Les attentats de Casablanca et la mobilisation contre le terrorisme qui s'en est suivie ont visiblement eu un effet radical sur le PJD. Au-delà de son idéologie et de ses prises de position qui sont très discutables, il faut reconnaître que le PJD sait faire de la politique. Ce serait faire preuve de mauvaise grâce que de ne pas l'admettre. Voilà un parti qui bouge, en campagne permanente au Maroc et qui noue des contacts avec l'extérieur. La démarche d'une vraie formation politique qui prépare bien l'avenir. La visite de travail du secrétaire général du PJD en Espagne à la tête d'une délégation importante s'inscrit dans cette perspective. Ainsi, on a vu Saâd Eddine El Othmani et ses collaborateurs faire du terrain en allant à la rencontre des dirigeants des partis espagnols et du patronat. Mieux, ils ont même organisé une séance de travail avec l'Association des victimes du 11 mars. Une initiative visant à promouvoir une image de formation tolérante et civilisée qui n'est pas recroquevillée sur des valeurs négatives auprès de ceux qui voient dans les Pjdistes un ramassis d'individus prônant le rigorisme religieux et la violence. En fait, le déplacement du PJD à Madrid a servi à passer plusieurs messages auprès des acteurs de la vie espagnole. Les islamistes marocains légalisés, à travers leur opération de charme à l'extérieur, sont en train d'amorcer une évolution à la turque qu'ils considèrent comme un modèle transposable au Maroc. Dans cette optique, ils se présentent d'ores et déjà en parti de gouvernement capable de gérer les affaires du pays. Et c'est en tant que tel qu'il est d'ailleurs perçu par ses interlocuteurs étrangers, espagnols, français ou américains . Un parti sur lequel il faut miser car ayant sa place dans le Maroc nouveau qui s'ouvre et se démocratise et où les élections sont désormais transparentes. Si demain le PJD obtient la majorité, il est difficile de l'ignorer. Contrairement aux illuminés d'Adl Wal Ihssane qui se sont cadenassés dans une autre logique, les islamistes du PJD militent, eux, pour accéder au pouvoir. Tout porte à croire qu'ils estiment aujourd'hui inspirer suffisamment confiance pour abandonner en 2007 leur stratégie des “petits pas“ pour passer à la vitesse supérieure et couvrir l'ensemble des circonscriptions électorales. Reste à savoir si les candidats de la lampe réaliseront une performance qui leur permettrait de jouer les premiers rôles. Car il convient de signaler un fait essentiel qui est passé inaperçu : le PJD n'a récolté aucun siège parlementaire à l'occasion des élections partielles qui ont eu lieu un peu partout au Maroc après le 16 mai 2003. Les attentats de Casablanca et la mobilisation contre le terrorisme qui s'en est suivie ont visiblement eu un effet radical sur le PJD. Ce drame a dû certainement pousser les citoyens à changer la perception qu'ils avaient de ce parti qui lors des législatives de 2002 a bénéficié d'un soutien franc et massif. La dernière caravane du parti, qui a traversé nombre de régions du Royaume n'est pas fortuite. Elle s'inscrit justement dans cette stratégie de reconquête d'un électorat qui commence à douter…