La génération actuelle a eu la malchance d'arriver aux bancs de l'école publique au moment de son déclin et par la suite, beaucoup se sont retrouvés dépourvus des compétences qui permettent de décrocher un emploi digne. Beaucoup se sentent marginalisés et se tournent vers des comportements à risque. La place de la femme dans la société marocaine est un sujet qui s'impose toujours dans les débats du Rassemblement national des indépendants. La plateforme Maba3d-corona.com, riche de ses 1.400 contributions, a relancé la question des droits de la femme, son avenir et son rôle crucial durant l'épidémie contrastant avec le manque de considération dont elle souffre habituellement. Alors que les jeunes représentent la moitié de la société marocaine et la tranche d'âge la plus dynamique et la plus active et qui ont fortement participé à cette consultation inédite lancée par le RNI. En effet, tout défi, quels que soient son genre et ses aspirations, ne pourra atteindre ses objectifs sans mettre au cœur de ses programmes ces deux tranches de la population. D'où la place de choix qu'elles ont occupée sur cette plateforme qui leur a donné la parole pour proposer, défendre leurs idées, et faire entendre leurs voix. Ces deux thématiques ont ainsi été le cadre de nombreuses contributions appelant à promouvoir le rôle de la femme et des jeunes dans la société marocaine de l'après-Covid-19. Quel avenir pour la jeunesse marocaine ? D'après les contributions reçues, durant cette crise, les jeunes marocains ont été à la fois des victimes de l'épidémie et des acteurs majeurs de la mobilisation collective. Les étudiants ont dû subir une fermeture brutale des universités et se sont retrouvés contraints à s'adapter immédiatement à des tentatives naissantes de cours à distance. Parmi les actifs, certains ont perdu leurs emplois et ceux qui étaient à la recherche d'emploi ont réalisé que cette phase allait certainement durer plus longtemps encore. En parallèle à cette situation, ces mêmes jeunes se sont inscrits spontanément dans l'élan de solidarité nationale et ont joué un rôle important au niveau de la sensibilisation, de l'encadrement et du soutien aux personnes âgées. Une jeunesse qui souffrait déjà avant la crise Les contributeurs rappellent que la crise actuelle accable une jeunesse marocaine dont les rêves et ambitions sont de longue date contrariés. La génération actuelle a eu la malchance d'arriver aux bancs de l'école publique au moment de son déclin et par la suite, beaucoup se sont retrouvés dépourvus des compétences qui permettent de décrocher un emploi digne. Beaucoup se sentent marginalisés et se tournent vers des comportements à risque. Pour eux, il est primordial non seulement de s'inscrire mais d'accompagner le programme intégré d'appui et de financement des entreprises lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette initiative a permis de lancer des actions d'appui et d'accompagnement de l'entrepreneuriat au niveau des régions et de créer un compte d'affectation spéciale «Fonds d'appui au financement de l'entrepreneuriat» destiné principalement aux jeunes porteurs de projets. Selon les participants à la plateforme, l'entrepreneuriat rural doit être accompagné par moins de charges sociales et d'impôt et les coopératives doivent être aidées pour commercialiser et labelliser leurs produits tout en respectant les consignes d'un développement durable. Former, soutenir et responsabiliser Plusieurs voix soulignent que les entreprises et les universités ont un rôle primordial à jouer à travers une meilleure préparation à ce moment charnière où les étudiants s'apprêtent à passer à la vie active. Un jeune qui reste cloisonné dans des amphithéâtres et ne connaît rien au monde de l'entreprise aura du mal à s'adapter aux attentes de ses futurs employeurs. Selon les recommandations émises par les contributeurs, d'autres acteurs doivent soutenir les jeunes, les responsabiliser et en faire des acteurs du développement futur. Pour ce faire, il est nécessaire de les intégrer davantage dans les processus de décision. A eux aussi d'imposer leurs choix dans les différentes occasions qui s'offrent à eux et de participer aux débats et à la vie démocratique du pays. L'ère des voies alternatives Pour l'ensemble des contributeurs, la formation académique classique est insuffisante aujourd'hui et beaucoup de compétences s'acquièrent en dehors des établissements d'enseignement. D'un autre côté, les jeunes ont également besoin de développer leur créativité et stimuler leur sens artistique. Des politiques étatiques et des actions de mécénat doivent être encouragées pour créer des espaces culturels et artistiques en nombre suffisant et dans toutes les régions du Royaume dans un but d'animation mais également d'amélioration de la création artistique actuelle. Pour plusieurs participants, «ces politiques doivent éviter les écueils du passé pour ne pas recréer des établissements culturels sclérosés comme ceux qui agonisent déjà. Le sport est également un levier de développement qui a fait ses preuves dans d'autres pays et qui peut être une voie sérieuse pour notre jeunesse à condition de faire au préalable un effort d'investissement réfléchi dans ce sens». Sur la plateforme, des jeunes ont exprimé clairement leur défiance de la chose politique. Ils ne ressentent pas l'envie de s'engager avec des interlocuteurs qui ne les écoutent pas jusqu'à comprendre leurs besoins. Les jeunes ruraux s'estiment encore plus défavorisés par les inégalités territoriales et sociales. Ils souffrent du manque de structures pour la formation, la culture et l'entrepreneuriat. Les contributions des citoyens évoquent également la nécessité de trouver de nouveaux moyens de motiver les jeunes, en valorisant notamment les talents et en communiquant sur les success stories. Celles-ci ajoutent qu'il est important d'offrir des tribunes aux jeunes pour les jeunes, en mettant à profit tout ce que permet le digital. La femme marocaine, son rôle majeur face au Covid-19 et ses priorités D'après l'une des contributions, au Maroc, les femmes représentent 57% du personnel médical, 66% du personnel paramédical et 64% des fonctionnaires du secteur social. De plus, lorsque les systèmes de santé sont surchargés, le fardeau des soins à domicile incombe en grande partie aux femmes. Cette activité professionnelle s'ajoute bien souvent à des engagements familiaux conséquents qui rendent leur quotidien très éprouvant. La gestion de cette crise, sous sa forme féminine, a démontré la véritable valeur et le statut des femmes en tant que capital humain et intellectuel face à cette épidémie, avec beaucoup de travail, d'intelligence, de sacrifices et d'engagement sérieux. Pour les participants, le constat est amer avant même la crise, la participation des femmes à la vie économique au Maroc est parmi les plus faibles au monde et décline depuis 20 ans. Une précarité, accrue en temps de crise, qu'il convient d'atténuer rapidement Cette inégalité est renforcée par le fait que les femmes travaillent majoritairement (60%) dans l'économie informelle, les privant de toute protection durable. De ce fait, celles-ci ne bénéficient que très rarement des aides étatiques durant la crise. Pour de nombreux contributeurs, il conviendrait de reconnaître le statut de ces femmes pour les considérer à leur juste titre. Tout doit être fait pour leur permettre de vivre dignement, en accédant notamment à un emploi formel. L'épidémie du Covid-19 illustre parfaitement cette précarité et rappelle qu'il est urgent de remédier à une telle situation. Beaucoup de femmes marocaines ont perdu leur source de revenus dans le secteur informel, et bien d'autres trouvent extrêmement difficile l'accès au soutien temporaire, pour de nombreuses raisons. Des violences trop souvent banalisées D'autres contributions révèlent que le confinement a pour conséquence d'augmenter dramatiquement les violences familiales, qui touchent particulièrement les femmes. Là encore, il s'agit d'une problématique trop souvent ignorée et des mesures doivent être prises pour lutter contre ces actes intolérables. De nombreuses recommandations De nombreuses priorités ont été identifiées par les contributeurs afin de permettre aux femmes d'améliorer leur situation. Parmi elles figure la nécessité de poursuivre les réformes législatives, institutionnelles, politiques et sociales entreprises par le Maroc depuis deux décennies afin de promouvoir la place des femmes au sein de la société, réforme de la Moudawana, mise en place de l'instance de parité, refonte de la loi sur la violence faite aux femmes, révision des lois électorales pour plus de représentativité, etc. De même, de nombreux efforts sont attendus au niveau de l'éducation «pour encourager la scolarisation des jeunes filles, à travers notamment la mise en œuvre de la loi sur l'obligation de la scolarisation». Il s'agit également de leur permettre l'accès à toutes les filières, y compris celles, jusque-là, majoritairement composées de garçons. En amont, des participants veulent «intégrer la culture de l'égalité dans les manuels scolaires et l'institutionnaliser dans l'ensemble des disciplines et activités pédagogiques». En ce qui concerne l'économie, plusieurs publications proposent d'encourager l'autonomie des femmes. Pour y parvenir, il est également recommandé de mettre en place des stratégies et programmes favorisant l'intégration des femmes dans l'entrepreneuriat public, privé et dans l'économie sociale et solidaire (formation, financement, accompagnement). Au niveau des médias, il est également suggéré que les lois régissant le domaine de la presse et de l'audiovisuel devraient inscrire l'égalité hommes-femmes parmi leurs principes structurants. Il s'agirait également d'intégrer la lutte contre les stéréotypes sexistes et la promotion de l'égalité des genres dans les obligations des opérateurs. Par ailleurs, l'arsenal juridique contre les violences basées sur le genre devrait être renforcé, tandis que la sensibilisation du grand public gagnerait à être déployée sur de nombreux supports. Par ailleurs, la mise en œuvre du plan gouvernemental ainsi que l'opérationnalisation réelle et coordonnée des stratégies des différents départements ministériels, avec l'implication de l'ensemble des acteurs concernés et ce, à tous les niveaux territoriaux, sont attendues. Enfin, plusieurs contributions insistent sur l'importance de voir plus de femmes s'engager en politique. Pour encourager une telle démarche, et à l'instar de ce qui se fait dans d'autres pays, des contributeurs recommandent d'inscrire cette exigence dans la loi électorale, en visant par exemple un tiers des élus dans les instances de gouvernance locales, provinciales, régionales et nationales.