La deuxième édition du festival Mawazine, Rythmes du monde aura lieu du 16 au 24 mai 2003 à Rabat. Forte de la réussite de l'année dernière, cette manifestation promet un plateau de rêves et des rythmes endiablés à une capitale tranquille. Rabat est une ville tranquille. Tout y dénote une certaine douceur de vivre. Elle s'oppose aux bruits de Casablanca et à son train de vie speedy une lenteur très étudiée. Les manifestations culturelles à Rabat affectionnent les concerts à huis clos, de préférence organisés par les ambassades et auxquels assiste un large public de diplomates. Il manquait à cette ville le sens du rythme. Le festival Mawazine y a remédié l'année dernière. Il a donné à la capitale son vrai festival. Une manifestation qui avait agréablement surpris par sa cohérence et la qualité des programmes. Une édition tellement réussie que de nombreuses personnes se demandaient comment est-ce qu'il sera possible de rééditer l'exploit. Un coup d'œil sur le programme de la deuxième édition dissipe vite toutes les appréhensions. Ce programme respecte parfaitement le concept fondateur qui a contribué à la réussite de la première édition. «Cette deuxième édition continue le concept de l'édition précédente. Elle a pour fin de consolider l'identité à la manifestation. Nous nous inspirons pour cela de l'expérience de festivals marocains tels que celui des Musiques sacrées de Fès et des gnaouas d'Essaouira», dit à ALM Abdeljlil Lahjomri, président de l'association «Maroc-Cultures» qui organise la manifestation. Le concept fondateur en question est très ficelé. Il s'agit de musique et de chant en provenance d'Amérique Latine et d'Afrique subsaharienne. La qualité artistique des intervenants est assurée par un grand professionnel des spectacles. La direction artistique du festival Mawazine a été en effet confiée à Chérif Khaznadar qui a fondé, il y a 20 ans, la Maison des Cultures du Monde à Paris. Il en assure toujours la direction. Il possède une base de données impressionnante sur les artistes du monde entier. Et sa présence garantit une programmation de rêve aux habitants de la capitale. aPour s'en convaincre, il suffit de dire que les plus grandes voix féminines d'Amérique latine sont invitées cette année. Il s'agit de la Vénézuélienne Soledad Bravo, la Péruvienne Tania Libertad et l'Argentine Paula Estrella. Ces trois chanteuses, quasi-mythiques en Amérique du Sud, ont rarement été rassemblées lors d'une seule manifestation. Et elles ne sont pas les seules à promettre un air de fête mémorable aux habitants de Rabat. D'Amérique Latine, viendra le prince du boléro : le Cubain septuagénaire Ibrahim Ferrer. Son immense talent, servi par une voix chaleureuse, constituera assurément l'un des moments forts de la manifestation. Yuri Buenaventura, «le petit prince de la salsa», est également très attendu à Rabat. Ce Colombien est l'auteur d'une version endiablée de «Ne me quitte pas» de Jacques Brel. Cette version a fait le tour du monde. Les rythmes d'Amérique Latine seront confrontés à ceux de l'Afrique. Salif Keïta, l'albinos surnommé «la voix d'or», sera de la fête. Sa carrière internationale en fait une tête d'affiche. L'autre célébrité, dont les sons s'inscriront dans l'atmosphère de la capitale, est Boubacar Traoré, surnommé Kar Kar. Son parcours atypique, sa vie mouvementée lui ont valu les honneurs de plusieurs publications prestigieuses dans le monde. Kar Kar est comparé à Elvis Presley, Chuck Berry ou James Brown. C'est dire le crédit dont il bénéficie auprès de ses fans. La présence d'une autre Africaine aura des allures de soufre. Sarah Carrère, la fille du poète sénégalais Charles Carrère, est en effet la seule femme à jouer de la kora. Cette harpe africaine à vingt et une cordes est traditionnellement réservée aux hommes. La fille d'un poète a eu l'audace de s'en servir, et ne serait-ce que pour cela, elle mérite que l'on soit présent à son concert. Côté marocain, les artistes Haj Younès et Saïd Chraïbi sauront ravir le public. On ne peut pas parler du festival Mawazine et passer sous silence la qualité des expositions d'œuvres plastiques qui font aussi le mérite de la manifestation. L'année dernière, le public a pu regarder les œuvres du photographe marocain Touhami Ennadre et du sculpteur sénégalais Ousmane Sow. Cette année, il pourra apprécier les œuvres du Martiniquais Serge Hélénon et du Sénégalais Ndary Lo. De quoi accroître la fête de la musique et du chant par celle des yeux! Une fête qui va suivre de peu la célébration du baptême de SAR le Prince héritier Moulay Al Hassan. Pour Abdeljlil Lahjomri, il s'agit d'une «bénédiction». Il ajoute que les troupes et chanteurs invités à Rabat vont fêter cet événement comme il se doit.