Malgré la poursuite des raids de l'armée israélienne, le gouvernement de Mahmoud Abbas semblait pouvoir arracher une trêve temporaire aux groupes armés palestiniens. Reste à l'Etat hébreu d'accepter ce premier pas vers la paix. «Les militants palestiniens ont pris l'engagement de cesser les attaques contre les Israéliens pendant trois mois», ont annoncé jeudi les négociateurs palestiniens, à l'issue d'une nouvelle série de rencontres avec le Hamas, le Djihad islamique et le Fatah. Ces trois mouvements armés et le gouvernement de Mahmoud Abbas devaient annoncer une trêve formelle avant ce week-end, toujours selon les mêmes sources. Prudentes, les parties concernées, notamment les responsables du Hamas dans la Bande de Ghaza, précisaient jeudi qu'un tel accord – inespéré en ce climat de tensions accrues – n'était pas encore définitif. Le député palestinien Kadoura Farès, membre du Fatah, a par contre précisé que ce cessez-le-feu serait officiellement annoncé vendredi. «L'Autorité palestinienne pense qu'il est important d'obtenir une trêve le plus vite possible et de ne pas attendre», a ajouté celui qui a servi d'émissaire pour Marwan Barghouti. Depuis sa prison, ce leader du Fatah a largement contribué à la conclusion de cette trêve tout comme le président de l'Autorité palestinienne. Yasser Arafat avait d'ailleurs dès mercredi dit s'attendre à une telle issue, malgré la poursuite des violences perpétrées par l'armée israélienne. Cette trêve, si elle est effective, permettra aux deux camps, qui se sont difficilement engagés dans la voie de la paix, de mettre un terme à 33 mois de violence. Inscrite dans la première phase de la “feuille de route” censée aboutir à la création d'un Etat palestinien viable d'ici 2005, elle coïncide aussi avec des discussions sécuritaires israélo-palestiniennes. Qualifiés de positifs, ces pourparlers portent sur le retrait de l'armée de la bande de Ghaza et de la ville de Beît Lahm en Cisjordanie. En échange, les Palestiniens s'engageraient à y assurer la sécurité et désarmer les groupes radicaux. S'il reste plusieurs détails à régler – notamment la libre circulation des Palestiniens entre le nord et le sud de la bande de Ghaza et la libération de prisonniers -, cet accord est en bonne voie. Reste l'attitude du gouvernement Sharon. Depuis, le lancement officiel de la feuille de route début juin à Aqaba, Israël s'est opposé à toute trêve temporaire qui ne ferait, selon lui, que renforcer les groupes armés en cette période d'accalmie. Malgré les nombreuses critiques, il a aussi poursuivi ses raids ciblés contre les militants palestiniens tout en sachant que ces attaques nuisent au processus de paix. Au plus fort des négociations inter-palestiniennes, l'armée a par exemple visé un nouveau responsable du Hamas mercredi à Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza. Si elle a effectivement touché Mohammad Naïm Siam, cette attaque a surtout coûté la vie à une adolescente et un chauffeur de taxi, et fait une quinzaine de blessés. Ce week-end, après Colin Powell, Condoleezza Rice, la conseillère de la Maison-Blanche pour la Sécurité nationale, aura la lourde tâche de relancer la “feuille de route” dans la région…