Le Premier ministre a répondu aux critiques des députés et leur a signifié que le Maroc n'a pas besoin de défaitisme mais plutôt de l'implication de toutes ses forces vives, notamment les partis politiques. Une semaine, jour pour jour, après sa déclaration-bilan devant la Chambre des représentants, le Premier ministre, Driss Jettou, s'est rendu lundi dernier à l'hémicycle pour un deuxième discours. Cette intervention est, en fait, une réponse à l'ensemble des réactions faites par les groupes parlementaires à la suite de sa prestation. Ce dernier a soulevé plusieurs points sur lesquels l'action de son équipe a été, parfois, sévèrement critiquée par les députés. Pour ce qui est du taux de croissance, tout d'abord, qui frôle les 4%, le Premier ministre a rappelé que le Maroc est étroitement lié à la zone euro, dans laquelle le taux de croissance ne dépasse guère les 2%. "Compte tenu de la situation de notre voisinage à l'Est et de la faiblesse des échanges économiques avec notre prolongement africain, nos indicateurs demeurent très honorables", a souligné Driss Jettou. Le Premier ministre a également profité de cette occasion pour soulever la question des chiffres avancés un peu partout au sujet du nombre d'emplois détruits dans le secteur textile après la fin des accords multifibres. La CNNS affirme que le nombre d'affiliés dans ce secteur a augmenté de 3 %. C'est un indice qui montre que la crise du textile n'est pas aussi grave qu'elle le paraît. En fait, la présence sur la scène publique de chiffres contradictoires porte sérieusement atteinte à l'image de marque du pays. Le classement qu'effectuent les instances internationales est souvent injuste à l'égard du Maroc. Le Premier ministre en est conscient. Pour ce faire, il a annoncé aux députés que "le gouvernement a débuté une réflexion au sujet d'une refonte de l'appareil statistique du pays". Driss Jettou a également soulevé la question du chômage, lors de son intervention devant les représentants du peuple. Le taux de chômage était, en 2003, de l'ordre de 10,8 % de la population active. Le Premier ministre a expliqué aux députés que la stabilisation de ce taux de chômage est en soi un indice encourageant. Et pour cause, cela signifie que l'économie marocaine est aujourd'hui capable d'absorber les nouveaux travailleurs estimés à 400.000 chaque année. En outre, la baisse de ce taux de chômage d'un seul point est également un indicateur prometteur, puisque cette baisse signifie concrètement que l'économie nationale a réussi à créer pas moins de 100.000 nouveaux postes d'emploi. "Ceci pour illustrer les efforts accomplis par le gouvernement en matière d'emploi, même si les résultats obtenus ne sont pas encore à la hauteur de nos aspirations", a reconnu le Premier ministre. Toujours en matière d'emploi, Driss Jettou a été catégorique et clair au sujet des diplômés chômeurs. Il a expliqué que l'Etat est, dans le contexte actuel, incapable de recruter tous les demandeurs d'emploi. Le dialogue est, certes, ouvert avec tous les diplômés chômeurs. C'est ainsi que le gouvernement s'est engagé à généraliser le système des concours à tous les postes à pourvoir dans l'administration publique. Par ailleurs, le gouvernement compte promouvoir les primo-demandeurs, c'est-à-dire ceux qui postulent pour un emploi pour la première fois. En clair, il s'agira de concéder quelques exonérations partielles ou temporaires aux entreprises qui recrutent un jeune fraîchement diplômé. C'est le cas, par exemple, des ingénieurs. Aujourd'hui, le Maroc forme 1.500 ingénieurs par an, toutes branches confondues. Or, le pays a besoin de dizaines de milliers de ces ingénieurs. Dans quelques années, l'Europe en nécessitera des centaines de milliers. A ce moment-là, le Maroc risque de connaître une hémorragie d'ingénieurs. D'où l'idée développée par le Premier ministre d'encourager la formation de jeunes dans les métiers d'avenir. En somme, Driss Jettou est allé au Parlement pour rassurer les élus et à travers eux l'opinion publique nationale. La santé de l'économie marocaine n'est pas catastrophique, même si le contexte national et international est extrêmement difficile. Certes, des efforts supplémentaires seront consentis. Mais pour cela, le Premier ministre rappelle l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) lancée par SM Mohammed VI le 18 mai dernier. Cette initiative signifie que le développement économique et social du Maroc est, bien évidemment, une responsabilité du gouvernement. Seulement, les partis politiques, les associations et les entreprises doivent également s'y mettre. Au travail donc.