Prévue initialement à partir du 16 avril, la première grande manifestation d'art contemporain marocain, programmée à Londres, a été reportée en raison de la guerre en Irak. Elle aura finalement lieu du 27 mai au 27 juin pour une durée ne dépassant guère un mois. L'histoire de cette exposition se confond avec une saga. Onze artistes se sont réunis, au mois de mars, pour prendre une décision unanime. Après un moment d'hésitation, ils s'étaient accordés sur la nécessité d'exposer à Londres pour exprimer leur désaccord avec la guerre. Qui se soucierait de l'annulation de cette expo? Qui l'attend pour la regretter ? Que vaut la peinture marocaine en Grande-Bretagne pour que les médias de ce pays s'émeuvent d'une telle annulation ? Onze des douze peintres participant à cette manifestation avaient alors décidé de s'exprimer au lieu de se taire. Seule l'artiste Ikram Kabbaj a refusé d'y participer. Et puis, l'odeur de la guerre étant devenue trop insistante, les artistes ont changé d'avis. Ils n'ont pas parlé d'annulation, mais de report. Aujourd'hui que la guerre est terminée, ils vont naturellement reprendre le chemin de Londres. Seulement, beaucoup de temps s'est écoulé depuis. La durée de leur exposition a rapetissé de près de deux mois. Les artistes marocains n'ont guère qu'un petit mois pour faire connaître leur art en Angleterre. Hassan Slaoui, à la fois exposant et commissaire de la manifestation, précise à «ALM» que «le programme de la galerie est établi depuis très longtemps. Avec le report de la manifestation, l'espace de la galerie est resté vacant. On va bénéficier seulement du temps qui nous reste ». Une durée très peu suffisante pour une manifestation dont on attend qu'elle transforme le regard des Anglais sur les arts plastiques au Maroc. « Pour une métropole comme Londres, il faut compter au moins deux mois pour se faire connaître », déclare de son côté le peintre Mohamed Kacimi à «ALM». Il concède néanmoins que si une stratégie professionnelle et des actions de sensibilisation sont initiées avant le démarrage de l'expo, des amateurs d'art peuvent venir. Hassan Slaoui assure, à cet égard, que tout le travail préalable de médiatisation a été effectué. Il est sûr que la manifestation constituera «un miroir de la peinture marocaine» en Angleterre. Les peintres qui participent à cette exposition sont Mohamed Aboulouaker, Fouad Bellamine, Mohamed Kacimi, Farid Belkahia, Abdelkrim Ouazzani, Khalil El Ghrib, Miloud Labied, Hassan Saloui, Mostapha Boujemaoui, Mounir Fatmi, Safaa Erruas et Hicham Benohoud. Nombre d'entre eux assurent une bonne représentativité de la réalité des arts plastiques au Maroc. Il faut en revanche chercher à convaincre les amateurs d'art anglais à se déplacer pour la Brunei Galery qui abrite l'exposition. Et pour cela, il y a fort à faire. Cet espace a la réputation d'être “trop bien comme il faut” pour constituer un lieu vivant des expositions d'œuvres plastiques.