Ils constituent deux priorités du RNI dans le Maroc post-Covid Le Rassemblement national des indépendants (RNI) fait de l'enseignement et de l'emploi son cheval de bataille pour instaurer une véritable démocratie sociale. La plateforme maba3d-corona.com a ancré l'engagement pris par cette formation politique pour améliorer ces deux secteurs vitaux dans le Maroc post-Covid. Pour les 1.400 participants à cette plateforme, le confinement a fait comprendre aux Marocains que persévérer dans l'accomplissement de leurs tâches professionnelles quotidiennes est une véritable bénédiction. Par conséquent, il faudra utiliser ce fait pour cultiver les valeurs du travail chez le citoyen afin de faire avancer l'économie marocaine à l'avenir. Alors que les défis auxquels ont eu à faire face les acteurs du monde de l'éducation en général, et ceux de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique en particulier, constituent une opportunité pour transformer les modèles pédagogiques et le management universitaire au niveau national. Un secteur informel à secourir dans l'urgence Selon les participants à cette plateforme, les statistiques sur le secteur informel sont difficiles à estimer mais ce secteur a été touché de manière plus brutale, dans ce contexte de crise. L'impératif de sauver les vies a primé, heureusement. Ses conséquences économiques et sociales étaient inévitables. La majorité des contributions affirme que le dispositif de sauvetage a certes fonctionné, mais cette situation a révélé toute la précarité dans laquelle vit un pan considérable de la population. La crise Covid-19 aura toutefois permis une prise de conscience collective de l'insoutenabilité de l'informel et de l'urgence de raccorder les travailleurs de ce secteur à l'économie formelle. La précarité des emplois, cet autre fléau qui gangrène Nombreuses sont les contributions qui se sont exprimées sur ces Marocains qui travaillent et vivent avec la peur du lendemain. Journaliers des différents secteurs, salariés non déclarés, ils travaillent dur tout en portant un sentiment d'insécurité permanent. Le pire est que lorsque cette précarité est subie à leur insu, lorsqu'ils découvrent qu'ils ne sont pas déclarés, le jour où ils ont besoin de prestations de sécurité sociale, comme c'est le cas aujourd'hui. Absorber le chômage de masse Pour plusieurs contributeurs, tous les Marocains sont conscients qu'au bout du tunnel de la crise sanitaire, il faut relever le défi de la relance socio-économique. Ces derniers rappellent également que certains leviers ne sont pas envisageables à court et moyen termes. Dans un contexte de crise économique mondiale, d'incertitude, de reconsidération des paradigmes et de replis de toutes sortes, il est clair que le rebond des exportations, des investissements directs étrangers, des transferts des Marocains du Monde et du tourisme international ne se fera pas de sitôt. Pour redémarrer la machine il va falloir relancer la commande publique en accordant la priorité aux entreprises nationales tout en soutenant les PME et TPE qui constituent le poumon de notre économie. Selon eux, «il est nécessaire d'encourager et d'encadrer les projets et les idées des jeunes et les financer en répondant à l'initiative de Sa Majesté qui vise à réduire les intérêts bancaires pour tous les porteurs de projets, que ce soit en milieu urbain ou rural». Pour beaucoup, ce sont là des gisements d'emplois concrets, profitables, et à même d'absorber une partie du chômage induit par la crise. Et de poursuivre que «chaque année, le gouvernement doit pouvoir cibler des types de PME-PMI à créer et prévoir des budgets d'encouragement afin de créer des emplois viables pour les jeunes. Le gouvernement doit être capable de connaître les besoins de notre pays et orienter la création des entreprises». Les participants rappellent que l'autre point positif de la crise est le fait qu'elle ait révélé au grand jour l'importance du travail, de construire un pays fort, autonome et capable de prendre en charge toutes ses composantes quand il le faut. Cette période difficile pourrait être une aubaine pour insuffler le désir d'entreprendre, de viser l'excellence et de sortir enfin de toute forme de confinement avec la détermination d'aller de l'avant. Cet impact psychologique pourrait durer encore plus que tout le reste. L'enseignement en 2020 ! La crise sanitaire déclenchée par l'épidémie de Covid-19 a eu pour première grande conséquence la fermeture des écoles et universités, avec la mise en place, quand cela était possible, d'un enseignement à distance. Cette situation imprévue a mis en exergue la grande hétérogénéité du système éducatif et a fait ressurgir de nombreux débats sur l'éducation. Les contributions reçues reflètent totalement ces constats et réflexions sur l'avenir de l'enseignement au Maroc. Un système défaillant à réformer D'après toutes les contributions reçues pour ce thème, la fermeture des établissements et la mise en place, non anticipée, de l'enseignement à distance durant le confinement ont rappelé avec acuité les grandes lacunes de notre système. Entre un secteur public perçu comme profondément défaillant et un secteur privé considéré comme «trop coûteux et souvent sous influence étrangère», l'éducation nationale et l'enseignement supérieur sont largement pointés du doigt. D'après les différents participants, «l'enseignement est un secteur qui aura besoin d'une attention particulière puisque l'on s'est rendu compte de la nécessité de produire de la compétence nationale à grande échelle. Sous-traiter aux instituts étrangers la préparation d'une élite nationale, en nombre insuffisant et dont la majorité reste à l'étranger, s'est avéré handicapant». Soumis au révélateur de la crise du Covid-19, l'enseignement en 2020 au Maroc n'est pas à la hauteur des attentes des contributeurs. Les réformes espérées depuis longtemps apparaissent désormais comme encore plus urgentes. En temps de crise, les participants déclarent vouloir se tourner vers une école publique, garante des valeurs du Royaume, mais aussi gratuite. Si les familles avaient confiance en l'école publique, cela soutiendrait énormément leur pouvoir d'achat. Pour réformer l'enseignement, le rendre plus efficace et limiter l'abandon scolaire, de nombreux débats ressurgissent, à travers les contributions reçues qui portent entre autres sur la maîtrise des langues étrangères (l'anglais notamment) à côté des langues nationales, des programmes et des équivalences entre secteurs public et privé, etc. Accélérer la transformation digitale de l'enseignement Parmi les réformes plébiscitées, la digitalisation des enseignements apparaît comme la grande attente issue de la crise. Salués par les participants quand ils sont parfaitement utilisés par les établissements, les outils de cours à distance constituent également la grande lacune pour de nombreuses écoles et universités. Aujourd'hui, cette approche ne doit plus être un choix et constituer une priorité. Plusieurs voix estiment que la digitalisation, au-delà de la crise, est perçue comme une démarche permettant de répondre aux problèmes des territoires isolés. Accéder à des contenus pédagogiques dématérialisés, depuis n'importe quel endroit du Royaume, constituerait un progrès sans précédent. Il est même question de pédagogie «phygitale», c'est-à-dire alliant travail présentiel et travail digital, pour tirer le meilleur des technologies. Pour cela, il faudra mettre à la disposition des établissements des plateformes interactives bien adaptées au public et aux programmes. Toutefois, les inégalités d'accès aux outils et réseaux numériques ne permettent pas à tous d'accéder à un enseignement de qualité, ce qui amène certains à déclarer que l'enseignement à distance est loin de constituer le remède miracle aux maux de l'école. Pour une démarche plus large Pour les participants à la plateforme, la digitalisation de l'enseignement est indispensable à son évolution, elle ne doit pas constituer la seule piste de progrès. L'accélération de la digitalisation est un levier parmi d'autres et il ne pourra aboutir que s'il s'inscrit dans le cadre d'un ensemble de mesures complémentaires et interdépendantes, mettant en avant de nouveaux paradigmes. Il est en effet indispensable d'intégrer le digital dans une démarche plus large, qui devra notamment revoir les rôles respectifs de l'enseignant et de l'apprenant, dans le sens d'un accompagnement qualitatif, pour faire de la relation enseignant-apprenant une expérience transformatrice, au-delà du contenu académique, désormais accessible en ligne. Par ailleurs, le contenu des enseignements devra également évoluer en intégrant davantage la formation aux «soft skills» et aux «humanities» dans tous les cursus et à tous les niveaux. L'impact de l'intelligence émotionnelle, relationnelle, comportementale est aussi important que les compétences techniques, sinon plus dans certains cas. Les contributeurs citent fréquemment les exemples étrangers qui pourraient être suivis. D'où l'intérêt également de s'ouvrir à l'international, pour échanger et intégrer par exemple le système international des ECTS, qui permettent de capitaliser sur les compétences acquises et non sur le nombre d'années d'études, ainsi que le système d'accréditation internationale axé sur les critères de qualité, de digitalisation et d'impact. Des recommandations variées Les contributeurs ont fait différentes recommandations qu'il convient d'évoquer pour alimenter la réflexion globale imposée dans ce secteur. Il est par exemple question de mettre en œuvre un projet national d'éducation qui a comme objectif l'égalité des chances entre l'école publique et l'école privée, avec pour certains la nécessité d'adopter le port de l'uniforme dans toutes les écoles. De plus, d'après un contributeur, il faut rendre l'école obligatoire dès 3 ans pour assurer l'égalité aussi chez les enfants. Les enseignants sont également concernés par des propositions qui visent à les former plus longtemps et à revaloriser leur salaire. Un participant déclare aussi que tout doit être fait pour redonner à cette fonction le prestige qui était le sien. Pour de nombreux participants, les programmes scolaires sont également ciblés. Dans ce sens, ceux-ci recommandent de revoir la répartition des cours afin de laisser place aux activités parascolaires (sport, théâtre, musique, etc.) qui jouent un rôle très important dans l'évolution des capacités physiques, intellectuelles, comportementales et surtout dans l'autonomie décisionnelle de l'élève.