Le trésorier du PJD à Kénitra a été interpellé vendredi dernier pour son implication dans les attentats de Casablanca. Une affaire qui noircit le parti. Le PJD ne sait plus où donner de la tête. Alors qu'il s'évertue dans une entreprise visiblement laborieuse à se démarquer des attentats-kamikazes du 16 mai, voilà qu'une affaire éclate qui propulse cette fois-ci le parti au centre de l'enquête en cours sur les attaques-suicide de Casablanca. Il s'agit de l'interpellation, vendredi 30 mai, du trésorier du PJD de Kénitra. Younès Oussalah est fortement soupçonné d'être au courant de la préparation des actions terroristes. Le nom de ce militant a été cité par certains suspects arrêtés à l'occasion de la chasse aux membres de la Salafia Jihadia dans la province de Kénitra. Sans profession, l'intéressé habitait dans les bidonvilles de la commune rurale de Sidi Taïebi (province de Kénitra) avant d'être recruté par le PJD pour encadrer les troupes à l'échelon local. Les dirigeants du PJD n'avaient pas besoin de cette affaire très embarrassante. Celle-ci n'éclabousse pas seulement le parti. Elle le touche au cœur. Pis, l'implication d'un des siens dans les événements meurtriers de Casablanca porte un coup sérieux à l image de formation islamiste modérée qu'il s'employait à cultiver dans les discours. Le PJD hébergerait-il en son sein des éléments radicaux proches de la Salfia Jihadia ? La situation y était-elle suffisamment maîtrisée par les chefs ? Pour les observateurs avertis, le PJD a nourri un double langage en entretenant la confusion sur ses véritables intentions. Une confusion qui provenait en grande partie de l'influence grandissante du MUR de Ahmed Raïssouni (Mouvement unicité et Réforme) sur les instances du parti. Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) traverse sa plus mauvaise passe depuis son intégration dans le jeu politique en 1997. Les attentats-suicide de Casablanca ont mis du coup les dirigeants de ce parti sur la défensive alors qu'il mena jusque-là une stratégie plutôt offensive notamment depuis les élections législatives du 27 septembre dernier. Des échéances qui ont permis à cette formation de se hisser au rang de force politique avec une quarantaine de parlementaires. Les circonscriptions enlevées par les candidats islamistes dans les grandes villes se recoupent dans de nombreux cas avec le Maroc des périphéries poussiéreuses et de l'habitant insalubre. D'ailleurs, la circonscription de Hay-Mohammedi Aïn-Sebaâ- où est situé le quartier de Sidi Moumen dont sont issus la majorité des kamikazes- est représentée au Parlement par deux députés PJD sur cinq : Aziza Bekkali et Mohamed Omari. Devenu ainsi le premier parti de l'opposition, il réussit par les prises de positions virulentes de certains de ses membres sur des sujets sensibles et complexes à affirmer rapidement sa présence sous la coupole et par là même à éclipser les autres groupes de l'opposition, voire de la majorité. Les observateurs décelaient dans les sorties enflammées au nom de la religion de quelques députés PJD tels que son chef de groupe Mustapha Ramid et de son collègue Abdelilah Benkirane l'arrogance de ceux qui se prennent pour la conscience de la société. Que va faire désormais le secrétaire général Abdelkrim El Khatib pour sauver le PJD d'une éventuelle dissolution que certains appellent de leurs vœux ? Une chose est sûre : Il est appelé plus que jamais à réagir vigoureusement en opérant une action assainissante dans les rangs d'un parti dont le contrôle lui a visiblement échappé et à revoir sérieusement la relation du parti avec le MUR.