L'annonce d'une trêve temporaire par les groupes armés palestiniens a été immédiatement suivie dimanche soir du retrait de l'armée israélienne du nord de la Bande de Ghaza. Le pari de la paix n'est pas pour autant gagné. Lundi, les Palestiniens ont enfin repris le contrôle du principal axe routier qui traverse la Bande de Ghaza même si les soldats de l'Etat hébreu y ont conservé un poste de contrôle à l'entrée d'une colonie juive isolée dans le secteur. Cette mesure essentielle à la libre circulation de la population rentre dans le cadre de l'accord passé vendredi entre les deux parties lors de leurs rencontres sécuritaires. En vertu de ce même plan, l'armée israélienne a entamé son retrait dès dimanche soir du nord de la Bande de Ghaza, avant d'en faire de même pour la ville cisjordanienne de Beit Lahm. Beit Hanoun a été la première localité libérée, soulevant une liesse populaire que les Palestiniens n'avaient pas manifestée depuis longtemps. Les forces de police palestiniennes ont quant à elles progressivement pris place en divers points du secteur afin de remplir la mission sécuritaire dans laquelle elles se sont engagées. Le redéploiement israélien, s'il reste partiel, est venu en réponse à l'annonce officielle de la trêve faite un peu plus tôt par les quatre principaux mouvements armés palestiniens, malgré leurs divergences sur les modalités de ce cessez-le-feu. Le Hamas et Djihad islamique ont été les premiers à annoncer ensemble un arrêt des attaques anti-israéliennes pour une durée de trois mois. Le Fatah a ensuite emboîté le pas en décrétant de son côté une trêve sous conditions de six mois. Quant au Front démocratique de libération de la Palestine, il s'est lui aussi engagé dans le cessez-le-feu sans rallier la déclaration des autres groupes. Dès dimanche soir, le chef du gouvernement palestinien s'est félicité de cette décision tout en soulignant la « nécessité de poursuivre le dialogue pour préserver l'unité des rangs ». Pressés par l'Autorité palestinienne de parvenir à cet accord -dans lequel Yasser Arafat, Mahmoud Abbas et même Marouane Barghouti, depuis sa prison israélienne, ont mis tout leur poids-, les mouvements se sont par contre vus signifier une fin de non-recevoir de la part d'Israël. Opposé à toute trêve temporaire, qui ne ferait que profiter à ces groupes armés selon lui, le gouvernement d'Ariel Sharon a déclaré dimanche qu'il ne faisait «aucun cas» de ce plan et que son «seul interlocuteur pour obtenir le démantèlement des organisations terroristes (était) l'Autorité palestinienne». Reste que ce même cabinet s'est implicitement engagé à ne pas poursuivre ses raids ciblés, contre les militants du Hamas en particulier, afin de préserver cette situation très fragile. Son retrait effectif de la Bande de Ghaza en est la preuve. Washington a de son côté salué ce «pas dans la bonne direction» tout en appelant le gouvernement palestinien à œuvrer pour le démantèlement des groupes armés. Lors de ses entretiens avec le cabinet Sharon, la conseillère du président Bush pour la sécurité, Condoleeza Rice a par contre critiqué dimanche la mise en place de la «clôture de sécurité» entre Israël et la Cisjordanie. Cette pseudo-frontière, qui a tendance à «s'enfoncer» en territoire palestinien, illustre à quel point de nombreux obstacles barrent encore le long chemin de la paix censé aboutir à la création de l'Etat palestinien à côté d'Israël.