Réunis à Libreville, les chefs d'Etat de l'Afrique centrale se sont mis d'accord pour le lancement d'Air Cemac. Cette compagnie pilotée par la RAM a besoin de 220 millions de dirhams pour voler. La configuration de l'imminente Air Cemac, compagnie aérienne de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, ne reproduit pas fidèlement le modèle d'Air Sénégal International, détenue à 51% par l'Etat marocain. La nouvelle entité sera répartie entre un holding - qui contrôlera la flotte, le personnel technique et assurera la maintenance - et plusieurs filiales nationales. Ce sont à celles-ci que sera rattaché le personnel au sol des compagnies nationales déjà existantes. A leurs charges, également, le budget et les opérations commerciales et marketing. De son côté, la RAM, partenaire stratégique, fournira le personnel navigant, de manière exclusive au départ. Les personnels correspondants des compagnies nationales passeront par une période de requalification et de sélection. Reste la question du financement. Le budget de départ, estimé à 15 milliards de F CFA (220 millions de dirhams environ), est déjà défini. Les actionnaires le sont beaucoup moins. Les milieux privés sont sollicités tout comme la BAD, actuellement en pourparlers avec les États concernés. Signe d'optimisme, le président de la Banque Africaine a été vu ces dernières 96 heures, à Libreville (lors du Sommet des chefs d'Etat de la CEMAC) et à Rabat, à l'occasion de la signature d'un prêt. Le retard pris dans le bouclage du budget serait-il la cause du report de l'annonce du lancement officiel de la compagnie? Le sommet de Libreville, bouclé ce vendredi, a accouché d'un simple engagement. Aucune précision en revanche concernant la date effective du démarrage. Tout au plus, sait-on que le décollage interviendra avant la fin de l'année 2005. Avec l'accord ainsi signé, la future Air Cemac hérite du droit du trafic inter-continental des pays respectifs. Disposant chacun de sa propre compagnie, le Gabon et le Cameroun auraient traîné les pieds dans les négociations. Pourtant, selon les spécialistes, ni Camair (plombée par une dette de 760 millions de dirhams) ni Air Gabon, qui doit 430 millions de dirhams à ses fournisseurs et aux banques, ne semblent disposer de moyens suffisants pour continuer à planer sur le ciel africain. Pour le Tchad, les réticences porteraient surtout sur les droits de trafic. Dans les faits depuis décembre 2004, les ministres des Transports de Centrafrique, du Congo, du Gabon et de Guinée équatoriale ont validé la création de la Compagnie, alors que le Cameroun et le Tchad avaient reporté leurs réponses. A signaler que ces différents pays ont opposé un niet catégorique à l'entrée d'Air France, déjà confronté à une autre filiale de la RAM, Air Sénégal International, dans le marché africain. Les déboires de la défunte Air Afrique, «lâchée » au moment où elle avait le plus besoin de soutiens extérieurs, y sont pour beaucoup dans ce barrage fait à la compagnie française. D'un autre côté, le succès rencontré par Air Sénégal International joint au lancement d'une compagnie low-cost, en 2004, font de la Royal Air Maroc, un candidat idéal pour accompagner Air Cemac.