En plus de l'accord avec les pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac), la RAM est sur le point de concrétiser la reprise d'Air Gabon International. Forte de son expérience sénégalaise, la RAM part à la conquête du ciel africain. La compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) est sur la voie de contrôler la compagnie Air Gabon International. La date du 12 juin est décisive pour la défunte société Air Gabon. Elle doit, à cette date, rendre l'ensemble des avions encore sous sa tutelle. Le président gabonais, Omar Bongo, a déclaré récemment à la presse locale qu'il avait l'intention de créer une nouvelle compagnie aérienne nationale dénommée “Air Gabon International” pour remplacer l'actuelle société Air Gabon, lourdement endettée. Après l'expérience tentée au Sénégal, avec la création d'Air Sénégal contrôlée à hauteur de 51 % par la RAM, la compagnie nationale est en phase de reproduire le même schéma. De source proche du dossier, l'annonce officielle ne serait trader. Des questions relatives à la gestion du passif ainsi que le redéploiement du personnel d'Air Gabon subsistent. Aussitôt ces questions dépassées, plus rien ne retiendrait l'entrée en exercice de la nouvelle entité. Selon les informations véhiculées par la presse gabonaise, la future compagnie n'assurera que les vols internationaux. Elle embauchera une partie du personnel d'Air Gabon. Les agents les plus âgés prendront leur retraite, les autres iront soit en pré-retraite ou simplement limogés, a expliqué le président Bongo. Air Gabon s'était empêtrée dans d'énormes difficultés de gestion. Le chef de l'Etat gabonais s'est dit déterminé à "tout mettre en oeuvre en vue de la restructuration et la sauvegarde de cette entreprise emblématique", "porte-étendard" du Gabon à l'étranger. En conséquence, il a demandé à son ministre des Transports de lui soumettre rapidement un plan de sauvetage de la société qui traîne une lourde dette d'environ 60 milliards de FCFA. La solution marocaine paraît prendre le dessus. Le Premier ministre gabonais, Jean François Ntoutoume Emane, avait déclaré devant les sénateurs qu'Air Gabon était en cessation de paiement. "1.100 agents pour parfois un seul avion qui vole, c'est beaucoup trop", a ainsi estimé Jean-François Ntoutoume Emane. Le chef du gouvernement a également indiqué devant le Sénat que la survie d'Air Gabon passait par un soutien "urgent" de l'Etat d'un montant de 13,5 milliards de francs CFA (près de 20 millions d'euros) pour l'année 2005. "Cette charge ne peut pas être supportée entièrement par l'Etat", a toutefois indiqué M. Ntoutoume Emane, mettant en avant la rigueur budgétaire imposée au pays par le Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre d'un accord dit de confirmation de quatorze mois signé en juin 2004. La société ne respectait plus ses plans de vol. Plusieurs de ses avions ont été régulièrement saisis pour diverses raisons. Air Gabon a été créée en 1977. Son capital était détenu par l'Etat gabonais et Air France. La société française s'est retirée du capital d'Air Gabon en 2001, alors que l'entreprise était déjà empêtrée dans des difficultés financières. Selon les observateurs, l'avenir d'Air Gabon a encore été fragilisé par le lancement en février 2005 de la compagnie Air Cémac, un partenariat entre les Etats de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) et la compagnie Royal Air Maroc. Selon cet accord, Air Cémac va disposer au Gabon et pour cinq ans de l'exclusivité des vols intercontinentaux, de loin les plus rentables. Selon les mêmes sources, cet accord tarde à voir le jour. Les spécificités des compagnies, surtout la Camerounaise et la Tchadienne , pèsent lourd sur le devenir de la région. Certains vont jusqu'à dire que Air Cémac est un projet mort-né. « Bien au contraire, le projet est toujours d'actualité. Reste à surmonter les difficultés rencontrées », tient à rassurer un haut cadre de la RAM. Toutefois, d'autres y voient une main invisible, celle de l'ancienne puissance régionale personnifiée par Air France. Selon eux, le management de la compagnie franco-néerlandaise, sous la houlette du très charismatique Jean-Cyril Spinetta, son président, ne tient pas à perdre son influence dans la région. Aussi, le jeu vaut assurément la chandelle. Le billet Libreville–Paris est commercialisé à presque 12 000 DH pour un trajet de 6h, alors qu'à titre comparatif, Abidjan-Casablanca coûte à peine 7000 DH ! Air Gabon desservait 18 destinations, dont 15 en Afrique, avec ses trois appareils et des avions en location.