La Fédération du transport relevant de la CGEM a décidé, jeudi, d'augmenter de 8% le tarif du transport public de marchandises à partir de juin prochain, en réaction à la hausse des prix des carburants décidée lundi dernier par gouvernement, a annoncé son président, M. Abdelillah Hifdi. "La Fédération a décidé de répercuter l'augmentation des prix des carburants intervenue le 16 mai 2005, ainsi que celle décidée en 2004, sur le prix du transport public de marchandises", a déclaré à la MAP, M. Hifdi à l'issue d'une réunion de la Fédération consacrée à cette question. "Cette hausse constitue un ajustement des prix, le transporteur ne peut en aucun cas subventionné les autres secteurs de l'économie. Elle va permettre uniquement au transporteur d'exercer sa profession dans les mêmes conditions qui prévalaient avant cette augmentation, sachant pertinemment que les prix appliqués actuellement sont déjà très bas par rapport à la réalité des coûts et des charges que le transporteur supporte", a-t-il précisé. La Fédération a également décidé d'engager des discussions avec le ministère de tutelle sur des mécanismes permanents à mettre en place pour réguler "automatiquement" les répercussions des prix sur le secteur du transport. "Des indices font état d'une future augmentation du prix du baril du gasoil sur les marchés internationaux", a-t-il fait savoir, mettant l'accent sur "l'impératif d'avoir des mécanismes automatiques de répercussions des hausses qui vont intervenir dans le futur et qui risquent d'être beaucoup plus importantes". Si la répercussion de la hausse du prix international du pétrole sur le consommateur national du gasoil est logique dans le système de vérité des prix, il n'est pas moins rationnel dans le cadre d'une économie du marché de mettre en place un mécanisme tendant à neutraliser les augmentations sporadiques du prix du gasoil sur le secteur du transport, étant donné les spécificités de l'activité du transport routier, qui consomme une part importante au plan national, a-t-il estimé. Ce mécanisme, qui consiste à appliquer un prix spécial pour le gasoil utilisé par les professionnels du secteur du transport routier, évitera de plonger définitivement celui-ci dans le processus de déflation ou de le glisser vers une situation d'inflation rampante provoquant le dysfonctionnement du système de transport routier, auxiliaire indispensable de toutes les autres activités de production de biens et services. Interrogé sur l'éventualité de la non-application de cette hausse de 8%, M. Hifdi a tenu à souligner qu'au moment où "on impose aux transporteurs un surcoût, ils seront certainement tentés de procéder à des surcharges, mettant ainsi en danger le véhicule en circulation, ce qui ne manquera pas de dégrader les infrastructures routières et d'entraîner un surcoût pour la productivité". De même, le transporteur dans sa lutte pour la survie avec les surcoûts, serait obligé de recourir à l'exercice illégal de la profession avec le non-respect de la réglementation en vigueur et des fuites en avant (la surcharge, les prix bas, les délais de paiement allongés...), ce qui nuirait à la productivité d'un secteur colosse, a mis en garde ce professionnel du secteur. Dans une lettre adressée mardi au ministre de l'Equipement et des Transports, la Fédération déplore l'absence de mesures d'accompagnement durant la période transitoire 2000-2003 prévues pour préparer le secteur à évoluer dans le cadre d'une économie du marché, après la suppression de la fixation des tarifs du transport de marchandises et de l'encadrement, assuré auparavant par l'Office National de Transport en tant que répartiteur du fret et coordonnateur des opérations du transport. (Par Hicham El Alaoui)