Tanger abrite depuis mercredi les MEDays 2011. L'accent est mis cette année sur le nouvel ordre qui se dessine dans le Monde arabe suite aux révolutions. La 4e édition consécutive du forum du Sud, MEDays, a commencé ses travaux mercredi à Tanger. Plus de 130 personnalités, politiques, hommes d'affaire et experts du monde entier sont réunis pour l'occasion, dans la ville du Détroit, pour partager leurs points de vue sur les différents problèmes qui freinent l'émergence des pays du Sud. Mais c'est surtout le nouvel ordre qui se dessine actuellement dans le monde arabe qui occupe les débats de MEDays 2011. «Le Sud est création», a, d'ailleurs, déclaré Taïeb Fassi Fihri, le chef de la diplomatie marocaine, lors de la cérémonie d'ouverture, mercredi, à l'hôtel Movenpick de Tanger. Il a notamment plaidé pour une aide des pays du Nord aux peuples «libérés » avant d'appeler à plus de fermeté face au régime syrien qui ne cesse de massacrer son propre peuple depuis le début du soulèvement populaire. Le succédant à la tribune, Ahmet Davutoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, a, lui aussi, appelé à une « nouvelle synergie entre l'Etat et le peuple ». Après avoir exposé les facteurs qui ont permis à la Turquie d'émerger sur le plan démocratique, Ahmet Davutoglu a émis le souhait de voir dans un avenir proche, une vraie démocratie émergée des révolutions qui ont secoué le Monde arabe. «Il faut un respect mutuel entre le Sud et le Nord pour un avenir meilleur », a-t-il estimé. Honneur à la nouvelle Libye Comme à l'accoutumée, l'Institut Amadeus a remis les différents prix MEDays 2011à ses lauréats. Le Grand Prix MEDays 2011 a donc été décerné au peuple libyen pour son courage et sa détermination dans sa quête de liberté sous l'ancien régime de Mouammar Kadhafi. Cette année, le Prix MEDays pour l'Education, la Culture et la Recherche est revenu à Cheik Modibo Diarra, le président de Microsoft Afrique. Ce prix lui a été attribué pour ses actions et son rôle déterminant en matière de développement de l'éducation et de la culture sur le continent africain. C'est la Corée qui a remporté le Prix MEDays 2011 du Développement Durable pour l'émergence et la croissance de son industrie verte. Enfin, la banque marocaine Attijariwafa Bank ferme le tableau avec le Prix Business MEDays 2011 pour son rôle dans le développement des liens économiques avec le Sud. Les travaux de ce 4ème forum du Sud vont se poursuivre jusqu'au samedi 19 novembre 2011. «MEDays doit servir de porte-voix pour le Sud», a conclu Brahim Fassi Fihri, président de l'Institut Amadeus qui organise les MEdays chaque année. « La Chine est prête à soutenir le monde arabe» Depuis le début des révolutions dans le Monde arabe, la Chine ne s'est pas clairement prononcé sur le sujet semant ainsi le doute sur sa position. Dans le cadre des MEDays 2011, Le Soir échos a rencontré pour vous, Li Ruo Hong, consultant aux Nations-Unies et président de la Fondation Chinoise pour la Paix dans le monde. Il nous éclaircit la position de son pays. Quelle est la position de la Chine par rapport aux révolutions dans le Monde arabe ? La Chine, comme tous les autres pays, soutient la volonté des peuples à revendiquer leur droit à la liberté. Depuis le début de ces mouvements, les autorités chinoises sont toujours en contact avec les instances comme la Ligue arabe et aussi avec les représentations diplomatiques de pays arabes à Pékin pour voir, au mieux, comment répondre et accompagner cette volonté des peuples. Pendant longtemps, les chefs d'Etat de ces pays ont décidé à la place de leurs peuples, c'est le moment pour ces derniers de décider de leur propre avenir. Comment la Chine peut-elle contribuer à l'émergence de la démocratie dans ces pays ? Je crois que la Chine est prête à soutenir les réformes qui seront engagées dans ses pays. Nous avons, nous-mêmes, connu la révolution rouge dans le passé et c'est avec des réformes que nous sommes, aujourd'hui, la Chine que tout le monde connait. Il faut surtout mettre l'accent sur les droits de l'Homme pour créer une base à la nouvelle démocratie dans ces pays. L'éducation, la santé, la culture viendront ensuite. La Chine est également prête à établir des partenariats avec ces pays dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Mais pour ce faire, il faut d'abord établir des liens solides en vue de partager nos expériences car la communication simple ne suffit plus. Il faudra désormais aller au-delà pour faire émerger quelque chose de plus profond entre le peuple chinois et le Monde arabe. Les Nations-Unies doivent également accompagner ce nouvel élan à travers des programmes culturels et même sportifs pour créer une synergie. Votre fondation a-t-elle un programme spécifique concernant les pays de l'Afrique du Nord comme la Tunisie, l'Egypte et la Libye ? La Fondation Chinoise pour la Paix mondiale a déjà créé une association d'amitié avec la Tunisie. En Chine, c'est l'ambassadeur tunisien à Pékin qui la préside. Nous avons également mis en place une association similaire avec le Maroc et dans d'autres parties du continent comme au Zimbabwe et en Guinée. Nous intervenons notamment dans le domaine de la santé en envoyant par exemple des médecins dans des hôpitaux des pays qui en ont besoin. La fondation construit également des hôpitaux et envoie des médicaments aux pays. Nous avons, de même, l'intention d'implanter sur le continent un institut Confucius pour établir une plateforme de communication entre l'Afrique et la Chine. Et la Syrie ? Pourquoi votre pays empêche-t-il toute action du Conseil de sécurité à l'ONU ? En Syrie je pense qu'on doit vraiment connaitre les besoins du peuple avant d'agir. Il faut bien déterminer cela avant de prendre toute décision. Quelle est la position de votre pays par rapport au conflit israélo-palestinien ? Le conflit israélo-palestinien doit se régler sans l'influence des grandes puissances. On se rend compte que Israël bénéficie du soutien de certains pays occidentaux, cela déséquilibre la balance dans les négociations avec les Palestiniens. Il faut donc créer un environnement de dialogue direct entre les deux parties. Si on arrive à faire cela, ce serait magnifique. Les Américains doivent arrêter de soutenir Israël si l'on veut vraiment trouver une solution.