La chambre criminelle près la Cour de Fès a condamné 9 «takfiristes» à des peines allant de 15 à 25 ans de prison et a acquitté un dixième. Par ailleurs, 3 théoriciens et prêcheurs de la Salafiya Jihadiya ont été soumis à l'instruction détaillée à Casablanca, alors que l'examen de l'affaire de Youssef Fikri et de ses trente acolytes a été reporté à mercredi prochain. La chambre criminelle près la Cour d'appel de Fès a jugé, mercredi soir, neuf parmi dix «takfiristes» de la Salafiya Jihadia poursuivis pour constitution d'une bande de malfaiteurs, vol qualifié, coups et blessures, kidnapping et séquestration. A ce propos, elle a condamné Abdelwahab Lahmani et Abdeslam El Âzzouzi, à 25 ans de réclusion criminelle. De même qu'elle a condamné Miloudi Bouaycha, Saïd Kafi, Mostafa Bouâmara et Abdellatif Salhi à 20 ans de réclusion, assortis de 30.000 dirhams de dommages et intérêts au profit de la famille de l'une des victimes. Mohamed Mounjim, son fils Khalid et Jawad Fikri, ont été condamnés à 15 ans de réclusion. Un seul prévenu, Jawad Mounjim, a été acquitté. Par ailleurs, l'émir d'Assirate Al Moustakim, Zakaria Miloudi et les deux théoriciens de la Salafiya Jihadia, Mohamed Fizazi et Omar Haddouchi, impliqués dans les attentats du 16 mai, ont été soumis, jeudi matin, à l'instruction détaillée à la Cour d'appel de Casablanca. Devant la chambre correctionnelle, les avocats soutenant leur ex-collègue du barreau de Casablanca, Abdellah Âmmari, ont interjeté appel contre la décision du juge d'instruction de ne pas faire bénéficier Âmmari de la liberté provisoire. Mercredi matin, la chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca avait rendez-vous avec la première audience de l'affaire de l'«émir de sang», Youssef Fikri et ses 30 complices de la Salafiya Jihadia. Vers 8h00, les deux grandes clôtures en treillis métalliques qui donnent sur le grand parking de la cour d'appel venaient d'être ouvertes. Un dispositif de sécurité était déjà en place. Les policiers ne laissent accéder à ce parking que les justiciables, les avocats, les fonctionnaires et les représentants des médias. Un détecteur de métaux a même été installé à l'entrée de l'édifice de la Cour d'appel. La salle d'audience n°7, la plus spacieuse, est aménagée pour l'examen de ce dossier. Sur les bancs, une dizaine d'avocats, des policiers et des représentants des médias, qui avaient toutefois l'interdiction de prendre des photos. Vers 9h00, deux fourgons de la Sûreté nationale escortés par des motards et des fourgonnettes de la CMI pénètrent dans le sous-sol de l'édifice. Ils transportent les trente membres de la Salafiya Jihadiya, impliqués dans ce dossier de l'«émir de sang» Fikri. Le trente et unième est poursuivi en état de liberté provisoire. Dix minutes plus tard, une porte donnant à la salle d'audience n°7 s'ouvre. Les «takfiristes» y accèdent un par un. Mohamed Damir, alias «Abou Harit», qui boite depuis qu'il a été blessé par balles, entre dans la salle en lançant un «Assalou Aâlaykoum!» à la cantonade. Il bavarde et plaisante avec ses amis. Ces derniers portent presque tous la barbe, sont vêtus de djellabas ou de gandouras blanches, des calottes sur la tête. Seules neuf personnes, dont trois non-barbues, portent des chemises et des pantalons. Quand le président de la Cour prononce le premier nom de la liste, à savoir celui de Youssef Fikri, tout le monde tourne la tête pour essayer de voir cette personne qui a égorgé «au nom d'Allah» le notaire stagiaire, Abdelaziz Assadi, qui a poignardé mortellement son oncle, Abdelaziz Fikri, sur le lit de sa maîtresse, qui a tué Omar Farrak et un certain Mohamed, parce qu'il a accusé le premier d'homosexualité et le second de blasphème. Chacun était également curieux de voir celui qui a édicté des Fatwas légalisant des agressions et des attaques à mains armées. Tout le monde est resté bouche bée devant ce corps frêle, de petite taille, barbu, portant lunettes. Et qui est capable de tuer sans pitié, au nom du Jihad. Le président a appelé également à la barre Abderrahman El Majdoubi, Rachid Amrine, Nouredine Gharbaoui, Mohamed Chadli, Ahmed Akhref, Saïd Boulifa, Abdelaziz Haddadi, Mohamed Badaoui et Miloud Mandour. Il a appelé par ailleurs, Mourad Sarrouf, Khalid Semmak, Mohamed Jock, Omar Nadef, L'Husseïne Moulay, Saleh Zarli, Abderrazak Faouzi, Kamal Hanouichi, Mohamed Chatbi, Kamal Chatbi, Mustapha Lakrimi, Bouchaïb Guermaj, Lakbir El Katoubi, Bouchaïb Moughdir, L'Husseïne Berghachi, L'Yazide Ajrafe, Rachid saâdouni, Omar Maârouf, Larbi Dakik et Smaïl Anouar. Seul ce dernier est en état de liberté provisoire. Une dizaine d'avocats se sont présentés devant la cour, confirmant leur constitution pour la défense de quelques mis en cause. Six ont été constitués, dans le cadre de l'assistance judiciaire par le barreau de Casablanca. La cour leur a accordé un délai d'une semaine pour préparer leur défense et a reporté le procès au mercredi 2 juillet prochain. Mardi soir, neuf individus impliqués dans les actes terroristes en rapport avec les attentats du 16 mai à Casablanca ont été présentés devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Rabat. Leurs âges varient entre 23 et 52 ans. Il s'agit de Mohamed Ennakkaoui, alias «Al Harrach», dit «Abdellah Errifi» et « Abdellah Al Ouajdi, 44 ans, Khalid Al Haddad alias «Abou Al Walid», dit «Azeddine», 27ans, Abdelaziz Hichou, marocain, titulaire de la nationalité espagnole, 37 ans, Adil Alghiach alias «Abdelali», 23 ans Abdelfettah Jada et Mohamed Jada, deux frères âgés respectivement de 25 et 30 ans, El Hossein Zaouia 44 ans, Ahmed Azouan, alias «Abou Al Moundhir» 52 ans et Abdelaziz Berraq, alias «Abou Oussama» ancien prédicateur à la mosquée Ryad de Tanger. Le premier, à savoir, Mohamed Ennakkaoui a été condamné par contumace par la Cour d'appel de Marrakech à la prison à perpétuité. Il entretenait une relation avec Abdelaziz Nouâmani, l'un des barons du «Mouvement des Moujahidine Al Maghariba». Une relation qui avait pour but d'enrôler de nouvelles recrues dans cette organisation et ce, jusqu'au moment où il a appris le décès de ce dernier en France. Suite à quoi, Ali Al Bousghiri a pris en charge la présidence de l'organisation. Ennakkaoui avait suivi des entraînements militaires au Liban. Poursuivi en France, il avait regagné le Maroc et essayé de relancer le mouvement des Moujahidine. Ensuite, il avait rallié la Salafia Jihadia et fait connaissance du Français Pierre Robert. Quand ce dernier l'a mis au courant de ses objectifs terroristes, Ennakkaoui, s'est procuré des produits pouvant servir à la fabrication d'explosifs en vue de les utiliser contre des intérêts étrangers au Maroc. Les huit autres prévenus de ce groupe étaient également membres de la cellule du Français et imprégnés des idées de la Salafiya Jihadia. Quelques-uns d'entre eux avaient été entraînés à la fabrication et à l'usage d'explosifs, ainsi qu'aux techniques de la guérilla urbaine et au maniement des armes. Des cassettes audio et vidéo, des CD, des livres et un ordinateur contenant des cours sur les principes de «Ahl Sounna Oual Jamaâ» , ainsi que des informations sur la fabrication d'explosifs ont été saisies chez quelques-uns d'entre eux. Concernant le prédicateur Abdelaziz El Berraq, ce dernier avait effectué des voyages en Arabie saoudite, en Allemagne et à Peshawar au Pakistan. Après avoir rencontré Ahmed Rafiki, alias «Abou Houdeifa», père d'Abou Hafs, tous deux en détention, il avait envisagé la création de cellules de «Jihad» sur la base de son expérience militaire en Afghanistan. De retour au Maroc, il a procédé à la création d'une cellule, dont il est devenu «l'émir» et qui appelle au Jihad.