Entretien avec le président de l'institut Amadeus Brahim Fassi Fihri ALM : MEDays vient de prendre fin. Qu'est-ce qui a caractérisé ce douzième forum ? Brahim Fassi Fihri : C'est une grande satisfaction pour moi de voir que le forum MEDays est devenu un rendez-vous incontournable de l'agenda international. Nous avons la chance d'avoir au Maroc, mais aussi en Afrique, un tel événement porté par une institution marocaine et africaine. Nous retenons cette même satisfaction pour cette douzième édition qui poursuit le même sillon d'après les participants. Je crois qu'il est utile de réunir des acteurs politiques et économiques, des membres de la société civile et des experts pour discuter de la crise globale de confiance. Il s'agit également d'autres thèmes et sujets extrêmement importants abordés lors des 35 tables rondes et panels programmés à cette douzième édition. C'est l'occasion de montrer qu'il y a une crise de confiance institutionnelle et politique, qui émerge ici et là à travers le monde, et de crises sociales fortes, que ce soit en Europe avec à titre d'exemple les gilets jaunes en France, l'Amérique latine avec le Chili et le Moyen-Orient avec le Liban et l'Irak. Malgré les spécificités de chacun des régimes politiques, cette crise est globale. L'objectif de ce forum est de montrer comment les pays du Sud peuvent éviter la propagation de cette crise de confiance. Comment peut-on, à votre avis, aider à redonner confiance aux populations particulièrement celles des pays du Sud ? Nous faisons savoir que certains systèmes, notamment en Europe, vivent une crise de démocratie représentative. Les partis politiques ne sont plus aujourd'hui ce qu'ils étaient et ne représentent plus la volonté populaire. Nous assistons ainsi à l'accession au pouvoir des candidats hors système tels que Donald Trump aux Etats-Unis, Emmanuel Macron en France, Jair Bolsonaro au Brésil et Kaïs Saïed en Tunisie. Les peuples ne se reconnaissent plus dans certains partis politiques, notamment dans les démocraties occidentales, voire en Amérique latine. Quelle est votre évaluation de la situation politique au Maroc ? Au Maroc, le champ politique est fragilisé, mais nous avons besoin des partis politiques pour prendre en charge la remise à jour d'un certain nombre de stratégies de développement. C'est grâce à eux que des réformes proposées sont mises en œuvre. Il faut donc plus que jamais continuer de soutenir les partis politiques. Même si dans certains pays et ici au Maroc ils sont décriés: c'est une forme de populisme. Certains partis politiques se retrouvent eux-mêmes piégés par leurs discours populistes. Alors que d'autres, qui travaillent avec sérieux et font des propositions de réformes, devront être encouragés et soutenus. Le forum MEDays plaide, depuis sa création en 2008, en faveur de la cause palestinienne, comment expliquez-vous cette nouvelle escalade d'Israël à Gaza ? Nous condamnons avec force la politique de colonisation et d'agression unilatérale menée par Israël et qui est totalement en contradiction avec le droit international. Je crois que le forum MEDays constitue un lieu d'expression pour nos frères palestiniens, qui sont encore cette année présents en force à travers le ministre palestinien des affaires étrangères, Riyad Al Malki, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saeb Erekat, et de plusieurs ambassadeurs palestiniens. C'est à travers les MEDays que l'on ressent le soutien à la fois du Maroc mais également du continent africain à la cause palestinienne. Nous nous réjouissons d'être donc une plate-forme de promotion et de défense de cette cause. Comment expliquez-vous l'intérêt accordé par le forum à la cause féminine en Afrique ? Je pense que le fait d'avoir programmé encore une fois une table ronde lors du forum MEDays 2019 et en présence de la première dame de Sierra Leone démontre notre engagement en faveur de l'émancipation des femmes africaines. Notre position est très claire : sans parité il n'y a pas de développement. D'ailleurs, les femmes représentent la moitié de la population sur le continent africain et sans une émancipation réelle et multidimensionnelle des femmes africaines, il n'y aura pas d'essor. Cette émancipation est favorisée par l'accès à l'éducation. Il s'agit également de leur accorder des moyens pour jouir de leurs propres capacités, notamment sur le plan économique afin de devenir des actrices économiques du développement du continent. Avez-vous une idée du thème de MEDays 2020 ? Comme vous le savez, le forum MEDays est toujours calqué sur l'actualité. C'est donc très difficile pour nous de projeter sur le mois de novembre 2020. Car le monde bouge à une vitesse impressionnante et les réalités d'aujourd'hui ne sont pas forcément celles du lendemain. Nous nous réjouissions de ce qu'est devenu MEDays. Et cette stabilité et cette crédibilité dont bénéficie le Maroc, ainsi que les grands chantiers et réformes engagés sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI, permettent au forum de réunir facilement autant de leaders et de décideurs politiques.