Face à l'invasion du textile chinois bon marché, les Etats-Unis ont réimposé des quotas sur les importations de certains textiles chinois. Une mesure que Pékin juge contraire à l'esprit du libre-échange. Les Etats-Unis viennent d'imposer des mesures de sauvegarde pour tenter d'endiguer les importations massives de textiles chinois observées depuis la disparition des quotas le 1er janvier dernier. La décision de réimposer les quotas sur les importations de certains textiles chinois a été annoncée le vendredi 13 mai par le gouvernement américain. Ainsi, à partir de fin mai, les Chinois ne pourront augmenter que de 7,5 % le volume de leurs exportations dans trois catégories (chemises et chemisiers en coton, pantalons en coton et sous-vêtements en coton et fibres artificielles) en se basant sur la moyenne des 12 premiers des 14 derniers mois, selon une porte-parole du ministère américain du Commerce. Tout envoi dépassant ce volume sera bloqué en douane, a-t-elle ajouté. Parallèlement à l'imposition des mesures de sauvegarde provisoires, le gouvernement américain va demander l'ouverture de négociations avec Pékin sur ce problème, soulevé par plusieurs fédérations de producteurs textiles américains. «Nous allons ouvrir des consultations avec les Chinois pour trouver une solution qui permettra de développer le commerce dans un contexte libre de tous quotas», a indiqué le ministre du Commerce, Carlos Gutierrez. Aussitôt annoncée, la décision a été saluée par la fédération NCTO regroupant les principaux producteurs textiles des Etats-Unis qui y voient le moyen de "sauver des milliers d'emplois". «La décision rapide de réimposer des quotas prise par le gouvernement Bush aujourd'hui (vendredi) va sauver des milliers d'emplois aux Etats-Unis et nous en sommes extrêmement reconnaissants», a souligné le président de la NCTO, Cass Johnson. Ce dernier s'est particulièrement réjoui de la rapidité de la décision de Washington. «Il y a six semaines le gouvernement publiait pour la première fois des chiffres préliminaires complets sur les importations chinoises», a-t-il rappelé. «Trois jours plus tard, le gouvernement entamait lui-même une enquête sur les catégories les plus touchées par le flot d'importations et aujourd'hui, moins d'une semaine à peine après la fin de la période de commentaires sur cette enquête, le gouvernement a imposé de nouveaux quotas sur ces importations», a-t-il ajouté. Cette mesure n'a pas manqué de susciter le mécontentement de Pékin. En effet, la Chine a dénoncé samedi la décision de Washington de limiter ses importations de textiles "made in China". Dans un communiqué publié samedi, le ministre chinois du Commerce a déclaré que cette mesure prise par Washington «viole l'esprit du libre-échange et les principes de base de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)». Dés le 1er janvier, la Chine a inondé les marchés européens et américains de textiles bon marché. Cette invasion chinoise a provoqué de très vives inquiétudes chez les fabricants de ces pays ainsi que de leurs fournisseurs étrangers. L'arrivée massive de textiles chinois a inquiété aussi l'Union européenne (UE) qui devra peut-être prendre des mesures de restriction dans les semaines à venir. En effet, l'UE doit d'abord clore, d'ici au 28 juin, l'enquête ouverte sur neuf catégories de produits dont les t-shirts, pull-overs, chemisiers, bas et chaussettes ou soutiens-gorge. Cette enquête européenne pourrait déboucher sur le rétablissement de quotas qui viseront la protection du marché intérieur européen. L'Europe estime que les importations des différents produits incriminés ont augmenté depuis janvier entre 51% et 534%. Le marché mondial du textile, qui représentait 395 milliards d'euros en 2003, était encadré depuis trente ans par l'accord multifibre, qui protégeait notamment l'Union européenne, le Canada et les Etats-Unis. Les pays concernés sont autorisés par l'OMC à protéger temporairement leur marché d'un afflux trop soudain d'importations susceptible de déstabiliser leur économie.