Créé il y a à peine un an à Agadir, «Timitar» occupe déjà une place privilégiée dans la cartographie des grands festivals internationaux. Pour répondre à la soif du public, il revoit à la hausse et sa durée et le nombre des participants. Entretien avec Brahim EL Mazned, directeur artistique de cet événement. ALM : En quoi la 2ème édition de «Timitar» sera-t-elle différente de la précédente ? Brahim El Mazned : Cette année, «Tmitar» va durer huit jours au lieu des cinq l'année dernière. Question programmation, «Timitar» 2005, prévu du 2 au 9 juillet 2005, fera participer 45 ensembles artistiques, d'ici et d'ailleurs, qui vont offrir au public une fête et une joie de partage sur trois sites à Agadir : Place Al Amal, scène Bijawane et le Théâtre de verdure, en sachant que chaque place a son esprit et sa particularité. Sur les trois sites, les musiques amazighes et les musiques du monde se tutoieront. La Place Al Amal, espace pour grand public, abritera l'ouverture et la clôture du festival. Ici se produiront des artistes tels que Moha O Hammou Zayani, Oudaden, Nass El Ghiwan, Ismaël Lô, Alpha Blondy, Raul Paz, les Tambours de Brazza, Faudel… La Place Bijawane, espace pour jeune public, sera réservée aux spectacles jeune public. On peut y admirer le groupe franco-algérien Gnawa-Diffusion, le Peuple de l'Herbe (un des plus grands groupes de Hip-Hop en France), le groupe anglo-hindou Malkit Sing mais aussi Nojoum Aït Baâmran, Amerg-Diffusion et la génération de jeunes groupes de Hip-Hop national qui vont présenter un travail de création produit par le Festival d'Agadir, entre autres «Aminoffice» et «Fneyr». Le Théâtre de verdure, espace qui nécessite une certaine intimité et proximité avec le public, abritera, lui, une programmation de Jazz. Dans ce registre, il y aura un concert produit par « Timitar » et le festival espagnol El Mercato de musique viva de Vic : « The medecine show». On y trouve également la chanteuse afghane Mahwache, l'ensemble maroco-néerlandais Washm, Lotfi Bouchnak, l'ensemble Rum Tarek Al Nasser (Jordanie, l'Orchestre symphonique amazigh, un groupe de Guedra (Laâyoune), les Roudanyates… Vous portez visiblement un grand intérêt à la production et à la co-production. Souhaiteriez-vous faire de «Timitar» un laboratoire de créativité ? Un festival ne doit pas être un événement estival, il doit être rythmé pendant toute l'année par un dialogue avec les artistes pour les aider à monter des projets pour le festival lui-même. Cette année, «Timitar » a co-produit avec d'autres partenaires un travail dans le domaine de Rap-Hip-Hop dont ont bénéficié une vingtaine de jeunes talents de la région Souss-Massa-Draâ et de tout le Maroc avec le soutien de la Région de l'Hérault (France). Ces artistes se produiront dans le cadre de « Timitar 2005 » et deux CD sortiront avant le festival. Le 2ème projet est une création de Jazz co-produite avec le festival de Vic, avec le soutien du ministère de la Culture espagnol. C'est une création musicale produite par les deux festivals, elle réunit les musiciens marocains Driss Maloumi (luthiste), l'Houcine Baker (percussionniste), Rachid Zeroual (ney) et le batteur Xavier Maureta, le pianiste Albert Bover, le saxophoniste Llebert Fortuni et le contrebassiste Raymond Ferrer. En étant destiné au préalable à l'art et à la culture amazighe, «Timitar» voulait, paraît-il, revendiquer une identité. Mais vu la programmation, une grande place est réservée aux différents styles de musique internationaux. Serait-ce là un paradoxe ou un choix d'ouverture délibéré ? «Timitar» n'est pas un festival communautaire. Dans un territoire où il y a une dominance artistique amazighe, à savoir la région Souss-Massa Draâ connue, de par son histoire pour avoir toujours été un espace de migration et d'immigration, il est naturel que «Timitar» assume son identité, son cosmopolitisme et ses choix d'ouverture, d'hospitalité et de tolérance. L'esprit de rencontre trouve ainsi toute sa signification. Ahwach et musiques urbaines se côtoient dans une atmosphère de symbiose. En invitant des troupes locales et des célébrités du monde du spectacle, «Timitar» veut favoriser cette atmosphère et faire la part des goûts. Pourriez-vous nous dire quelle place occupe «Timitar» dans la cartographie nationale des festivals et quelles sont ses retombées directes sur l'économie de la région Souss-Massa-Draâ ? Un festival ne doit pas être uniquement un levier d'attraction touristique, sinon il devient un événement d'été. Un festival a besoin d'un temps pour fidéliser le public. «Timitar» y tient là sa clef de réussite. En dépit de son très jeune âge, «Timitar» est déjà dans le circuit des grands festivals internationaux. Les centaines de milliers de spectateurs qui ont sillonné les sites du festival ont témoigné de la réussite de l'édition précédente de «Timitar». Les artistes et les médias, nationaux et internationaux, ont également témoigné de la capacité de ce festival à surprendre.