilité de cette taxe. On peut imaginer aussi une déductibilité d'une partie des taxes sur le carburant qui pourrait être octroyée aux seuls opérateurs exerçant formellement cette activité selon un barème propre à chaque mode de transport, à l'instar de ce qui est fait dans les pays du Nord». Selon les transporteurs, de telles mesures auront le double avantage de combattre l'informel et de faire émerger une flotte nationale de transport routier de marchandises à l'international. Actuellement, sur le segment du TIR, 9 camions sur 10 seraient immatriculés à l'étranger. En moins d'une année, le prix du gasoil a augmenté d'environ 21%. Entre le 25 août 2004 et le 7 août 2005, le litre est passé de 5,76 à 6,96 dirhams. «C'est un coup dur pour l'entreprise de transport», note le même Raissi : «En plus des résultats financiers négatifs enregistrés depuis plusieurs années, le secteur n'a nullement la possibilité de repercer les hausses successives qu'ont connues les différentes composantes de son prix de revient sur ses tarifs.La surcapacité chronique de l'offre par rapport à la demande reste le grand problème du secteur. Selon les opérateurs, 65% des parcours sont à vide. «Nos gains de productivité sont saturés. «En l'absence de mécanismes de régulation, ce marché restera toujours caractérisé par une très grande opacité », rappelle M. Hifdi. Pour appuyer ses propositions, la Fédération des transporteurs affiliés à la CGEM a adressé une lettre au Premier ministre. «C'est notre ultime voie de recours, tance Hifdi, qui déclare avoir demandé il y a un mois une audience au ministre de l'Equipement et des Transports, Karim Guellab. Sans succès. «Nous attendons d'abord la réponse de la Primature avant d'agir », rappelle le président de la FNTR, persuadé que si rien n'est fait, le mécontentement des transporteurs pourrait aller jusqu'à la grève en septembre. La rentrée promet d'être chaude pour une augmentation qui, somme toute, est de 50 centimes.