La Royal Air Maroc va entrer dans le capital d'Air Mauritanie à hauteur de 51%. Décidé à Rabat, ce partenariat sera finalisé le 1er septembre à Nouakchott. Enjeux d'un rapprochement. Après Air Sénégal et Air Gabon, Royal Air Maroc sera le futur repreneur d'Air Mauritanie, une entreprise semi-privatisée depuis l'an 2000. Les contours d'un partenariat stratégique ont été tracés le 18 août 2006 à Rabat entre le Premier ministre Driss Jettou et le ministre mauritanien de l'Equipement et des Transports, Ba Ibrahima Demba. A l'issue de cette rencontre à laquelle ont également pris part Rachid Talbi Alami, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Affaires économiques et générales et les présidents des deux compagnies, il a été décidé d'une prise de participation majoritaire de 51% du capital d'Air Mauritanie par la Royal Air Maroc. Afin de concrétiser cette opération dans les plus brefs délais, une équipe de la Royal Air Maroc rejoindra Nouakchott le premier septembre 2006 en vue de définir les conditions de la prise de participation et d'entamer la gestion de la compagnie nationale mauritanienne. Ce rapprochement ne constitue pas une surprise. En décembre 2005, le ministre mauritanien de l'Equipement et des Transports, Ba Ibrahim Demba, avait déjà révélé l'existence des tractations avec des parties, dont la Royal Air Maroc, pour céder des actions d'Air Mauritanie. A cette date, la compagnie mauritanienne cumulait une dette de 9 milliards d'ouguiyas (300 millions de dirhams). Pour rappel Air Mauritanie, compagnie membre de l'IATA a été créée en 1962, soit cinq ans après la naissance de la Royal Air Maroc. La compagnie mauritanienne dessert actuellement dix destinations dont Paris (Orly), Abidjan, Dakar, Cotonou et Las Palmas. L'alliance stratégique avec la Royal Air Maroc constitue la deuxième expérience du genre pour Air Mauritanie, qui avait cédé 32% de son capital à la défunte Air Afrique peu de temps avant que celle-ci ne soit mise en bière. L'éviction de la compagnie panafricaine avait permis à Air Mauritanie de récupérer les droits de vols à l'international et, parallèlement, d'ouvrir son capital, mettant ainsi fin aux subventions étatiques. Les principaux actionnaires d'Air Mauritanie sont la Nationale d'assurances et réassurance (NASR, 40 %), la Banque mauritanienne de commerce international (BMCI), les Établissements Noueigued et Star Oil Mauritanie, sociétés de distribution pétrolière. La transaction étant bouclée, il reste à savoir combien la RAM mettra dans la corbeille pour acquérir Air Mauritanie. La RAM à la conquête de l'Afrique La liquidation d'Air Afrique au début des années 2000 avait ouvert le bal des acquisitions. Si jusque-là Air France, très présente sur le continent s'était montrée timide sur les alliances stratégiques, ce ne fut pas le cas de la RAM. La compagnie marocaine est entrée à hauteur de 51% dans le capital d'Air Sénégal en novembre 2000. Dans la corbeille, la compagnie marocaine avait apporté les fonds de roulement nécessaires pour les deux premières années d'exploitation et un Boeing 737-200 de 99 places. Le même schéma a été reproduit avec Air Gabon International. Majoritaire dans le capital (51%), la RAM a apporté dans son trousseau un B 757-200 et un B 737-200. Du pain bénit pour la compagnie gabonaise en cessation de paiement avec 358 millions de dirhams de dettes. Dernier épisode, la RAM qui était présélectionnée pour la reprise de la Camair (compagnie camerounaise, également endettée) a fait un repli stratégique sur la Mauritanie où elle a devancé Tunisair pour la reprise d'Air Mauritanie.