Au cœur de l'actualité internationale, la déferlante commerciale des produits textile chinois était l'un des principaux objets de la récente visite d'une délégation chinoise au Maroc. Des solutions sont possibles. Les échanges commerciaux entre le Maroc et la Chine devraient bientôt prendre une nouvelle tournure. C'est l'idée qui prévalait au terme de la récente visite d'une délégation chinoise conduite par Yu Guangzhou, le vice-ministre chinois du Commerce. Celui-ci, venu rencontrer plusieurs responsables du gouvernement marocain, s'est vu présenter des données sur le volume des produits exportés de la Chine au Maroc dans plusieurs secteurs. Pertinemment examinés par les deux parties, ces volumes d'échanges sont appelés à être mieux réguler en vue de réduire le déficit commercial du Maroc, qui est de l'ordre de 6,2 milliards de Dhs. C'est ce qu'a indiqué Mustapha Mechahouri, le ministre du Commerce extérieur, au sortir d'une rencontre avec M. Guangzhou et ses collaborateurs, ainsi que l'ambassadeur de Chine à Rabat. Durant ces entretiens, l'accent a bien évidemment été mis sur les exportations ayant des répercussions négatives sur l'économie marocaine. A commencer par les produits textiles, introduits de façon massive et à des prix défiant toute concurrence. Déterminé à parvenir à des solutions adéquates, le gouvernement marocain a pris quelques résolutions pour le futur proche. Pour M. Mechahouri, il faut d'abord multiplier les rencontres, aussi bien au niveau du gouvernement, qu'au niveau des opérateurs économiques et des associations professionnelles. Il a ensuite annoncé que le Maroc a entamé une série de procédures, visant à contrôler la qualité des produits importés et faire face à la pratique illégale de la sous-facturation. Mais surtout, le ministre a mis en exergue la volonté du Royaume de développer un partenariat tripartite entre le Maroc, la Chine et l'Union Européenne (UE). Pour sa part, le vice-ministre chinois qui s'est dit très sensible et à l'écoute pour tout ce qui concerne cette question, a déploré les activités qui utilisent la sous-facturation des produits importés au Maroc, tout en appelant (curieusement) à la libération du commerce et la simplification des procédures administratives (au Maroc). Aussi, et proposant toute l'aide de son gouvernement, M. Guangzhou a encouragé les entrepreneurs marocains à venir en commercer Chine et nouer des partenariats dans divers domaines. Dans ce sens, il a examiné avec son homologue marocain les moyens d'augmenter les exportations des phosphates et des poissons vers la Chine. Il y va du renforcement et de l'élargissement de la coopération entre les deux pays, dit M. Guangzhou, qui préconise une politique ouverte et loyale, basée sur le respect de la réglementation en vigueur. Pour rappel, les importations du Maroc en provenance de la Chine ont atteint 6,613 milliards de Dhs en 2004, tandis que ses exportations n'ont pas dépassé 441,3 millions de dirhams, toujours pour la même année. Et cette tendance s'est confirmée à la hausse en cette année, puisqu'au premier semestre 2005, les importations de produits chinois au Maroc ont progressé de 41% atteignant près de 1,25 milliard de Dhs. En outre, ces exportations auront fait perdre, en un an à l'industrie marocaine du textile, plus de 95.000 emplois sur un total de 200.000. Au demeurant «l'invasion chinoise» touche plusieurs régions dans le monde. On retiendra d'ailleurs, que la visite de cette délégation chinoise intervient la semaine même où le ton est monté entre cette République populaire d'un côté, et les Etats-Unis et l'UE de l'autre. En cause, justement, les exportations de certains produits textiles chinois (dont les tee-shirts et fils de lin) ont agacé les hauts responsables de part et d'autre. Et, après la décision de Washington d'imposer des quotas sur quatre nouvelles catégories de textiles chinois, c'est au tour de la Commission européenne de brandir la même menace (mais jusqu'à fin 2005 seulement), en l'absence de mesures prises rapidement par la Chine.