Dans un nouveau roman que l'auteur publie au fur et à mesure «L'amour au temps du corona». Bien que ce titre rappelle celui d'un chef-d'œuvre mondial, l'auteur marocain Hicham Aboumerrouane y a judicieusement recours pour intituler son nouveau roman qu'il publie au fur et à mesure de son écriture. «Une façon nouvelle de faire de la littérature dans un monde qui va si vite…», exalte l'écrivain qui justifie abondamment son option. Pour lui, le choix du titre est «des plus intuitifs». Comme il l'explicite, les deux vocables, que sont le corona et le choléra, sonnent de même pour l'oreille d'un auteur. Le tout en ayant sa propre démarche. Mélange à l'imaginaire Selon Hicham Aboumerrouane, l'écrivain sait quand le tintement du mot lui est favorable, il sait le prendre de court, faire fi de sa signification ordinaire, et le «mêler à son imaginaire pour en faire un mot meilleur». A propos de son roman, il indique que ce travail fut un «accomplissement» du dessein littéraire. Quant à la passion, il estime que «l'amour que nous connaissions, que nous égarions, que nous amochions dans les temps ridicules et passés, se trouve changé aujourd'hui». Ce sentiment retrouve, pour lui, une vigueur littéraire, une aura presque intacte, une hauteur qui perce dans les cœurs esseulés. «L'amour est de retour au foyer. Ce qui veut dire son idéal. L'amour reprend ses forces et revient en trompeur. Mais les humains que nous sommes ne survivent pas à la désillusion», s'exprime le romancier. Que ce soit «L'amour au temps du choléra» de Gabriel Garcia Marquez ou «L'amour au temps du corona» de Hicham Aboumerrouane, l'essence est, pour celui-ci, la même. Hommage à l'écrivain défunt «Ce titre rival est aussi un hommage à l'écrivain défunt. Je me permets de lui faire cet hommage car il est à présent mort. Et je ne lis que les morts. Nous écrivains, nous entretenons toujours une correspondance de cœurs vis-à-vis des uns et des autres», détaille l'auteur marocain qui qualifie sa littérature de «corrompue». «Je n'ai jamais été un écrivain à thème. J'ai dû recaler une littérature égoïste qui ne se donne qu'au bon verbe. Une littérature plutôt ancrée dans son quotidien, pour une fois responsable, du moins, eu égard au thème. Peut-être par vanité, mais il me fallut bien concilier ce virus avec ma littérature», avoue-t-il. Sa littérature est aussi celle de l'absurde telle qu'il la décrit. Une littérature «quantique en faisant allusion à cette physique quantique où cette nappe spatio-temporelle est en ébullition». C'est pourquoi l'interprétation est du ressort du lecteur. «Je suis un ouvrier qui se soucie du seul verbe, qui le pousse jusqu'à l'implosion. Cela, pour récupérer son essence, la refourguer à un quelconque entremêlement esthétique. Un agencement singulier, pourvoyeur d'une idée nouvelle», détaille-t-il. Cela étant, la lecture d'un passage de l'œuvre, disponible gratuitement en ligne, donne une idée sur son personnage principal, un snob. Un protagoniste misanthrope et mieux éclairé «Mon personnage est un misanthrope mieux éclairé que le commun des mortels. Il ne conçoit la haine de l'autre que dans sa propre haine. Il sait comme nul autre que sa substance est identique à celle de son prochain. Aussi un misanthrope qui baigne dans le snobisme, frappé de masochisme», décortique l'auteur. Aussi, son personnage «ne peut être qu'un philosophe». Selon le romancier, ce protagoniste croit dur comme fer que toute chose participe de son contraire, ou n'est qu'une forme différente de son contraire. Ainsi l'amour tient de la haine, comme la haine de l'amour. Sérénité de l'auteur Interrogé sur son regard existentialiste, l'écrivain dit être «serein» tout en établissant des rapports avec son œuvre. «Un littéraire vit beaucoup dans sa tête. Nous n'accordons de crédit au réel que par l'emprise permanente à laquelle il nous soumet. Il faut en être conscient. Disons que le confinement est un retour à soi pour un être ordinaire. Une sur-réalisation de l'être intérieur pour un être littéraire», reconnaît-il. De plus, un écrivain voit, comme il le souligne, d'une autre sensibilité les états de son âme. «L'œuvre d'un mortel. Toute chose, aussi vivante, soit-elle, doit lui servir de moyens. Y compris l'auteur. Raison pour laquelle nous payons cher nos œuvres. Surtout si nous nous adonnons à la littérature de l'absurde. Ainsi, toute œuvre est une boucherie irréversible. Cela ne m'a pas empêché de mettre en ligne un roman pour le lecteur. Un roman que je publie au fur et à mesure de son écriture. Un roman gratuit», poursuit-il. Regard sur l'actualité Dans «L'amour au temps du corona», il est également question d'enseignement. L'auteur y livre un regard sur les apprenants. «Aussi, faut-il bien que ces têtes farcies de la chose élémentaire et scolaire puissent souffler en paix», enchaîne-t-il. Si l'on puisse tenter un rapprochement avec le cadre du roman, l'arrêt des cours équivaut, d'après l'auteur, à «une déviation vers le réel». Le scolaire est, pour lui, une sublimation de la vie, une démonstration vendeuse voire une mauvaise thérapie à la fois. «Car suffit-il que l'on embrasse la réalité pour que l'illusion entretenue par nos instituteurs, habillés en blanc, gardiens d'une représentation carrée, parte en fumée», avance l'écrivain. Pour son roman, la déviation fut celle où les camarades du personnage, Sara, eurent vent de la mort tragique du père de cette dernière. Une mort qu'ils lui mirent sur le dos. «Comme quoi le scolaire, dans sa simplicité, entretient une méchanceté insidieuse. Un ennui qui engendre la malice et la gratuité des actes. Un élève n'est jamais responsable. Il ne l'est que dans un échantillon faussé, trafiqué pour le besoin de séduire», lance-t-il. Aussi, la surprise du lecteur est grande lorsqu'il découvre que les amis de ce personnage féminin la qualifient de Satan. «D'un côté le choix du prénom est parfaitement arbitraire. D'un autre pas du tout», nuance Hicham Aboumerrouane qui, en tant qu'écrivain marocain francophone, tient à ce que ses personnages aient des prénoms marocains.