Les enfants du Maroc continuent à souffrir le calvaire de la maltraitance. L'agression sexuelle arrive en tête des abus. Les derniers chiffres de l'ONDE sont éloquents. La maltraitance au Maroc n'est pas un secret de polichinelle. Cependant, ce phénomène est en recrudescence et touche de plus en plus les enfants. En effet, le problème de la maltraitance des enfants sévit toujours dans le Royaume. Bien que le Maroc a ratifié, en 1993, la Convention des droits de l'enfant et a adopté entre autres la déclaration de Stockholm en 1996, visant la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, ses enfants continuent à souffrir le calvaire. Les statistiques fournies par le centre d'écoute de l'Observatoire national des droits des enfants (ONDE) durant la période janvier-avril 2005, sont alarmantes. Le problème de la maltraitance revêt différentes formes. Sur les appels reçus durant cette période, 51 % de ces derniers concernent les agressions sexuelles, 31 % sont dus à l'agression physiques et 10 % à la négligence. «En effet, la situation de la maltraitance des enfants est très préoccupante. Selon les données recueillies par le centre d'écoute, l'agression sexuelle est la plus prédominante. Elle dépasse 50 % aussi bien en 2004 qu'en 2005», souligne M. Saïd Raji, le directeur exécutif de l'ONDE. Et d'ajouter : «il convient de préciser que les statistiques du centre ne reflètent pas d'une manière générale la vraie situation de la maltraitance dans le Royaume. Plusieurs cas échappent au centre». Le milieu rural est également concerné par ce phénomène comme les grandes villes urbaines. Durant ce premier trimestre, le Centre a enregistré en milieu rural 13 cas d'agressions sexuelles et 5 autres physiques. Les enfants de sexe masculin sont de plus en plus victimes de violence sexuelle. Sur 36 cas d'agression, 20 sont des garçons. Concernant l'agression physique, on note 12 cas pour les garçons et 10 pour les filles. Ce qui attire le plus l'attention et qui est le plus indignant, c'est que le phénomène de maltraitance touche de plus en plus les enfants à bas âge. Selon la même source, les enfants âgés de moins de 6 ans ne sont pas épargnés. Sur 14 cas de maltraitance, 8 sont dus à des agressions sexuelles, 3 concernent la violence physique et 2 dus à la négligence. Les plaintes sont émises soit par les parents (70 %), les associations (20%) soit par les proches (8 %). Rarement par les enfants victimes de la maltraitance (1 %). Par ailleurs, ces appels proviennent entre autres de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs (26%), Souss Massa-Daraa (21 %) et de Laâyoune-Boujdour-Sakia Lhamra (11 %). Les agresseurs sont des étrangers (31 %), les voisins (24 %), les parents (21 %), les éducateurs (15 %) et les proches (8%). Nul besoin de souligner les retombées néfastes de ces abus à moyen et long termes sur les enfants. Ainsi, pour lutter contre ce vice qui ronge la société, plusieurs campagnes de sensibilisation destinées au grand public ont été organisées ces dernières années. L'objectif principal étant de briser le tabou et de rompre le silence sur une réalité catastrophique. « Les gens commencent effectivement à prendre conscience de l'ampleur du problème et de la nécessité d'en parler. Ils sont de plus en plus à dénoncer les coupables des agressions et ne considèrent plus la situation de l'enfant victime de l'agression comme déshonorante à la famille. Avant, c'était «hchouma» de déclarer que mon fils ou ma fille a été victime d'agression. Actuellement, les choses changent et ceci grâce aux campagnes de sensibilisation.», explique M. Raji. «La lutte contre ce phénomène nécessite la conjugaison de toutes les forces de la société civile et de l'Etat. Plusieurs mesures doivent être mises en œuvre pour prendre en charge ces enfants maltraités médicalement et psychiquement. La création, entre autres, de centres pour la prise en charge de ces enfants dans les hôpitaux régionaux s'avère nécessaire. En outre, le plan d'action national en faveur de l'enfance pour la décennie 2005-2015 est une avancée», ajoute-t-il.